8 figures de l’écologie populaire

8 figures de l’écologie populaire

Pour elles, écologie et justice sociale sont dans un même bateau. Présentation des figures de l’écologie populaire qui invitent à prendre soin de la terre dans tous les quartiers du monde.
19 August 2024
par Vianney Louvet
8 minutes de lecture

Quelles sont ces personnalités qui font de l’écologie un enjeu populaire ? Qui considèrent que la justice sociale est le pilier d'une transition écologique équitable ? Allez hop, petit tour d’horizon de celles et ceux qui font avancer le monde.

Cela fait 2 heures que cet homme s’active depuis son pupitre pour vous convaincre que luttes sociales et écologiques sont les deux faces d’une même pièce. 2 heures que vous avez lâché le fil de son raisonnement et que votre attention est accaparée par ce petit buffet au fond de la salle. Sont-ce des croissants ou des friands au fromage ? Pas facile à distinguer à cette distance. Et puis votre voisin, non moins largué, se met à griffonner sur un bout de papier. Discrètement, il vous le transmet.  “Tu connais Fatima, Malcom, Kamel ou Sanaa ? Tu connais leur vie ? Si non, eux et elles vont vous expliquer, beaucoup plus efficacement, parce que par les actes, ce que “écologie populaire” veut dire.”

© Thomas Cecchelani

Fatima Ouassak

  • Qui elle est en 2 phrases

Sa page wikipédia peine à tout faire rentrer en une seule phrase, on parle d’elle comme une essayiste, conférencière, consultante en politiques publiques, mais aussi comme une militante écologiste, féministe et antiraciste française. Et c’est là que vous sentez venir la large palette de ses luttes, les nombreuses urgences qu’elle a choisi de regarder en face, dans sa vie quotidienne. 

  • Un de ses projets  qu’on aime

C’est elle qui a cofondé le Front de mères, ce syndicat de parents qui lutte contre les discriminations et les violences que subissent les enfants, qui défend donc leur dignité et leur avenir. Cerise sur le gâteau : la manière d’agir, de l’auto-organisation pure dans les quartiers populaires. 

  • La vidéo à regarder pour la connaître

On aime bien les entretiens fleuve, qui laissent le temps à la pensée de l’invitée ou invité. Tu connais l'Étincelle média ? Si non, viens l’écouter ici, ça parle de l’origine de son engagement, de son parcours, de ses inspirations, ses écrits, etc. 

  • Sa punchline qu’on retient 

“Notre maison brûle, certes, mais le système trie entre les maisons qui comptent et celles qui ne comptent pas”.

© Bénédicte Roscot

Malcom Ferdinand

  • Qui il est en 2 phrases

Un chercheur, un vrai et sur un sujet encore bien méconnu. Malcom a mis l’histoire coloniale et ses interactions avec les problématiques environnementales au cœur de son travail. Docteur en science politique et chercheur au CNRS, il a grandi en Martinique jusqu’à ses dix-huit ans et c’est là-bas qu’il prendra conscience qu’inégalités sociales et environnementales sont indissociables. 

  • Un de ses projets  qu’on aime

Son livre intitulé “Une écologie décoloniale” et publié aux éditions du Seuil et la revue plurivers détricotent les rapports complexes qu’entretiennent écologie et colonialisme. Les luttes marronnes, ça vous dit quelque chose ? Non ? Lisez-le, vous allez apprendre un paquet de trucs. 

  • La vidéo à regarder pour le connaitre

Sur un exemple très concret, en l’occurrence le scandale du chlordécone, Malcom nous expose sa pensée sur le plateau de Mediapart. « Le chlordécone n’est pas cancérigène » nous disait calmement Emmanuel Macron. Écoutez la réponse de notre chercheur fétiche. 

  • Sa punchline qu’on retient 

“Il n’existe pas de « nous » homogène et égal devant les catastrophes. Les luttes pour l’égalité et la justice ainsi que leurs mémoires ne disparaissent pas comme par miracle devant la tempête”.

Kamel Guemari

  • Qui il est en 2 phrases

Kamel est marseillais et passe 23 années de sa vie à travailler pour McDonald. Peu à peu, il met son énergie au service de la défense des droits des salariés, notamment en tant que délégué de la CGT puis de Force Ouvrière. Puis vient le confinement et la franchise de la multinationale met la clé sous la porte et licencie Kamel et ses collègues. Un projet de restaurant solidaire et participatif est alors lancé en protestation : “l’Après M” est né. 

