Comme des chefs ! L’alimentation durable pour tous

Comme des chefs ! L’alimentation durable pour tous

Un illustrateur et un chef réunis pour la conception d'un livre pour qu'enfants et adultes s'emparent de l'alimentation durable
14 April 2016
par makesense
5 minutes de lecture

On a interviewé Bruno Pison et Stephen Reiter, soit respectivement le type qui a fait le voyage le plus cool du monde et l’illustrateur non moins génial qui a mis en dessin ses aventures.

Dis Bruno Le Petit Chef c’est quoi ?

Bruno : Le Petit Chef est un livre pour enfants. Mais aussi pour les grands. J’ai souhaité rendre simples des sujets tels que l’agroforesterie, l’aquaponie, le gaspillage alimentaire pour que les générations futures s’emparent de l’alimentation durable et que les enfants deviennent eux-mêmes acteurs de leur alimentation. Tout du moins conscients. Manger en pensant à ce que l’on mange, et pas seulement par habitude, par pulsion. Savoir quel homme ou femme a récolté cette pomme, combien de kilomètres elle a parcouru, pourquoi elle est biscornue.

Avant de changer de vie et de partir un an autour du monde tu faisais quoi ? Ce voyage c’est un craquage total ?

B. : Haha ! Je portais la cravate mais non c’était pas un craquage du tout ! J’avais un beau métier, mais c’est vrai qu’au bout de 5 ans j’avais un peu perdu le sens de ce que je faisais. Alors j’ai commencé à chercher un autre travail, comme tout le monde fait. Puis l’idée d’un tour du monde m’est venue. Évidemment, ce serait un tour du monde avec du sens, et évidemment ce serait un tour du monde de l’alimentation durable. Et quand l’idée est là, elle ne part pas.

La plus grosse difficulté fût peut-être mes 87 heures de transsibérien ou encore relayer Sydney – Melbourne en stop !

Comment on passe de cette idée tenace à un projet concret justement ? Il faut casser une grosse tirelire ?

B. : Un tour du monde, ça se prépare clairement ! Pour certains, c’est le projet d’une vie. Moi j’ai mis 6 mois à tout préparer; site internet, sac à dos, activation des contacts, plan de route, budget… J’ai utilisé mes économies, et j’ai trouvé des sponsors que je remercie encore. Et puis, j’ai beaucoup dormi chez l’habitant et en dortoirs de 16 personnes ! Les difficultés, bizarrement, elles ne me viennent pas à l’esprit. Au fur et à mesure que tu commences ton tour, les gens sont là pour t’aider. Ce fût plutôt facile de rencontrer ces 100 acteurs de l’alimentation durable. Au bout d’un moment, tu laisses faire le hasard, et tu sens les choses. La plus grosse difficulté fût peut-être mes 87 heures de transsibérien ou encore relayer Sydney – Melbourne en stop !

Qui sont tes modèles ?

B. : Un des livres qui m’a inspiré, ainsi que beaucoup de jeunes de ma génération, c’est 80 hommes pour changer le monde de Sylvain Darnil et Mathieu Leroux.  L’entreprise verte d’Elisabeth Laville également. Plus récemment, j’ai lu et apprécié Pierre Rabhi, ce philosophe amoureux de la terre. Et niveau cuisine, les meilleurs plats que j’ai mangés dans ma vie sont bien sûr ceux de mon père cuisiner. Tout ceux qui ont savouré sa tarte tatin s’en rappellent encore…

Pourquoi un livre ? Un blog c’est pas plus connectant ?

B. : Quand je suis parti, je ne savais pas s’il y aurait quelque chose de concret à la fin de mon tour du monde. En Russie, j’ai rencontré Yulia qui m’a parlé de Birke Baehr, un jeune américain qui a écris un livre sur l’alimentation durable à l’âge de 12 ans ! Je souhaitais le rencontrer à tout prix, et j’ai finalement passé quelques jours dans sa famille. Birke m’a inspiré, et m’a donné envie d’écrire. De sensibiliser par l’écrit, par les dessins. Je suis persuadé qu’il y a un mouvement de l’alimentation durable naissant. Il faut le fortifier en éduquant les générations futures dès le plus jeune âge. J’avais en tête un ami qui pourrait faire les dessins, Stephen. On en a parlé, et puis c’était parti.

