Cœur de Forêt avec les doigts

Cœur de Forêt avec les doigts

Derrière les slogans, il y a des actes. Et derrière les actes, des histoires. Avec Cœur de Forêt, on découvre comment planter un arbre peut redonner une source d’eau potable en Indonésie, un emploi en Bolivie ou un avenir à nos forêts.
30 September 2025
par Vianney Louvet
6 minutes de lecture

Un million d’arbres, ça impressionne. Quatre millions, ça donne le vertige. Derrière ces chiffres, il y a Cœur de Forêt qui, depuis 20 ans, met en terre, accompagne, sensibilise pour lutter contre la déforestation et planter un futur habitable.

Les petits oiseaux, les fleufleurs, les cuicuis des oiseaux sont les stars de demain. Au milieu de ces peoples de demain se trouve l’arbre. 

Certains projets ont en ce sens un coup d’avance. Loin des paillettes qui accompagnent nos stars actuelles, l'un de ces acteurs travaille en coulisses. Il s'agit d'une association, dont le nom n’est ni “Plante avec les Stars”, ni “Koh Lantarbre” mais bien “Cœur de Forêt”. 

Cœur de Forêt agit pour préserver les forêts en France et dans 3 pays tropicaux (Madagascar, Indonésie, Bolivie). Face à un contexte où les forêts sont dégradées par l’activité humaine, l’association œuvre pour trouver un modèle économique et territorial qui préserve la qualité et la multifonctionnalité des forêts.

Vous le savez par cœur - de forêt - mais on le redit ici : les forêts constituent en un habitat pour 80% de la biodiversité terrestre, elles stockent du carbone, stabilisent les sols, régulent le cycle de l’eau. Quand on parlait de stars, on ne vous mentait pas.

La passion verte

Derrière Cœur de Forêt, une équipe au dynamisme intarissable : “Nous voulons être utiles à tous ceux et celles qui ont la responsabilité des forêts et agro-forêts pour les aider à mieux connaître leurs écosystèmes et à devenir acteurs et actrices de leur préservation,” explique Charlotte Meyrueis, directrice de l’association. “Cela se traduit par la restauration de couverts forestiers, la conversion des producteurs vers l’agroécologie, la sensibilisation dans les écoles et la création de filières économiques locales.”

Sur le papier - recyclé - on apprécie beaucoup. Mais on se méfie des beaux mots et on creuse un peu plus. Concrètement, que permet l’association ? 

Accrochez-vous : depuis 2005, Cœur de Forêt a planté 4 millions d’arbres de 480 espèces différentes en accompagnant et sensibilisant plus de 84 000 bénéficiaires à travers le monde. Vous avez retenu ? 4 millions, 480 et 84 000. La méfiance s’en est allée. 

L’appel de la forêt

Des idées au terrain. Cela se passe en février 2025. Lors d’une visite de terrain en France, Charlotte est confrontée à la vue de 2 parcelles côte à côte mais très différentes : l’une avait subi une coupe rase et l’autre avait bénéficié de l’appui de l’association pour conserver un couvert forestier. “Les deux états sont le résultat de deux visions de la gestion forestière” commente la directrice. Il y a “une approche intensive orientée pour récolter du volume de bois et perturbant fortement l’écosystème initial et une autre approche plus douce et fine que nous portons pour maintenir une ambiance forestière en diversifiant et irrégularisant la forêt.”

Sur ce projet, Cœur de Forêt avait financé quelques coupes d’arbres au profit d’arbres d’avenir et de la création de cheminements pour limiter l’impact de la circulation en forêt. Et si vous voulez en savoir plus, que vous mourrez d’envie de creuser, faites-le ici. Mais attention, ne creusez pas trop non plus, cela déséquilibre les sols. 

Plus loin de nous, les enjeux pullulent également, parfois sur d’autres thématiques. On a demandé à Charlotte de nous faire voyager : “Dans certaines régions du monde, faire couler de l’eau claire d’un simple geste, ou boire sans crainte l’eau du robinet est un privilège. En Indonésie par exemple, sur l'île de Florès, la majorité des sources d'eau sont situées en forêt et les villageois doivent puiser de l'eau dans ces sources pour alimenter leur village. À cause de la déforestation, la qualité de l'eau s'amenuise et les sources d'eau disparaissent. Face à ces enjeux, notre association aide les populations à reboiser autour de ces sources pour préserver la biodiversité des zones humides et assurer un accès à l'eau de qualité aux populations. En plantant des arbres dans un périmètre de 1 hectare autour de chaque source d’eau, nous conservons ces écosystèmes et luttons contre leur disparition. Et l'impact de ces reboisements est immédiat”. 