  • Un de ses projets qu’on aime

L’Après M, forcément. Le site est très bien fait et vous verrez dans ses dernières actus que le besoin de financement est crucial pour permettre aux équipes de souffler un peu. 

  • La vidéo à regarder pour le connaître

Ces 55 minutes d’interview permettent d’expliquer les raisons, enjeux et acteurs du conflit. Il revient aussi sur des sujets plus vastes, notamment la stigmatisation subie dans les quartiers populaires et le terreau de vie défavorable des habitants et habitantes des quartiers Nord : “on avait toutes les conditions réunies pour échouer dans la vie".

  • Sa punchline qu’on retient 

“On est une ZAD. Pas une zone à défendre mais une zone à développer, un modèle d’entraide”

Sanaa Saitouli et Féris Barkat 

  • Qui ils sont en 2 phrases

Sanaa a grandi à Cergy dans le Val d’Oise et on a l’impression qu’elle a été engagée au service de son territoire et de ses habitants depuis toujours. Pour Féris, c’est Londres qui aurait pu être le terrain de jeu de son engagement mais c’est finalement en France qu’il se formera aux enjeux climatiques. Tous deux on fait des quartiers populaires et de leur invisibilisation dans les questions environnementales leur cheval de bataille.  

  • Un de leur projets qu’on aime

Banlieues Climat, bien-sûr, dont ils sont tous les deux cofondateurs. Cette association n’a qu’une vocation : lutter contre les dérèglements climatiques en donnant la parole aux habitants des quartiers populaires et en leur permettant de contribuer et construire des politiques publiques sur leur territoire. Inspirer, fédérer, faire émerger des projets, créer du lien entre les niveaux d’action locale et internationale : les activités de l’association sont aujourd’hui au service de ces 3 enjeux, avec le mot “espoir” que vous verrez poindre un peu partout sur leurs réseaux sociaux, un espoir qui sonne tout sauf creux quand on découvre l’énergie déployée par l’asso depuis sa création, en 2022.

  • La vidéo à regarder pour les connaître

1h30 de bonheur en perspective : cette conférence organisée par la Fondation Terre Solidaire et animée par makesense se propose de répondre à la question "Quelle écologie pour les premiers concernés ? - La voix des jeunes de quartiers populaires". Parmi les invités, vous découvrirez Inès Seddiki, fondatrice de Ghett'up, Achraf Manar, co-fondateur et Président de Destins Liés et donc Sanaa Saitouli, co-fondatrice de Banlieues Climat.

  • La punchline qu’on retient 

“Rendre visible les invisibles (...) nous sommes en train de créer une fissure d’espoir” dit Sanaa Saitouli au micro de France 3. 

Crédit photo : Eliot Blondet

Imane Bounouh

  • Qui elle est en 2 phrases

Imane c’est avant tout des contenus qu’elle propose à près de 100 000 personnes sur Instagram. Créatrice de contenus, influenceuse, appelez-la comme vous voulez avec un de ces mots à la mode mais comprenez bien que son sujet de prédilection, lui, n’est pas bateau du tout. En effet Imane, depuis son compte, propose des bons plans aux jeunes et particulièrement aux étudiants. En parcourant ses textes et vidéos, vous comprendrez notamment qu’elle prouve comment, même avec un petit budget, on peut réussir à se nourrir sainement et avec une approche écologique.

  • Un de ses projets qu’on aime

Beaucoup de choses ont commencé pendant le confinement, notamment le compte “recettes échelon 7”, titre faisant référence à la dernière catégorie sur le barème de l’aide sociale estudiantine, celle avec le moins de ressources. C’est ce compte qui donnera grimpe.fr ensuite qui lui ne parle plus uniquement de recettes mais bien d’ingrédients variés nécessaires à l’insertion dans le monde du travail, l’épanouissement personnel, culturel et professionnel... 

  • La vidéo à regarder pour la connaître

La vidéo date de 2021 mais vous montre qu’Imane sort aussi des réseaux pour parler sur les plateaux télé, ici, celui de France 3. “Ensemble, c’est mieux”. 

  • Sa punchline qu’on retient 

« Je veux que tu réussisses plus, que tu galères moins et que tu te sentes mieux ». C’est le message mis en avant dans la « bio » de son compte insta.

