Exit l’appartement en centre-ville ou le pavillon en banlieue, le mouvement pour habiter autrement prend de l’ampleur. Alors que s’entremêlent crise latente du logement, hausse des prix en général et aspiration à plus de sens, l’habitat alternatif répond à ces grandes questions avec créativité, ingéniosité et surtout diversité !
« Tu la poses sur un terrain, tu l’enlèves un an après, tu ne vois rien ». Pour Louis Lapointe, fraichement reconverti en constructeur de Tiny house et de micromaisons dans les Vosges, ces habitats ont deux grandes qualités : leur minimalisme et leur très faible empreinte. Des atouts non négligeables à l’heure où 27 000 hectares de surfaces terrestres sont artificialisés chaque année en France, dont 41 % pour l’habitat. Face au déclin de la biodiversité, l’objectif de zéro artificialisation nette a d’ailleurs été fixé pour 2050. Un terreau fertile pour de nouvelles formes d’habitats, modulaires, déplaçables, démontables, réversibles ou partagés.
Vivons heureux, vivons légers !
La Tiny house justement. Le terme n’a pas encore fait son apparition dans le Robert et pourtant, ces « maisons minuscules » déplaçables poussent partout dans l’hexagone. Petite nouvelle d’une longue lignée d’habitats alternatifs, la Tiny house répond, comme ses congénères, aux aspirations de frugalité et de sobriété. Le défi : faire tenir l’équivalent d’une maison dans moins de 30m2, sur remorque. Elles sont pour la plupart autonome en électricité, équipées de toilettes sèches et bourrées de petits trucs et astuces pour gagner de la place et optimiser chaque millimètre. Bonus ultime, il en existe même avec toit ouvrant pour profiter des nuits étoilées !
Dans la famille de l’habitat léger, on demande maintenant la yourte !
Symbole du logement alternatif, elle gagne en popularité depuis 2014, date à laquelle la loi autorise de déclarer une yourte comme résidence principale. Démontable à souhait – prévoyez quand même quelques bras en renfort -, la yourte existe sous de multiples formats, de moins de 10 m2 à plus de 100m2, pour un prix relativement accessible. Avis aux amateur.rice.s, le marché de la yourte ne date pas d’hier et les bonnes occasions ne manquent pas.
Van attitude
En parlant de popularité, celui qui truste tous les records est le van. Pour des vacances ou pour y vivre, ces micros maisons mobiles font le bonheur des nouveaux nomades. Pour celles et ceux qui souhaiteraient envisager le van comme un nouveau mode de vie, la plateforme Toits Alternatifs regorge de conseils. Quelques bémols à cela néanmoins. En réaction à l’explosion du nombre de minibus, certaines municipalités leur rendent la vie dure. Par ailleurs, si l’on cumule le prix du véhicule, qui s’est envolé ces dernières années, au prix de l’essence, l’alternative n’est pas si accessible.
Participer, partager, intergénérationner
On ne se sent pas tous de vivre dans 25m2 en famille et c’est bien normal. Alors, plutôt que de réduire l’espace, pourquoi ne pas le partager ? On ne va pas se mentir, un des meilleurs exemples de dissonance cognitive est le logement. Difficile de résister à l’appel de la maison individuelle avec jardin, et encore moins après la série de confinements que l’on vient de vivre. Le pavillon a plus que jamais la cote – ce serait même une « passion française » aux dires des sociologues Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal –, au grand damne des surfaces agricoles et naturelles. Néanmoins, au regard des prix du foncier, doublés d’une farouche envie de partager, de nouvelles formes d’habitats se développent en ville comme à la campagne. Ils sont participatifs, intergénérationnels, au service du lien social et de la solidarité. Les habitant.s y limitent leur impact, en mutualisant les équipements notamment, sans renoncer à de l’espace intérieur, comme extérieur.
À quoi cela ressemble ? Le mouvement Habitat Participatif France recense tous les projets d’habitats partagés sur le territoire, et regroupe même des petites annonces pour rejoindre une aventure !
Postlude réglementaire
Déclarer une péniche, un tipi ou une caravane comme résidence principale, c’est possible depuis la loi Alur promulguée en 2014. Celle-ci facilite également l’accès aux terrains sur des zones non constructibles pour des habitats légers. Néanmoins, si ces nouveaux logements riment bien souvent avec grand air et liberté, « on ne peut pas installer des habitats partout. Les projets alternatifs doivent trouver leur place dans les zones urbanisées » rappelle Xavier Gisserotm fondateur de Hameaux Légers, interrogé par Reporterre.
La bonne nouvelle ? Les friches urbaines et les « dents creuses » ne manquent pas, une occasion en or pour révolutionner l’habitat, en ville !
Avis aux personnes désireuses d’habiter autrement, quelques ressources et contacts bien utiles pour franchir le pas :
- Le « Guide juridique pour habitats légers » écrit par Joris Danthon, et les formations qui l’accompagnent
- L’association Hameaux Légers qui accompagne la création d’écohameaux
- Le Réseau Brabançon pour le Droit au Logement, un collectif belge en pointe sur l’habitat alternatif
- Le site méga fourni du mouvement Habitats Participatifs France
On résume vite fait bien fait
L'habitat alternatif gagne en popularité en France, offrant des solutions créatives et diverses face à la crise du logement et à la hausse des prix. Parmi ces alternatives, les Tiny houses offrent un mode de vie minimaliste et écologique sur une empreinte au sol réduite. Les yourtes, désormais autorisées comme résidences principales, séduisent également avec leur caractère modulable et abordable. Les vans attirent les nouveaux nomades, bien que certaines municipalités freinent leur stationnement. Et vous, c'est quoi qui vous fait rêver ?