Mieux que la cerise sur le gâteau, la théorie du donut servie sur un plateau

Mieux que la cerise sur le gâteau, la théorie du donut servie sur un plateau

Il y a le donut à base de beurre fondu et de glaçage flashy ou sa théorie qui est une petite révolution socio-écolo-économique. On vous la décrit par le menu ?
13 August 2024
par Marie Hazan
4 minutes de lecture

Oh pinaise, si vous avez cliqué sur cet article en pensant trouvé une recette, une ode à la pâtisserie ou un portrait d’Homer Simpson donuts en main, vous vous êtes fourré un beignet dans l'œil. Ici, on va parler d’une théorie économique (dite « théorie du Donut »). Elle se distingue des modèles économiques dominants en répondant à la fois aux enjeux environnementaux et aux enjeux sociaux du XXIe siècle. On vous explique.

Mettre les PIB dans le plat

Lorsque, en 2017, l’économiste et ex-employée d’Oxfam, Kate Raworth, écrit « La Théorie du Donut, l’économie de demain en 7 principes » , elle veut repenser l’économie en prenant en compte les enjeux du futur, qu’ils soient écologiques ou humains.

On se détache alors des notions de croissances infinies, de PIB tout puissant, et de courbes linéaires, qui, depuis des décennies, règnent en maîtres sur le domaine. Sans pour autant prôner une décroissance, Kate Raworth invite les dirigeants et les partis politiques à trouver l’équilibre. Un gros coup de pied dans la fourmilière, une réorientation plus juste et durable de l’économie. Ciao la linéarité, bonjour la circularité du donut. 

Un Donut pour nous sauver tous 

Pour prendre en compte la réalité d’aujourd’hui et les défis de demain on a dessiné... Un donut. Oui, dit comme ça, c’est cocasse. Mais bougez pas, vous allez comprendre pourquoi. 

L’image est assez simple : on trace deux cercles. D’abord, on dessine celui qui représente les enjeux environnementaux, aussi appelé « le plafond environnemental ». 

Cette partie extérieure du donut représente les limites planétaires (dont nous avons déjà parlé ici). On y retrouve notamment le changement climatique, l'utilisation mondiale de l'eau, l'acidification et le réchauffement des océans ou encore, l'érosion de la biodiversité. Pour rappel, dépasser ces limites, c’est causer des dégâts irréparables sur la planète. Il en existe 9, et 6 ont déjà été largement dépassées. Ambiance.

Dans ce grand cercle, un plus petit cercle : c’est « le plancher social ». Il symbolise les onze nécessités de vie humaine, à savoir : une alimentation saine et nutritive, l’accès à l’eau potable et à l’hygiène, l’accès aux soins de santé, à une éducation gratuite, à un logement décent, à des services énergétiques adéquats, à des revenus suffisants, à des réseaux de transport et d’information. Pour établir ce plancher social, on s’appuie sur la Déclaration universelle des droits de l’homme qui établit le droit de chaque individu à répondre à ces nécessités de base. 

Entre le petit et le grand cercle (soit, le moelleux plein de beurre d’un donut), c’est « l’espace sûr et juste », le lieu où l’on doit se situer pour que les besoins de l’homme et de la planète puissent s’épanouir sans se nuire. C’est l’idéal économique à atteindre, l’espace où peuvent se concilier justice sociale et respect environnemental. 

Pour Kate Raworth, « le Donut est une boussole qui pointe vers un avenir qui pourrait satisfaire les besoins de chacun, tout en préservant le monde vivant dont nous dépendons tous ».

Une recette à 7 ingrédients 

Pour atteindre cet idéal, l’économiste identifie 7 grands leviers, 7 principes plus ou moins complexes, pour passer d’une vision archaïque de l’économie, à une vision circulaire et plus cohérente. Les voici : 

  1. Changer de but : autrement dit, oublier une bonne fois pour toutes le PIB, et ébaucher un nouveau but commun. 
  2. Avoir une vision globale : rien à voir avec votre rendez-vous ophtalmo, il s’agit de considérer, dans l’économie, les questions de société et d’environnement. 
  3. Nourrir et entretenir la nature humaine : on a longtemps oublié, au profit du profit, que l’Homme est un maillon de la Nature, un animal social avec ses biais cognitifs. Rappelons-nous-en et agissons en conséquence. 
  4. Élargir notre analyse et intégrer l’aspect systémique : des mots compliqués pour dire « dépassons les modèles simples et mécaniques du passé et adoptons des approches plus complexes et dynamiques », en gros. 
  5. Concevoir pour distribuer : imaginer des modèles économiques qui permettent de redistribuer plus facilement les richesses, pour ne pas faire des inégalités une fatalité. 
  6. Créer pour régénérer : contrairement à ce qu’on a souvent avancé, les environnements propres et sains ne sont pas réservés aux plus aisés. Les économistes du XXIème siècle devront construire un modèle circulaire (et non plus linéaire) afin de replacer l’humain dans les cycles naturels de la Terre. 
  7. Devenir agnostique sur la croissance économique : beaucoup d'économistes voient la croissance comme un but vital, alors que rien ne croît à l’infini dans la Nature. Il faut se défaire de cette addiction à la croissance. Vous voulez un patch ? 

Et aujourd’hui ? 

Même si la théorie du donut est prise très au sérieux, et qu’elle est revenue sur le devant de la table après le Covid-19, elle est encore assez peu appliquée à l’échelle mondiale. Bien qu’aucun pays ne respecte encore cette théorie, elle oriente tout de même la trajectoire de plus de 70 villes à travers le monde ! C’est notamment le cas d’Amsterdam à l’échelle européenne. 

En France, Grenoble ou Valence Romans Agglo s’essaient aussi aux indicateurs du Donut ! 

La route est encore longue, alors soyez prêts à mettre la main à la pâte et les bouchées doubles, car on a du pain sur la planche ! Vous aussi, vous avez faim (de transition écologique) ?

Sources : 

Oxfam - La théorie du Donut : une nouvelle économie est possible

France Info - Réchauffement climatique : on vous explique la "théorie du donut"

Notre-environnement - Présentation du concept du Donut

Bon pote - L’économie du donut : définition et analyse critique


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