Le RAF : l’asso qui fait du RAFfut pour ne plus éRAFler les forêts

Le RAF : l’asso qui fait du RAFfut pour ne plus éRAFler les forêts

RAF, trois lettres pour une association qui défend les alternatives forestières, des pratiques plus écolo et climato-compatibles. On fait les présentations ?
24 October 2024
par Marie Hazan
4 minutes de lecture

Navrée pour les mordus de tennis, mais ici « RAF » n’a rien à voir avec le grand Nadal. C’est en réalité l’acronyme de Réseau pour les Alternatives Forestières, une association qui promeut des pratiques respectueuses dans nos forêts, tout en créant du lien entre ses différents acteurs et actrices, à toutes les échelles. Non, nos arbres, on n'en a pas Rien A Faire.

Créée pour encourager une gestion durable et alternative de nos bois, l’organisation porte 3 grandes missions. C’est Nathalie Naulet, salariée du RAF et dédiée à l’animation du fonds de dotation créé par l’association (on y reviendra) qui nous en parle.

Mission 1 : Mettre en lien, le vrai sens du « tronc commun »

Nathalie pose les bases et déclare « Le social, c’est très important pour nous : c’est l’essence même du RAF ». Au départ, c’est d’ailleurs de cette volonté de mettre en relation des professionnels, des gestionnaires ou des entrepreneurs de travaux forestiers, soucieux de mieux œuvrer dans les bois, qui fait germer la graine de l’organisation. L’idée est de créer un espace au sein duquel tout ce petit monde puisse partager ses pratiques plus douces que celle dite « conventionnelle », ses problématiques et ses expériences. 

« Petit à petit, on a gagné en notoriété, et le public s’est étendu à des citoyens de la société civile et à des propriétaires. », raconte Nathalie. Un boom qu’elle explique notamment par la sortie du film documentaire « Le Temps des forêts » (2018), vecteur d’une grande prise de conscience collective. 

Désormais, le nouveau défi du RAF, c’est de valoriser l’échelle locale, en développant des petites branches de l’organisation partout en France. Quand le grand chêne donne des dizaines de jolies boutures. 

Mission 2 : Diffuser (et cultiver) les bonnes pratiques

Évidemment, c’est une des retombées directes de la mise en relation des différents acteurs des forêts qui se partagent leurs savoir-faire. Mais ce n'est pas tout !

Pour transmettre, apprendre et diffuser, l’association a plus d’une racine à son arbre : elle propose des formations, anime des chantiers participatifs ou encore des événements comme les « rencontres régionales ». Une nouvelle fois, ces activités ne sont pas réservées aux professionnels, mais s’adressent à tous ceux et à toutes celles qui se soucient du bien-(h)être des forêts !

Promenons-nous dans les bois, comptons combien d’arbres il y a !

Récemment, le RAF a notamment organisé l'inventaire d’une forêt du fonds de dotation Forêts en Vie qu’il a contribué à créer, avec 25 personnes étrangères au monde du bois. Elles ont appris à reconnaître les différentes essences d’arbres, à mesurer leurs diamètres et hauteurs et à constater leur état sanitaire. One, two, trees.

Ce type de chantier collectif sensibilise les participants à une approche de la forêt prônée par le RAF : la sylviculture mélangée à couvert continue (SMCC). En termes plus simples, c’est la culture des forêts (« sylviculture ») qui s’applique à diversifier les essences et les âges d’arbres (« mélangée ») sans jamais retirer plus de 25% du volume d’entre eux, et donc : de ne jamais mettre les sols à nus (« à couvert continu »). Pour illustrer simplement pourquoi c’est important, Nathalie a une métaphore diablement efficace « Mettez une personne complètement nue au milieu d’un champ sans ombre, avec une seule bouteille d’eau, et repassez la voir une semaine plus tard. Vous comprendrez. ». L’image est parlante. 

Au-delà de la sensibilisation, cet inventaire aidera par la suite les gestionnaires à mieux connaître leurs forêts pour mieux entretenir leurs diversités.

