En 2023, le cap des 1000 sociétés à mission a été franchi. Parmi celles-ci Santéclair dont la certification a été portée (entre autres) par son secrétaire général Marc Paris. Entre doutes, réflexions, grandes avancées et petits retours en arrière, Marc raconte le chemin qui mène jusqu’au sésame de l’impact…
« Ça fait 20 ans qu’on existe, on intervient dans le domaine de la santé, on a une démarche d’intérêt général, une dimension sociale… Il y a trois ans, on s’est demandé comment légitimer notre action et faire reconnaître notre rôle sociétal. » Lorsque Marc Paris se remémore l’épopée « entreprise en mission », il se rappelle avoir posé les premières pierres du chantier en 2020. « La question s’est posée en séminaire de direction, explique celui qui est en charge du suivi de la gouvernance et de la communication institutionnelle. On voulait trouver un cadre législatif reconnu. Celui de la société à mission nous a paru le plus pertinent. »
Votre mission si vous l’acceptez
Rappelons que ce dispositif émane de la loi Pacte de 2019 et a pour objectif de distinguer les entreprises qui jouent un rôle positif dans la société. « Le niveau 1 du dispositif rend obligatoire la RSE pour toutes les entreprises, explique Coralie Gaudoux, co-fondatrice de makesense qui a développé avec Corporate for change et la communauté des entreprises à mission la formation-action Leaders à mission. Le second permet aux sociétés d’inscrire une raison d’être dans leurs statuts pour préciser leur projet collectif de long terme. Enfin, le dernier et troisième niveau offre aux sociétés les plus volontaires la possibilité de devenir entreprises à mission pour résoudre un problème sociétal ou environnemental identifié. »
L’équipe de Santéclair commence donc par définir sa raison d’être et se fait accompagner dans cette délicate mission par un cabinet de conseil qui interroge alors un grand nombre de parties prenantes pour avoir des retours sur l’entreprise. « Critiques, points forts, faiblesses, on souhaitait voir comment les acteurs de notre environnement nous percevaient et si cela coïncidait avec nos intuitions et convictions. » Bonne nouvelle, il n’y a pas de grand écart entre les perceptions internes et externes. La raison d’être émerge donc assez naturellement et figure aujourd’hui dans les statuts de l’entreprise. La voici : "Santéclair veut contribuer à ce que chacun puisse bénéficier de conseils et de soins de santé de qualité, les plus efficaces, les plus appropriés à son état, les mieux adaptés à son contexte de vie, à un prix juste et apporter ainsi une contribution clé au système de santé et à la protection sociale pour l’ensemble des citoyens."
Se former et échanger
« Lorsque le cabinet de conseil a fait une première proposition, on l’a ajustée à la marge, explique Marc. Cette raison d’être a ses travers parce qu’elle est très englobante, on ferait peut-être différemment aujourd’hui mais l’avantage c’est qu’on est tous et toutes à l’aise avec ce texte ambitieux. » Une fois la raison d’être posée, Marc décide de s’inscrire à la formation-action Leaders à mission qui propose un parcours de deux mois en collectif avec une vingtaine de dirigeants pour engager son entreprise sur la voie de la société à mission.
Au programme, 6 sessions d'inspiration, 2 intersessions d'intelligence collective et 2 ateliers de co-développement. « J’ai intégré la 3e promo de cette formation en 2022, une fois notre raison d’être définie, j’aurais pu le faire avant comme la plupart des participants à la formation mais ça restait très pertinent. » Chaque semaine, Marc se forme, échange, progresse dans sa réflexion. « Ensemble, on partage des préoccupations communes, des questionnements, on se rend compte qu’on a tous et toutes les mêmes problématiques, ça rassure et ça donne des idées. La méthodologie est carrée mais les outils proposés s’adaptent à chaque situation, j’ai vraiment apprécié cette rigueur et cette souplesse dans le même temps. Je suis ressorti de cette formation avec plein d’outils et d’énergie.»
Depuis, Marc et ses collègues ont mis en place des groupes de travail en interne pour faire coïncider stratégie globale et raison d’être. La direction de la qualité s’est impliquée sur les aspects méthodologiques, la direction juridique sur les aspects législatifs ou réglementaires et toutes les autres directions (relations clients, relations professionnels de santé, commercial, marketing) ont chacune été impliquées dans des travaux de groupe pour décliner la raison d’être en objectifs opérationnels… Enfin, le comité de mission qui est chargé exclusivement du suivi de la mission va être créé en octobre avec une dizaine de personnes internes et externes. Il ne restera plus qu’à faire tourner la machine et attendre la première évaluation officielle dans un an.
« Toute cette démarche est très intéressante pour notre entreprise, ça vient confirmer un sentiment et une culture qu’on a déjà, se félicite le secrétaire général. C’est le type de projets qui, l’air de rien, accompagne de façon forte et dans la durée une stratégie d’entreprise et vient donner une cohérence plus explicite. Évidemment, il y a des périodes où ça prend plus de temps, des moments où ça retombe mais ce n’est pas un processus coûteux et on peut prendre le temps de le mener à bien sans pression. » Marc y consacre 20% de son temps et ne regrette jamais. « Ce n’est jamais fini, c’est un travail qui accompagne une entreprise dans la durée, en permanence. C’est un projet de développement en continu. »
Formation-Action "Leaders à mission"
Pour les dirigeant·es d’entreprise qui souhaitent se mettre en chemin vers la société à mission, la formation-action qu'a suivie Marc est toute indiquée.