Même si ça chauffe et ça crame de partout, il peut encore arriver de croiser en soirée une personne qui affirme fermement que le dérèglement climatique, c’est une vaste fumisterie. Warning, il s’agit d’un·e climato-sceptique. Voici quelques idées piochées dans le guide J’agis pour le climat pour décrypter les arguments du fourbe.
« Ça va rien changer d’éteindre la lumière de ta chambre ! Vu comment les entreprises polluent. »
C’est vrai que les petits gestes semblent bien insignifiants par rapport à l’ampleur des dégâts. Mais ils ne sont pas inutiles. Selon Carbone 4, si on fait un maximum d’efforts sur le plan individuel, on peut réduire de 25% notre empreinte carbone. Sans compter que ces changements auront une incidence sur les systèmes de production. Alors oui, les gestes individuels ont une valeur inestimable, et c’est pas parce que tout le monde ne les fait pas qu’il faut retarder notre passage à l’acte.
« L’Homme est super fort, on va bien trouver des solutions. »
Eh oui, l’humain est toujours plus fort que tout. La preuve, il planche sur des techniques de géo-ingénierie pour nous sortir de la mouise ! Ça fait du bien de rêver et de garder espoir, mais les ressources nécessaires pour nous permettre d’aller tous migrer sur Mars et d’élire Elon Musk, PDG de Space X, en président planétaire sont franchement insuffisantes par rapport à l’urgence climatique. Pas de bol, la planète se réchauffe un peu trop vite pour envisager ce genre de scénario de SF.
« Le climat a toujours changé. »
OK Gilbert, pas totalement faux, mais l’argument est biaisé parce qu’en l’occurrence le changement climatique qui s’opère depuis plus d’un siècle est principalement dû à l’activité humaine et à elle seule et s’opère à un rythme jamais observé. C’est vrai qu’on est super fortiches, parce qu’on a réussi comme des chefs à faire dévier la trajectoire écologique de notre planète. Chapeau.
« Le GIEC raconte n’importe quoi. »
2 500 scientifiques provenant de 195 pays, on peut estimer que ça donne un rapport relativement fiable. D’autant plus que leurs prédictions se sont toujours vérifiées par la suite. Mais les climato-sceptiques aiment bien revenir sur le climate-gate de 2009 qui mettait en cause le groupe à cause d’une omission volontaire de rapporter une baisse de température dans leur relevé (ce qui allait à l’encontre de la thèse du réchauffement climatique). Dans les faits, cela ne changeait rien aux résultats globaux.
« KEUAAA ? Arrêter de prendre l’avion ? Les écolos sont des dictateurs ! »
La menace de la dictature verte est souvent brandie par nos amis les climato-septicos. Les écolos veulent qu’on arrête de prendre l’avion et de manger de la viande, et puis quoi encore ! En réalité l’écologisme vise l’égalité et la justice sociale, ce qui implique des changements auprès des populations privilégiées.
C’est sûr que si en Occident nous devons diviser par 10 notre empreinte carbone (idéalement nous ne devrions pas dépasser les 2 tonnes éq. CO2 par personne par an d’ici à 2050 pour respecter l’Accord de Paris), cela nous impactera plus que la majorité des pays d’Afrique, qui émettent bien moins que ce seuil maximal.
« Le réchauffement, c’est super cool, ça veut dire qu’on pourra bronzer en hiver ! »
Et brûler en été ! C’est sûr que, dit comme ça, ça donne envie ! N’oublions pas qu’en France nous vivons dans un climat tempéré, peu exposé aux conséquences directes du réchauffement (sauf pour les canicules en été et les inondations). Pourtant, quand on parle d’une augmentation de 7 °C en 2100 comme s’avançaient les dernières prévisions du GIEC (certes ce n’est qu’un scénario possible, pas le plus sympa), ça veut dire qu’il faut tout de même envisager potentiellement des étés entiers de canicules avec des pics à plus de 50 °C. Et on ne parle que de la France. Pas top.
« C’est pas compliqué, il suffit que les espèces animales s’adaptent. »
Bah oui, voyons. Après tout, elles n’ont qu’à se débrouiller, ces idiotes de bestioles. Malheureusement, il semblerait que ça ne se passe pas vraiment comme ça. Un nombre imposant d’espèces s’éteignent à vitesse grand V, faute de n’avoir pu s’adapter assez rapidement au dérèglement climatique. Et comme tu le sais sans doute, chaque espèce dépendant d’une autre (c’est ce qu’on appelle les « interactions écologiques »), on se retrouve en train de vivre en ce moment même la sixième extinction de masse. RIP, la vie !