On enfonce peut-être des portes (en bois massif) ouvertes mais : les forêts françaises vont mal. Entre surexploitation et réchauffement climatique, la dégradation continue. C’est de ce triste constat que naissait déjà un combat en 2013 : celui du collectif SOS FORÊT FRANCE.
Première graine, prends-en de la graine !
C’est dans un mouvement citoyen de lutte pour le bien-être des forêts que le collectif sort de terre en 2013. Leur objectif ? Agir auprès des décideurs, et se placer en contre-pouvoir des intérêts financiers à court terme, pour protéger les bois. Ils considèrent que la forêt est avant tout un écosystème. Pour eux, cette affirmation devrait être le socle (ou le tronc) commun de toutes les gestions forestières. Ils dénoncent alors l’érosion de la biodiversité, l’exploitation intensive des ressources, ou la monoculture.
Pour se donner une existence légale et plus de poids, le collectif est devenu association en juin 2024. Nouvelle écorce, pour une nouvelle vie.
Les 16 commandements
Une forêt de petits arbustes étant plus imposante qu’un grand chêne : SOS FORÊT FRANCE réunit plusieurs associations et syndicats qui œuvrent à une meilleure gestion forestière, ensemble. Parmi eux, des noms comme le RAF ou Canopée. « C’est un espace de rencontre de gens qui luttent et militent pour la forêt. », résume Frédéric Bedel, le co-président de l’association. C’est en mettant en commun leurs informations et en s’alliant qu’ils parviennent à montrer aux forces décisionnaires de quel bois ils se chauffent !
Le point commun de tous ces groupements d’acteurs ? Ils adhèrent aux « 16 propositions pour une gestion exemplaire des forêts métropolitaines » affichées par l’association. Ces 16 points résument la vision et les objectifs de SOS FORÊT FRANCE. « On dénonce, mais on apporte aussi des propositions de solutions », souligne Frédéric.
Lire aussi → Pro Silva, un vent de liberté souffle sur la forêt.
Comment scier la branche sur laquelle l’exploitation intensive des forêts est assise ?
Pour défendre une gestion durable du bois et faire barrage à l’exploitation conventionnelle, SOS FORÊT FRANCE s’adresse aux élus et représentants politiques. Leur toute première action été d’ailleurs « une lettre adressée à l’Union européenne, pour dénoncer le manque de considération pour la nature dans les gestions forestières », se souvient Frédéric.
« Aujourd’hui, on laisse davantage les plaidoyers à l’association Canopée, qui est de toutes façons adhérente à SOS FORÊT FRANCE. En son nom propre, SOS FORÊT FRANCE appuie des manifestations ou des actions en justice, on s’adresse aux élus via des communiqués, on fait circuler les informations et arguments et on fait des propositions de loi. », explique le co-président. La voix pleine d’entrain, il ajoute « On a réussi à faire passer des articles de loi ! Notamment celui pour rétablir la cessation anticipée d’activités pour les ouvriers forestiers, pour reconnaître la pénibilité des métiers de bûcheron. » Certaines des idées présentes dans leurs 16 propositions ont également été reprises dans le préambule du Code forestier.
Vous ne raserez paaaas (coucou Gandalf)
Quand les mots ne suffisent pas, SOS FORÊT FRANCE n’hésite pas à sortir l’arbre-tillerie lourde, et a occupé les lieux qui posent problème. C’est de cette manière que les militants ont réussi à faire échouer de gros projets industriels menaçant les forêts, comme la scierie ERSCIA dans le Morvan.
Frédéric détaille : «On a commencé par alerter les habitants, les décideurs et attaquer en justice le projet. On a fait comprendre aux élus locaux que le projet générait très peu d’emploi et qu’il risquait au contraire de faire disparaître la filière locale », puis poursuit « Ensuite, on s’est installé en ZAD sur le site de l’usine. On a attaqué le projet industriel en tant que tel, mais on a aussi attaqué le fait que sur le lieu prévu il y avait des espèces protégées. Le temps que la justice passe, on a occupé le terrain pour qu'ils ne commencent pas les travaux. »
Parmi les autres victoires du collectif, Frédéric nous parle également de la Lorraine, dans laquelle ils ont réussi à faire passer des limitations de la taille des centrales de biomasse auprès de la commission régionale ; ou de sites industriels dont ils ont empêché l’implantation, comme à Lannemezan. Il conclut « Aujourd’hui, on est en train de terminer un marathon judiciaire contre la centrale de Gardanne, plus grosse usine à biomasse de France. ».
Sensibilisation, plaidoyer, action en justice, lettres ouvertes et même ZAD... Une chose est sûre : pour protéger les forêts, l’association est prête à faire feu de tout bois.
Comment adhérer ?
Chez SOS FORÊT FRANCE, les membres actifs sont toujours des personnes morales, autrement dit : des associations, des syndicats, ou encore, des groupements professionnels. Pour rejoindre SOS FORÊT FRANCE, il faut donc adhérer à une association membre.
Autrement, si vous êtes plusieurs à vouloir rejoindre le mouvement, vous pouvez aussi vous constituer en association et adhérer collectivement.
Si vous êtes une association et que vous voulez rejoindre SOS France, vous pouvez remplir le formulaire en ligne. Pour faire partie des prochains admis, il faut le remplir avant le 25 octobre, pour que la demande soit traitée pendant l’assemblée générale du 9 novembre !