Et pour appuyer les mots de la directrice de Cœur de Forêt, Polikarpus Meo, habitant sur l'île de Florès nous donne ce témoignage : "Ce programme a tout changé pour nous. Ils ne se sont pas contentés d’apporter de la technique – ils nous ont écoutés, formés, accompagnés. Ils nous ont aidés à comprendre comment protéger la source. Nous avons mis en place une clôture avec du fil barbelé, et surtout, nous avons planté des arbres protecteurs autour de la zone de captage. Maintenant, l’eau est propre et claire. Grâce aux arbres, la source est entretenue, et le débit d’eau s’est amélioré.”. Au milieu du flot des catastrophes et dégradations, lire ce type d’expérience est une véritable bulle d’aération. Et on en redemande. Vous aussi ? Allez : jetez un coup d'œil sur les détails de ce projet ici.

Forêts forever

Les forêts se situent au carrefour de multiples enjeux socio-économiques et environnementaux. Occupant aujourd’hui près d’1/3 de la surface terrestre, les forêts constituent la plus grande réserve de biodiversité terrestre de la planète. Intimement liées au cycle de la vie, elles ont vu naître des millénaires de civilisations humaines et portent en elles les conditions-même de notre existence. Garantir la pérennité des forêts, c’est aussi préserver les générations futures. La forêt est donc un trait d’union entre l’avant et l’après, entre le maintenant et le demain.

Aux arbres citoyens et citoyennes

Si la forêt nous aide à “dézoomer”, à prendre du recul sur notre civilisation aux actions frénétiques, elle est aussi précieuse pour s’attaquer à la transition de manière systémique, globale : “Chez Cœur de Forêt, nous croyons en un futur où la forêt et l’humain pourront vivre en harmonie. Nous voulons repenser des relations fondées sur la coopération et la solidarité plutôt que sur l’exploitation humaine et l’épuisement des ressources naturelles. Nous promouvons une gestion durable des forêts qui donne les clés d’un développement humain harmonieux.” Lorsque Charlotte déroule la philosophie derrière le projet, on comprend aisément qu’un véritable changement de paradigme est enclenché par l’association. Et que la vie en harmonie, la coopération, la juste utilisation des ressources dépasse la simple question forestière. 

Et Charlotte d’ajouter : “Notre statut d’association d’intérêt général nous engage à porter des actions qui bénéficient à tous et toutes. Notre approche n’est pas politique mais promeut une vision pragmatique d’un développement économique harmonieux avec la Nature. À travers nos actions, nous agissons pour expérimenter, semer des graines, jouer le rôle d’incubateurs de solutions pour accompagner au changement des pratiques et à la transmission des savoirs. Que vous soyez garde-forestiers ou citadins, Boliviens ou Français, citoyens ou mécènes, rejoignez notre mouvement ! Luttons ensemble pour une justice environnementale et sociale !”

L’appel est lancé. 

Le secret de l’engagement

Plus le temps passe, plus on réalise que pour s’engager, il faut aimer. Aimer ce monde, aimer ceux et celles qui le font. Et donc, aussi savoir les écouter, travailler à plusieurs. Et c’est de ça dont nous parle Charlotte lorsqu’on lui pose la question de son quotidien à Cœur de Forêt : “Personnellement, ce que j'aime chez Cœur de Forêt et ce pourquoi j'y travaille au quotidien, c'est l'écoute et l'expertise de l'association. La majeure partie de nos équipes est constituée de techniciens et scientifiques : techniciens forestiers, ingénieurs agronomes, pépiniéristes, ... qui cherchent constamment les solutions les plus adaptées aux besoins du terrain. Et cela passe par une meilleure connaissance de l’environnement et une compréhension des besoins des populations locales, pour lutter contre la déforestation et ne pas s'arrêter au reboisement des zones incendiées.”

Finissons avec l’essentiel : si s’engager c’est écouter, c’est également simplement renouer avec ce qui nous rend vivant. Chez Cœur de forêt, il y a une sorte de contagion du vivant. Se lier au vivant de la forêt, mais aussi se lier à des communautés qui vivent mieux, tout cela rend les membres de l’association eux-mêmes plus vivants et vivantes : “Une mission importante de l’association à l'étranger consiste à former les populations à des pratiques agricoles plus durables (ce qu'on appelle l'agroécologie) afin qu'elles puissent se nourrir sans être contraintes de déforester.  En connaissant mieux les milieux, l’association leur permet de prendre conscience de la richesse de leurs forêts et patrimoine. Et selon moi, c'est ce qui fait toute la pertinence de notre association. Car on ne pourra pas mettre un terme à la déforestation à l’international sans s'attaquer à sa racine : l'agriculture et la déconnexion de nos sociétés avec le vivant.”

Aller à la racine, de nos vies, de nos forêts, comprendre, écouter et ainsi mieux vivre, comme on dit à la radio : vous avez désormais le programme.