C’est une histoire presque vraie. 1. Vianney (pas l’auteur, l’autre) se met à l’éco-construction sur Instagram. 2. Eco-Habilis transmet les savoir-faire oubliés de l’habitat écolo et autonome. 3. Les deux auraient pu se rencontrer. 4. Ce n’est pas arrivé mais ce n’est pas une raison pour ne pas vous présenter cette association qui bâtit le monde.
Récemment, le chanteur Vianney a fait parler de lui en annonçant non pas un nouvel album, non pas le retour de ses tournées, ni même l’achat d’une nouvelle guitare mais bien… les débuts d’un chantier. Celui d’une cabane. Vianney aux doigts fins grattant la guitare se transforme en ouvrier, charpentier, maçon et se lance dans un défi solitaire : construire.
Etonnant.
Et puis… et puis imaginons que rien ne se passe comme prévu.
Le bad buzz
Viannou, ce n’est pas parce que tu souris bien et que tu as les cheveux au vent que les folies des réseaux sociaux t’épargneront. Quelques semaines après avoir posté sa première vidéo en ligne, un commentaire en particulier est relayé, appuyé, relayé : “Et la construction écologique là-dedans ? Elle ne fait pas partie du défi ?”. Un commentaire anodin posté par RobertJardiner35, breton aussi actif en ligne que dans son jardin. Ce dernier pointe les arbres abattus par le chanteur, les parpaings, le béton, tous ces éléments appartenant aux constructions “du monde d’avant”...
N’existerait-il pas un moyen d’aider notre guitariste à rectifier le tir ? Il le dit lui-même, il n’y connait rien… Un formateur, une formatrice dans la salle ? Quelqu’un qui saurait tirer de notre long passé des pratiques sobres et plus durables que les raccourcis de notre civilisation actuelle ?
Dans ce monde qui semble avoir déjà tout inventé, un cerveau brillant a-t-il un jour créé une structure permettant de transmettre, diffuser et promouvoir les savoirs traditionnels de l’éco-construction pour multiplier des habitats respectueux de l’environnement et autonomes sur le plan énergétique ?
Et la lumière fut sur instagram
La polémique enfle. À tel point que notre chanteur - ermite poste une nouvelle vidéo. “J’en appelle à vos idées. Je suis ouvert à toute proposition. Faites des propositions et je ferai de cette cabane un lieu exemplaire par sa construction, ses matériaux, son isolation, etc”.
Des milliers de commentaires. Mais un seul sortira de la masse. Celui d’une association au doux nom de “Eco-Habilis”. 12 342 likes. Et un simple “Nous, on peut t’aider.”
Qu’est-ce donc que Eco-Habilis ?
Cette association existe depuis 2017. Son but : participer à la résilience d'un territoire à travers l'émergence d'initiatives locales, écologiques, sociales et solidaire ; notamment par le biais de la sensibilisation, de l'accompagnement et de la formation aux métiers de la transition écologique. Tiens, tiens. Et ces métiers de la transition, tu saurais nous en citer quelques-uns Vianney ? Le maraîchage, oui, la mobilité douce, bien-sûr, mais aussi… l’ éco-construction. Nous y sommes.
Vianney dans l’aventure
L’échange public s’est vite soldé par un accord, Vianney va être accompagné par cette association.
Mais avant, il s’informe auprès d’eux et elles. D’où viennent-ils ? Et quand Vianney jouait sur les fauteuils de The Voice, que se passait-il pour Eco-Habilis ? Quelques dates en vrac :
- En 2022, l'association répond à l'appel à projet du réseau ETRE, École de la Transition Écologique, pour créer un centre de formation, sur le territoire des Hautes-Pyrénées.
- En 2023, l'association Eco-Habilis est lauréate de ce projet et fait officiellement partie des écoles ETRE actives pour participer à la transition des territoires et à l'accompagnement des jeunes.
- Septembre 2023, l'association devient employeuse et compte actuellement quatre salarié.es (3,5 ETP).
Vianney est ravi. Il poste sur insta un selfie avec l’équipe encadrante et les jeunes en formation qui vont également participer au chantier. Et rassuré aussi le chansonnier, il voit que leur travail est solide et déjà éprouvé : un an et demi après l'ouverture du centre de formation, 12 formations ont déjà été organisées dont 6 remobilisations de deux semaines chacune et 6 préqualifications de 3 mois. En 2024, 83 jeunes ont participé à une formation ETRE sur le territoire des Hautes-Pyrénées, ça mérite presque une chanson.
Nous lui suggérons quelques paroles : “Je me suis formé à l’ éco-construction en fil conducteur (choeur derrière), mais aussi au maraîchage, à la réparation de vélo et demain je m’attaquerai à plein d’autres sujets (yeah) et notamment la boulangerie, l’apiculture, l’animation nature” (ne pas hésiter à ajouter quelques instruments à ce moment de la chanson, ce sera du meilleur effet…).
Le vert à moitié plein
En s’inscrivant aux formations, notre influenceur musicien comprendra vite ce qui fait la patte de Eco-Habilis. Elle est dans “le faire”. Dans la confiance qui est faite au néo-apprenants. En effet, il n’y a pas de salle de classe, l'école adopte une méthode de pédagogie active qui permet aux jeunes d'apprendre par le faire lors d’ateliers d'initiation aux savoir-faire manuels, mais aussi sur les exploitations ou lieux de professionnels ou encore en participant à des chantiers collectifs.
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Sortons de notre fiction Viannesque pour revenir à la réalité des jeunes accompagnés. À la différence de notre petite star, ces jeunes en question sont très isolés, souvent éloignés du monde social. La première étape est donc de les aider à se confronter au réel, à être en lien, à se tourner vers la rencontre pour pouvoir se redécouvrir, voire se découvrir.
Au-delà d’un individu, d’un parcours de vie, l’enjeu est à voir à l’échelle sociétale. Donner à voir différentes pratiques permettant de se faire une idée de projet d'avenir ou encourager la poursuite de formation qualifiante ou la recherche d'emploi est en effet précieux pour se situer dans la société.
La suite
L'école de la transition écologique des Hautes-Pyrénées souhaite que le public qu'elle accueille soit le plus mixte possible pour que chaque rencontre puisse offrir une découverte de l'autre invitant au respect, à l'acceptation des différences et des spécificités.
Ces mouvements sur un territoire ouvre beaucoup de perspectives et d’espoir à quiconque les imagine se multiplier partout dans le pays. À chaque enjeu, chaque territoire, les besoins et donc formations doivent être spécifiques et adaptées.
Eco-Habilis, future star d’instagram ? C’est plus que probable.
