C’est le film de son combat. Greta Thunberg, droite dans ses nattes se bat pour que les grands de ce monde prennent en compte le changement climatique. Le réalisateur Nathan Grossman l’a suivie entre 2018 et 2019 et revient sur son parcours militant.
I’m Greta, documentaire de Nathan Grossman, 1h42, sortie le 29 septembre.
On connaît la première et la dernière image du film. Le documentaire s’ouvre sur une lycéenne de 15 ans assise devant le Parlement suédois brandissant sa pancarte « grève de l'école pour le climat » écrit en suédois. Il se termine par son discours « How dare you » devant une soixantaine de dirigeants du monde entier réunis au sommet sur l'urgence climatique organisé par l’ONU à New York. Entre les deux, le documentaire suit la jeune militante aussi bien dans la sphère publique que privée, révélant sa force et sa détermination mais aussi sa fragilité et ses failles.
Once upon a time...
L’histoire publique de Greta commence le 20 août 2018 devant le Riksdag. L'adolescente suédoise explique aux journalistes qu’elle a invités qu'elle n'ira pas à l'école jusqu'aux élections générales du 9 septembre 2018, exigeant que le gouvernement respecte les engagements qu’il a pris en 2015 lors des Accords de Paris. Elle a préparé des petites fiches qu’elle distribue aux passants pour présenter les enjeux climatiques. Nathan Grossman, prévenu par un de ses amis réalisateurs, est là avec sa caméra pour un jour, peut-être deux. Il l’accompagnera pendant deux ans ! Dans son objectif, il saisit une jeune militante aussi calme que sérieuse, des passants qui s’arrêtent pour prendre un prospectus, un père attentif au mal-être de sa fille qui, à tous moments, peut se figer pour s’extraire du monde. De retour chez elle, Greta confie en caressant son chien : « Je n’aime pas bavarder avec les gens, je ne suis pas sociable. Il m’arrive de ne rien dire pendant des heures juste parce que je n’arrive pas à parler. »
La jeune militante est atteinte du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme qui lui permet notamment de lire et comprendre tous les rapports des climatologues mais la plonge également dans des épisodes dépressifs depuis ses 11 ans. Quand les jeunes filles de son âge partagent leurs émois sur instagram, elle, se nourrit d’albédo et de courbe de Keeling. « En fait pour prendre en compte le climat tout le monde devrait être Asperger, » s’amuse Greta vers la fin du film. Puisque tout le monde ne l’est pas, la Suédoise prend son bâton de pèlerin et va taper sur les doigts des dirigeants de la planète. Grâce aux réseaux sociaux et aux médias, tout va très vite. À mesure que les rangs du mouvement de grève scolaire qu’elle a initiés grossissent et se propagent dans le monde entier, elle est de plus souvent invitée par les plus grandes sommités pour prendre la parole et représenter la jeunesse. On la voit à la COP 24, à l’assemblée nationale, avec Macron, préparant ses discours à la virgule jusqu’à la dernière minute. Notre gorge se noue quand quelques larmes lui échappent au Parlement de Strasbourg. On est avec elle en voiture, en train, pour finir en voilier pour traverser l’Atlantique dans un périple éprouvant.
I’m Greta, documentaire de Nathan Grossman, 1h42, sortie le 29 septembre.
Se battre pour la vie
Le voyage est aussi intérieur. Ce combat pour le climat est aussi celui pour sa vie. Longtemps isolée, Greta retrouve une certaine joie de vivre grâce à son activisme. On la voit danser, rire à gorge déployée devant des commentaires outranciers sur son compte Instagram, partager des moments d’amitié avec Anuna de Wever, militante flamande pour le climat. « Rien que manger avec d’autres c’est fantastique que tu y arrives, lâche sa mère pendant une session cuisine mère-fille. Il y a quelques années c’était inimaginable. C’est comme un rêve, c’est incroyable que les choses se soient arrangées. »
Le film s’achève en 2019 à New York alors que l’histoire de Greta et du climat est loin d’être terminée. Depuis, il y a eu des incendies partout dans le monde, des températures record, une pandémie mondiale, le nouveau rapport du GIEC… “Vous nous laissez tomber, disait Greta devant les membres de l’ONU il y a deux. Les yeux de toutes les générations futures sont tournés vers vous. Et si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis : nous ne vous pardonnerons jamais !” Verdict en novembre prochain lors de la COP 27 à Glasgow ?