Chers amis, j’ai un aveu à vous faire. J’ai une terrible addiction. J’adore les PFAS. Oui, je suis PFASophile (non ce mot n’existe pas). Et vous ne le saviez pas mais vous êtes également PFASophiles. En fait, dans le fond nous sommes tous PFASophiles. C’est génial non ?
Depuis quelques mois, vous entendez peut-être un peu plus souvent parler des composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés, aka PFAS (prononcer “pifasse”). Ces substances chimiques sont appréciées pour leur très forte résistance et leurs propriétés fortement utiles dans tout un tas d’objets du quotidien. Ceci grâce à leur composition faite d’une succession d’atomes de carbone soudés entre eux ; un peu comme une partouze atomique si vous voulez (pas totalement sûre de la validité scientifique de cette métaphore mais passons). Bref, les PFAS on est obligé d’adorer ça puisqu’on en trouve partout. Voici donc en exclusivité pour vous lecteurs pifassés adorés, mes recettes préférées à base de PFAS.
Une bonne petite omelette maison
Bonne nouvelle les amis ! Non seulement il y a des PFAS dans votre poêle dotée d’un revêtement anti-adhésif, mais il y en a aussi… dans vos œufs ! Surtout s’ils viennent de poulaillers domestiques. En effet, l’Agence régionale de santé a déconseillé aux Franciliens de consommer leurs œufs à cause de la contamination des sols dans 410 communes d’Ile-de-France. Une alerte a également été faite en région lyonnaise. Et a priori pas de raison pour que les polluants éternels n’aient pas trouvé refuge dans le reste de la France. Miam miam, à vos assiettes !
Ndrl : fonctionne aussi avec n’importe quel plat sauté avec une poêle dotée d’un revêtement anti-adhésif, vous pouvez donc adapter votre repas à vos envies.
Lire aussi → PFAS, le cauchemar des polluants éternels
Un bon steak ou un poiscaille pour le dîner
Je vous rassure, les PFAS ne se retrouvent pas uniquement dans les œufs mais aussi dans les poissons, les crustacés et la viande. Ou même les bonbons. Le thé. Le beurre. Les chips. Ou tout simplement de l’eau en bouteille mais parfois même aussi l’eau du robinet. Finalement, la bonne nouvelle c’est que même sans poêle en téflon vous avez toutes les chances de vous retrouver avec des PFAS dans votre assiette. Personnellement moi je trouve que ça donne plus de goût (notamment, le goût de brûler la vie par les deux bouts).
Pensez à mettre un petit imper’ et des bottes quand la météo annonce de la flotte
Les PFAS étant dotés d’excellentes propriétés imperméabilisantes vous en trouverez dans absolument tous vos vêtements destinés à affronter le cauchemar de la pluie (heureusement que les PFAS sont là pour qu’on puisse survivre à quelques gouttes). Cela dit, pour celles et ceux qui n’auraient pas encore chiné leur K-way vintage sur Vinted, pas de panique car en réalité des études ont montré qu’on trouvait aussi des PFAS dans quasiment tous les vêtements. Comme ça, pas de jaloux. Sauf les ouvriers du textile, au premier plan de l’exposition aux polluants éternels qui ont clairement un pass privilège.
Maquillez-moi ce vilain minois
Les cosmétiques raffolent de PFAS, surtout ceux qui sont résistants à l’eau. Si vous souhaitez être à contre-courant de la mode toutefois vous pouvez aussi vous limiter aux produits de beauté certifiés Cosmébio (qui ont interdiction d’utiliser des PFAS) ou apprendre par coeur cette liste des principaux PFAS qu’on retrouve dans nos poudres et autres crème anti-âge. Comme leurs noms sont à coucher dehors, je vous propose de les accompagner avec des moyens mnémotechniques (tout droit issus de mon cerveau défaillant) :
- PTFE, en souvenir des travaux de fins d’étude
- PERFLUORODECALIN, comme un rot carlin
- PERFLUORONONYL DIMETHICONE, dis moi t’es con ?
