L’intrapreneur·e : superstar ou mal-aimé·e ?

L’intrapreneur·e : superstar ou mal-aimé·e ?

Adulé·e par la Direction, détesté·e par son manager et certains collègues, comment protéger la santé mentale des intrapreneur·es ?
11 October 2022
par makesense
5 minutes de lecture

Adulé·e par la Direction, détesté·e par son manager et certains collègues, comment protéger la santé mentale des intrapreneur·es ?

Chez makesense, notre mission est de (re)donner le pouvoir d’agir pour un monde plus inclusif et plus durable. Dans ce cadre, nous menons depuis 8 ans des programmes d’intrapreneuriat à impact : au sein des entreprises, des organisations publiques etc. Nous transmettons à celles et ceux qui ont des idées à but social et/ou environnemental les ressources, les outils, les connexions et l’énergie nécessaires à leur réalisation. Et nous pensons qu’en outillant les individus à faire bouger les lignes à leur échelle, nous contribuons à une transformation profonde des organisations. Or, si l’importance des méthodologies d’innovation et de gestion de projet a souvent bien été assimilée, il est un aspect du parcours de l’intrapreneur·e qui est souvent sous-estimé : toute la partie émotionnelle et organisationnelle derrière cette casquette. Décryptage en 3 volets :

L’intrapreneur·e et la frustration managériale

Si les intrapreneur·es font la joie des responsables de Labs et d’innovation, ce n’est pas toujours la même musique du côté de leurs managers, partagés entre la fierté de voir leur équipe représentée dans un programme d’intrapreneuriat et la frustration à l’idée qu’un·e membre moteur de leur équipe passe une partie de son temps sur d’autres projets. Avec tout un tas de questions RH en prime : quid du temps dédié à l’intrapreneur·e ? De l’éventuel remplacement pour compenser ? De la potentielle réintégration à l’issue du parcours ? 

Certain·es intrapreneur·es constatent ainsi parfois une dégradation de la relation avec leur manager : “au moment de l’entretien annuel, j’ai bien senti que mon manager me faisait “payer” mon investissement sur un projet qui ne concernait pas directement l’équipe”

En dépit des formidables opportunités de transition culturelle et d’innovation, il ne faut donc pas sous-estimer le travail d’appropriation par les managers et anticiper certaines de leurs questions pour fluidifier cette partie. Pour cela, on vous recommande de mettre un maximum d’acteurs autour de la table quand les orientations d’un programme sont en train de se dessiner, afin de pré-engager les différentes parties prenantes et répondre aux points d’interrogation éventuels. Et de continuer le travail de pédagogie tout au long du programme, en rappelant que les intrapreneur·es développent souvent de nouvelles méthodes de travail et connaissances qui pourraient s’avérer très utiles pour l’équipe !

L’intrapreneur·e dans son jacuzzi, les collègues dans leur jalousie ?

L’innovation, en plus d’être souvent utile (particulièrement quand elle répond à des enjeux sociaux et environnementaux), c’est cool. Et l’intrapreneuriat est à la mode dans de nombreuses organisations. Alors quand on fait confiance à un·e intrapreneur·e pour aller au bout de son idée, cela peut générer une forme d’envie de la part de ses collègues, voire une vraie jalousie : “on me parle parfois de mon projet en me disant : "c'est facile pour toi, t'es en vacances pendant 6 mois à travailler sur ce que tu veux" “

Résultat, certain·es se retrouvent dans une forme d’isolement professionnel, au moment où ils ont justement le plus besoin de connexions et de soutien. D’autant plus que sur des programmes à impact, certains sont parfois déjà isolés de par leur engagement sur les sujets environnementaux.

Il n’y a pas de solution miracle sur le sujet, mais chez makesense, nous avons constaté que lorsque les programmes d’intrapreneuriat étaient organisés de façon à intégrer le plus de contributeurs possibles, ces phénomènes de jalousie étaient moins marqués. Ainsi quand on véhicule l’idée que chacun a son rôle à jouer au-delà de la figure enviée de l’intrapreneur, on désamorce d’office certaines tensions… et on maximise l’impact de son programme ! Si Thierry est bêta-testeur, qu’Isabelle est experte juridique ponctuelle sur le projet, que Myriam est idéatrice, et que Pierre porte l’idée en tant qu’intrapreneur, il y aura d’autant plus de bonnes ondes autour du porteur de projet.

L’intrapreneur·e qui est en fait en train de se noyer dans son jacuzzi 

Idéalement, un·e intrapreneur·e a du temps dédié sur son projet, une équipe en soutien, des moyens techniques pour prototyper sa solution, et un sponsorship fort pour porter le projet en interne. Bon évidemment ça c’est la théorie, et en pratique c’est souvent un peu plus approximatif. Et là où le bât blesse c’est presque toujours au niveau du temps : avant d’obtenir un soutien en interne et du temps dédié, nos intrapreneur·es doivent d’abord montrer que leur idée peut fonctionner. Dans 9 cas sur 10, ils travaillent donc sur leur temps personnel, quitte à se mettre en difficulté dans leur sphère personnelle, avec des tensions de couple ou un vrai déséquilibre pro-perso qui s’installe. C’est un aspect à ne pas négliger car il peut être source de découragement voire d’épuisement pour des personnes souvent si proactives et motivées. “mon investissement dans le projet m’est souvent reproché par ma compagne, c’est vrai que j’y passe de nombreuses soirées mais je sens bien que sans ça, je n’avancerais pas suffisamment”

On conseille donc, entre autres pistes, de faire attention au temps passé sur les projets, d’ouvrir des espaces de parole, de s’appuyer sur le collectif et l'expérience commune pour se motiver, de prendre régulièrement la température et d’aller voir si besoin les RH et managers !

Conclusion

En conclusion, chez makesense on pense que former les intrapreneurs au design thinking c'est bien, mais que les accompagner personnellement c'est mieux ! 

Un programme d'intrapreneuriat à impact a souvent pour objectif de faire émerger des idées mais aussi de transformer les individus et de les embarquer autour de la stratégie RSE de l'entreprise. Pour ça, nous pensons qu'il faut prendre en compte les individus pour mieux transformer le collectif et que cela passera nécessairement par une attention à leur bien être, particulièrement dans une période de fuite des talents. On croit donc fermement que l'intrapreneuriat ne doit pas concerner seulement les intrapreneur·es : toute l'organisation doit être impliquée dès la conception du programme, avec de la pédagogie à tous les niveaux et pas seulement au moment du lancement. 

On estime également qu’il faut dépasser la transmission des méthodes d’innovation uniquement : être intrapreneur·e demande bien plus que la connaissance des approches centrées utilisateurs et du prototypage, cela demande également de savoir faire de la politique interne, de comprendre les rapports de force, de savoir s'entourer, de naviguer entre respect du cadre et affranchissement pour le bien du projet, etc.

En bref, chez makesense on souhaite promouvoir une nouvelle forme d'entrepreneuriat et d’intrapreneuriat qui n'épuise pas les humains mais qui en prend soin. Et donc il nous semble logique que les programmes d’intrapreneuriat soient au service des équipes et pas l’inverse ! Avec au programme la montée en compétence des équipes et une meilleure prise en compte par les organisations des enjeux sociaux et environnementaux… 

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