Mamadou Dembelé

  • Qui il est en 2 phrases

On prend les mêmes outils et on recommence. Mamadou se dit “agrégateur de contenus positifs”. Et tout ne s’est pas fait en une seule étape. Il passe son enfance en Seine Saint-Denis, suit des études en finance avant de se lancer dans une carrière de banquier. Seulement, un jour ce sont des militants de Greenpeace qui en bloquant sa tour, font dérailler la machine bien huilée. Et le voilà rejoindre un fonds d’investissement plus éthique, et le voilà croiser de multiples projets enthousiasmants et le voilà lancer “The impact story” pour relayer et raconter tous ces parcours. Aujourd’hui son combat porte deux couleurs : “l’écologie consciente et positive”. 

  • Un de ses projets qu’on aime

On pourrait parler de ses posts intitulés “Les bonnes nouvelles de la semaine” et qui dénotent du ton médiatique habituel. Mais on vous propose plutôt d’aller l’écouter sur son podcast “Impact Story” sur lequel des acteurs et actrices comme Eva Sadoun ou Swann Périssé racontent leur parcours et partagent leur vision du monde.

  • La vidéo à regarder pour le connaître

On triche un peu : The Big Shift tu connais ? C’est un podcast dans lequel Mamadou raconte très largement ce qu’il vit, crée, ressent. 

  • Sa punchline qu’on retient 

“De base, ce qui m’anime, c’est plutôt des causes sociales. (...) Je me suis rendu compte que toutes les causes sociales qui me touchaient tant allaient être impactées par l’écologie”.

© Pierre Ferrandis

Boris Tavernier

  • Qui il est en 2 phrases

Difficile de dissocier Boris de son projet phare : Vrac. Vrac, c’est l’acronyme de “Vers un réseau d’achat en commun”. Aujourd’hui Boris a un combat : la précarité alimentaire. Et dans ses mots revient souvent la notion de “plaisir”, de “lien”. Son quotidien très lié au terrain est aussi beaucoup orienté vers des actions de plaidoyer, d’influence des élus, de prospection, son rôle est de porter la vision politique de l’association auprès des partenaires associatifs et des acteurs institutionnels et d’accompagner l’essaimage du réseau, la recherche de fond…

  • Un de ses projets  qu’on aime

Vrac, donc. Quand il en parle - très vite souvent - une chose éclate tout de suite : Vrac, c’est surtout une aventure humaine. Parti de rien, l’asso compte en une petite décennie 18 associations en France et en Belgique, 90 groupements d’achats, 60 salariés. Boris Tavernier, son fondateur et délégué général, a donc embarqué avec lui près de 17 000 personnes. Son objectif : fournir une alimentation durable et de qualité à toutes et tous.

  • La vidéo à regarder pour le connaître

Simple, basique : dans cette 45ème édition de “Time to be”, vous rencontrerez Boris, son rire et sa verve quand il parle de ce projet qui l’anime. Et vous allez passer 10 très belles minutes. 

  • Sa punchline qu’on retient 

“Moi j’aime bien les gens, et j’aime bien manger”

Lumir Lapray

  • Qui elle est en 2 phrases

Elle a grandi dans l’Ain et a été candidate aux dernières législatives. Avant cela, durant ses études à Sciences Po, co-fonde la 1ère association d’égalité des chances de l’établissement et coordonne une campagne victorieuse pour l’augmentation du SMIC à Los Angeles. Elle devient même assistante parlementaire au Congrès Américain où elle fait passer des lois pour protéger les citoyens ruraux isolés. La classe. Résumons ? Lumir, c’est une activiste qui décline son engagement en de multiples formes : le conseil, l’entrepreneuriat, la politique et les médias.  

  • Un de ses projets  qu’on aime

Sa dernière campagne menée aux législatives est porteuse d’espoir et semble être la meilleure réponse à tous ceux qui pensent que les jeunes n’ont pas leur mot à dire en politique. Utilisant des méthodes “d’organizing”, Lumir et son équipe ont déjoué les pronostics et ne sont pas passés loin de créer la surprise. 

  • La vidéo à regarder pour la connaître

Regardez sa vidéo de campagne et vous comprendrez comment la fougue politico-américano-Laprayenne vous gagne et vous donne envie de vous battre avec elle. 

  • Sa punchline qu’on retient 

“Qui se bat pour nous ?”


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