- POLYPERFLUOROMETHYLISOPROPYL ETHER, c’est pile l’éther
- METHYL PERFLUOROISOBUTYL ETHER, on va buter l’éther
- PERFLUOROHEXYLETHYL TRIETHOXYSILANE arrête de braire, c’est qu’il y a un loup
- PERFLUOROHEXANE, comme mon ex Anne qui était hyper fluo
- POLYPERFLUOROETHOXYMETHOXY DIFLUOROETHYL PEG PHOSPHATE, avec son régime inutile, Peg est une fausse fat.
Vous pouvez aussi retenir par cœur les 35 molécules concernées.
Un bon nettoyage buccal à base de fil dentaire
C’est formidable non ? Non seulement vous aurez les dents plus propres mais en plus vous prendrez une bonne dose de PFAS ! Car les PFAS ne sont pas que dans la bouffe mais plutôt du genre… partout et le fil dentaire n’est pas épargné. On en trouve aussi dans de nombreux dentifrices bien qu’il ne faille pas confondre le fluor contenu dans la pâte avec les substances perfluorées qui composent les PFAS.
Etre un homme ou se réjouir de sa ménopause
Figurez-vous qu’une étude a montré que les femmes menstruées évacueraient davantage de PFAS durant leurs règles ce qui expliquent qu’elles seraient (infimement) moins touchées. Cela est toutefois compensé par le fait qu’on retrouve aussi des PFAS dans les protections hygiéniques donc au final ça revient à peu près au même, ouf.
Sortez prendre un bon bol d’air. Ou restez chez vous, ça revient au même en fait.
Etant donné qu’on trouve des PFAS dans l’air à l’intérieur (à plus ou moins haute dose selon les produits que contient la maison puisqu’on en trouve dans les meubles, les ustensiles de cuisine, les isolants de câble électrique, le parquet, la peinture…) et parfois dans l’eau potable aussi. Le plus simple c’est sans doute de donner le prénom PFAS à notre prochain enfant afin d’assumer pleinement et durablement cette cohabitation avec les polluants éternels.
PS : ah oui, vous vous inquiétez pour les problèmes de santé que peuvent entraîner l’exposition au PFAS ? les maladies thyroïdiennes, le cancer du sein, les malformations foetales, les fausses couches, le cholestérol toussa toussa ? Boahhhh faut bien qu’il y ait un prix à payer pour avoir des poêles qui n’accrochent pas trop et des mascaras qui coulent pas quand on va à la piscine, non ? Allez, bisous sur le PFAS.
Pour une vie terne et sans PFAS
Et sinon, voici quelques tips, pour tenter de limiter la présence de PFAS dans votre environnement parce que, au cas où vous n’aviez pas capté, c’était GRAVE ironique comme ton depuis le début (j’espère que je vous coupe pas en train de lécher joyeusement une poêle en téflon).
→ Pour les fringues, bonne nouvelle la seconde main est moins exposée au PFAS (en principe elles auront déjà été relâchées, donc disons que le mal est fait), si toutefois vous achetez neuf, lavez toujours vos vêtements une première fois avant de les porter. Sinon certains labels vous sauveront la mise tels que Oeko-Tex, BlueSign, Gots ou Green Shape.
→ Pour les produits cosmétiques vous pouvez vous fier aux applis comme Yuka ou Inci Beauty ou jeter votre dévolu sur des labels bio comme Cosmébio, Ecocert, Nature & Progrès ou encore Ecolabel Européen.
→ Pour la cuisine, optez pour des matériaux nobles façon grand-mère : la bonne vieille marmite en fonte, des poêles en céramique ou en inox, des ustensiles en bois. Quant à votre alimentation, vous limiterez vos risques en misant sur les fruits et légumes issus de l’agriculture bio (et oubliez les crustacés, ce sont eux qui concentrent le plus de PFAS).
→ Pour la maison, oubliez les tissus imperméables ou anti-tâches, faites gaffe aux produits ménagers que vous utilisez (allez on n’a qu’à garder que le vinaigre blanc et le bicarbonate de soude et vivre heureux).
→ Pour le reste, recyclez le gouvernement parce que même en le passant à la machine à 60° il continuera d’être toxique.