Mission 3 : Acquérir de la forêt

C’est le troisième frêne (ou fer ?) de lance de l’association : acquérir des forêts pour les remettre à disposition d’associations porteuses d’alternatives forestières. C’est ici qu’intervient « Forêts en Vie », le fonds de dotation créé par le RAF. 

Vous vous souvenez du film documentaire évoqué plus haut ? Eh bien, à sa suite, une forte mobilisation sort de terre et se concrétise par la création de «  Groupements Forestiers Citoyens et Écologiques » (dits GFCE) et par l’éclosion de plusieurs associations à visée forestières. Le fonds de dotation vient compléter ces initiatives citoyennes de préservation des forêts. 

L’idée est de voir refleurir « des communs forestiers en les remettant à disposition de citoyens ancrés dans le territoire, et dont les activités sont cohérentes avec ce que la forêt a à offrir. », explique Nathalie avant de poursuivre « on ne parle pas que de cohérence financière, elle peut aussi bien être sociale ou solidaire ». Puis conclut « ce mode de fonctionnement, c’est spécifique à Forêts en Vie. Les autres fonds de dotation achètent pour eux-mêmes. Nous, on acquiert pour mettre à disposition des autres. ».

Comment ça fonctionne ? 

Lorsqu’une association se présente avec un projet en accord avec les valeurs de l’organisation, elle a généralement déjà identifié une forêt dans laquelle s’établir. Forêts en Vie intervient alors pour apporter les fonds nécessaires à son acquisition. C’est le fonds de dotation qui devient propriétaire. L’asso porteuse de projet, elle, devient dépositaire du lieu : autrement dit, elle n’en a pas la propriété, mais la charge. 

Fièrement, la coordinatrice du fonds de dotation explique « Forêts en Vie a créé un bail qui n’existait pas dans le milieu forestier, pour pouvoir mettre ses forêts à dispo des assos. ». Elle en-chêne «  Il est tellement novateur qu’on a décidé de le décliner pour qu’il puisse servir à des propriétaires publics ou privés. Les gens restent propriétaires de leur forêt, mais ils les mettent à bail pour des porteurs d’alternatives forestières ! ».

Grâce à l’ensemble de ces initiatives citoyennes, ce sont environ 5000 hectares de forêts connus qui sont à tout jamais sortis de l’appétit court-termiste de certains exploitants.

Cerise sur le gâteau : tout ce qui est propriété du fonds de dotation ne pourra jamais redevenir propriété individuelle. Même si Forêts en Vie disparaît un jour, les forêts acquises devront rester d’intérêt général à but non lucratif. 

Raf sève their life.

Pourquoi adhérer au RAF ?

Adhérer au RAF, c’est se rassembler entre amoureux de la forêt, bûcheron·nes, gestionnaires, propriétaires, technicien·nes, artisans du bois,... pour transformer les pratiques forestières vers la sylviculture douce et contribuer à une transformation profonde de la relation entre société humaine et forêt. 

Vous pouvez adhérer à l’association (premier prix à 10€/an ou montant libre). 

Pour rejoindre certaines initiatives du réseau près de chez vous, consultez la carte qui répertorie les initiatives locales, les coordonnées nécessaires et les points infos. Toutes les branches locales du RAF sont répertoriées, ainsi que les Groupements Forestiers Citoyens et Écologiques (GFCE) qui adhèrent à la charte pour des forêts vivantes. Enfin, pour rester au courant de toutes les manifestations un peu partout en France et s’informer sur les initiatives et publications du réseau,  inscrivez-vous à la lettre d’information du RAF envoyée tous les 2 mois : le RAFFUT

Vous pouvez également faire un don auprès du fond de dotation Forets en Vie, qui achète des forêts et les met à disposition d’associations de citoyens, grâce à un bail forestier spécifique et innovant. C’est défiscalisé, et ça permet de sauver des forêts. Win to win.