Aujourd’hui tu es installé à Mexico ; changement de vie total ?

B. : Je me suis installé à Mexico parce que j’y ai trouvé l’amour…. Et que l’atmosphère du Distrito Federal est incroyable, chaleureuse et que je peux développer des projets qui me tiennent à cœur. Je lance aujourd’hui un projet de traiteur durable, service de buffet pour entreprise, administration où l’on sert des produits choisis auprès de producteurs locaux et agroécologiques. Je fais également des ateliers de cuisine française durable. Et je compte développer très prochainement des ateliers Petit Chef dans les écoles à l’aide de mon livre. Donc je ne suis pas encore fermier, mais cuisinier. Et je travaille main dans la main avec les fermiers locaux.

Ok, passons maintenant la parole à Stephen Reiter qui a illustré le livre :

Tu es dessinateur professionnel? As-tu déjà dessiné pour les enfants? As-tu déjà sorti d’autres livres ?

Stephen : Non pas professionnel, même si j’ai commencé il y a un an le live-sketching sur des évènements. Je dessine depuis tout petit et je n’ai jamais arrêté. Jamais dessiné pour les enfants c’est une première, mais j’avais donné un cours de dessin à des écoliers au Népal, ça m’a donné envie de transmettre ce savoir-faire! Première expérience de livre également.

Tu n’étais pas sur les routes avec Le Petit Chef, comment as-tu réussi à rendre fidèlement ce qu’il avait vécu ?

S. : En fait, j’avais une caméra embarquée sur Bruno pendant tout son tour, du coup je pouvais dessiner en direct. Non c’est une blague, mais à l’avenir si d’autres opportunités se présentent j’aimerais beaucoup voyager en binôme et dessiner pendant le voyage. Pour Le Petit Chef, je me suis basé sur toutes les photos et les vidéos prises par Bruno pendant son tour, et également à toutes les histoires et anecdotes qu’il m’a racontées pays par pays pour me plonger davantage dans son univers.

C’était facile de bosser avec le Petit Chef ? Ou il a fait son petit chef ? (lol)

S. : Haha ! Il était le petit chef de son histoire, de ses rencontres et de son manuscrit. J’étais le petit chef de tous les dessins, j’ai eu beaucoup de libertés et de confiance de la part de Bruno pour avancer !

Quel est ton passage préféré ?

S. : Je pense que c’est le restaurant gratuit en Australie, facile à retenir et toujours intriguant. Je vous laisse la découvrir dans le livre… Également la conclusion simple du livre que l’on devrait toujours garder en tête!

Et ton dessin préféré ?

S. : Celui avec les Massais au Kenya, ou les couleurs ressortent bien même s’il y a des défauts et des endroits un peu « vague », j’aime ce qu’il dégage, du moins pour moi.

S. : En vivre pendant 10 ans pour pouvoir voyager… non plus sincèrement, Bruno est plus tourné sur la transmission de l’alimentation durable et nous partageons tous les deux le fait de donner envie de voyager aux enfants. Ce livre donnera j’espère aussi l’envie de dessiner sur papier, avec des crayons, des feutres, des couleurs et de beaux défauts. Je trouve qu’il y a plus « d’âme » dans les dessins faits à la main qu’un truc parfait sur l’ordinateur !

S. : Notre rêve serait qu’un maximum d’enfants lisent Le Petit Chef, et aient envie de devenir producteur de cacao aux Philippines, cuisinier au Restaurant Locavore de Bali, Maître composteur en Belgique ! On a une campagne Ulule en cours, et vous pouvez pré-commander le livre !

Alors, offrez Le Petit Chef à vos enfants, ceux de vos amis, de vos collègues et lisez le avec eux, car bien manger est l’affaire de tous,


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