Le 19 janvier dernier, Anna Perraudin de la Fondation Partage & Vie et Anne-Marie Mushamalirwa de VINCI, nous ont partagé devant plus de 60 Responsables RSE leurs expériences, défis et bonnes pratiques dans la gestion des communautés internes.
Face à la réalité de l'impact environnemental significatif de leurs organisations, elles se sont engagées au service d'ambitions écologiques et ont structuré des communautés internes qu’elles animent pour mobiliser un changement positif.
A travers leurs témoignages, Anne-Marie et Anna nous ont partagé 6 bonnes pratiques pour structurer leur communauté RSE ! On vous résume tout cela ...
Repartir de l’existant et des actions menées
"Partons de l'existant, pas besoin de réinventer la roue" c’est ce que recommandaient conjointement nos intervenantes.
Cela peut prendre la forme d’un questionnaire, de discussions informelles pour identifier les initiatives déjà prises dans les différentes équipes ou business units. De cette manière, on identifie les collaborateurs déjà engagés, et l’on capitalise sur leurs apprentissages.
Cela vaut aussi une fois la communauté lancée. Les ressources produites par la communauté pourront être utiles à d’autres personnes dans l’organisation et permettent de gagner beaucoup de temps. Comme par exemple cette responsable QSE, membre d’ecowork, qui avait un temps de passage au sein de son Codir pour parler de sujets environnementaux. Elle a pu solliciter la communauté et bénéficier de ressources existantes de sensibilisation !
Impliquer sincèrement les membres de sa communauté
Cela va au-delà de la simple diffusion d'informations. “Partagez du contenu, interrogez-les sur leurs évolutions et leur moral” nous confie Anna. Cette démarche crée une adhésion plus forte et permet de remobiliser les équipes.
Offrir un espace d’expression aux collaborateurs sur les thématiques RSE permet d’identifier leurs sensibilités et leurs engagements personnels qui ne ressortent pas au quotidien. En dehors des temps de travail ritualisés, il est important de les challenger pour assurer leur investissement.
Selon Anne-Marie, fidéliser les membres les plus engagés assure une participation continue aux événements, rituels et renforce la stabilité de la communauté. Il faut que ce noyau dur se sente impliqué et valorisé.
Sensibiliser les managers et les ressources humaines
Le temps des collaborateurs est précieux et est souvent un obstacle à leur engagement dans la communauté. Les témoignages d'Anne-Marie et d'Anna soulignent le défi de mobiliser les managers. L'importance de l'aval des managers est primordiale pour elles et il est même crucial de les sensibiliser pour intégrer les initiatives RSE dans les fiches de poste, faisant de la direction générale un allié essentiel.
Dans la communauté de VINCI, ecowork ne fait pas partie de la fiche de poste des membres, donc il est nécessaire que les managers comprennent ecowork pour qu'ils soient sensibilisés et laissent du temps aux membres.
Pour Anna, il serait pertinent d’intégrer des critères d’impact/RSE aux entretiens annuels des managers, faisant ainsi de ces critères une partie intégrante de leurs préoccupations. Ces incitations managériales sont indispensables selon elle.
=> Nous avions d’ailleurs écrit un article à ce sujet L’engagement en entreprise, savant mélange entre RH et RSE
Sensibiliser les acteurs du terrain
Pour Anna, sensibiliser les acteurs du terrain est indispensable pour lancer de nouveaux projets à impact et changer les pratiques des groupes. Imposer de nouvelles normes brutalement ne permet pas d’obtenir l’adhésion de l’ensemble des collaborateurs. Cela passe par des ateliers de sensibilisation entre les différentes échelles des groupes.
Le changement durable nécessite l'adhésion de tous les acteurs. En sensibilisant et en éduquant à tous les niveaux, nous construisons un avenir où chacun se sent concerné et engagé.
Faire communauté et se retrouver en présentiel
Organiser des événements en présentiel est essentiel. Selon Anna, il est impossible de faire l'impasse sur cela. “Une communauté uniquement virtuelle ne peut pas fonctionner”.
Ces événements permettent de transmettre les méthodes d'animation à la communauté, de souder les liens, d'échanger...
Organiser des événements en personne offre aux membres de la communauté l'occasion de se rencontrer, d'échanger des idées et de renforcer leur engagement. Ces interactions en face à face favorisent également un sentiment de confiance et de camaraderie, qui est essentiel pour maintenir une communauté forte et unie.
Pour Anna, il est aussi important de communiquer ensuite sur ce qui est fait pendant ces événements, de diffuser les avancées pour montrer à l’ensemble des collaborateurs qu'il y a une valeur ajoutée et des choses qui se font. “Il est indispensable de partager le travail réalisé par ces collaborateurs engagés afin d’assurer au groupe que ce n’est pas du greenwashing ni une perte de temps.”
Faire de la communauté un espace de respiration pour les salariés engagés
La valorisation des success stories dispose d’un rôle crucial. Cela permet de mettre les membres dans une dynamique positive, renforçant leur adhésion et motivation envers les objectifs RSE.
Emmanuelle qui fait partie d’ecowork souligne que la communauté est une "vraie bouffée d'oxygène", illustrant comment la communauté peut être un moteur puissant pour l'engagement et la motivation.
Elle témoigne : “Je suis le poil à gratter, celle qui bouscule de part mon métier R&D et environnement (...) J’ai ressenti le besoin de rejoindre la communauté pour communiquer avec mes pairs. On a besoin de se soutenir. C’est un parcours du combattant. Mon rôle est de mobiliser le comex. J’avais besoin d’avoir des outils pour savoir comment mobiliser mes parties prenantes, réaliser des feedback, faire des présentations à l’orale plus entraînante (...). C’est aussi un bon moyen de prendre de l’énergie notamment via des événements en présentiel comme par exemple le festival ecowork qui accueillent des intervenants externes”.
L’ensemble de ces bonnes pratiques permettent de consolider des communautés vertueuses au service de revendications sociales et environnementales. Pour Anne-Marie et Anna, des communautés structurées deviennent ainsi des espaces d’échanges, de soutien et d’influence forts.
Si ces retours sur expérience résonnent avec vos enjeux actuels ou que vous vous sentez démunis face à vos convictions et le chemin que votre entreprise a à parcourir :
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Chez VINCI, la communauté ecowork met en œuvre les ambitions environnementales du groupe au sein de chaque entité.
“VINCI est une entreprise décentralisée. La stratégie RSE part de l’individu plutôt que du haut. En tant que direction environnementale, on est là en transverse, on peut encourager mais rien imposer”, explique Anne-Marie.
Si cette communauté interne est née d'un besoin de communication entre les chercheurs de VINCI et le reste des salariés, elle est désormais structurée autour de programmes de formation et de sensibilisation aux enjeux environnementaux actuels. Ecowork regroupe 600 membres dont 200 actifs. Pour la rejoindre, un programme de formation en ligne de 8 heures doit être suivi.
Chez Partage & Vie, la communauté a permis de répondre à l'absence d'engagement de la fondation sur les enjeux environnementaux et de durabilité. Suite à un appel à candidatures, basé sur le volontariat, six groupes de travail se sont structurés autour de thématiques RSE importantes : déchets, énergie, écosystème... Ces temps de réflexion ont permis de cibler les attentes et besoins des personnes investies tout en structurant la feuille de route RSE. Anna parle d'un réel soulagement pour ces salariés. En effet, ces sujets leur importent mais demeuraient invisibles jusqu'à présent.