En juin dernier, j'emmenais l'équipe de Danone Communities dans le Département de la Drôme pour découvrir un territoire pionnier en matière de transition écologique et rencontrer les acteurs qui contribuent à l'effervescence de projets vertueux pour les hommes, les femmes, les rivières, les forêts et les champs.
Une aventure de 3 jours co-organisée avec la Ferme des Amanins, lieu emblématique de la Drôme, sorti de terre en 2003 sous l’impulsion de Pierre Rabhi (philosophe paysan) et de Michel Vincent (entrepreneur local), et où les pratiques d’agro-écologie, de sobriété heureuse, de coopération territoriale et d’écologie relationnelle prennent vie.
Drôme ne s’est pas faite en un jour
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas la Drôme, tout a commencé dans les années 80 quand la rivière est déclarée non-baignable par l'ARS. Démarre alors un effort de mobilisation dont la dynamique est toujours d'actualité : citoyens, entreprises, institutions et associations font front commun pour lancer des projets de coopération et sauver la dernière rivière sauvage de France, qui fait désormais partie des rivières les plus propres du monde (sans déconner, ils ont même reçu un prix en 2005 de l’International River Foundation). “Avant d’être des salariés, des bénévoles, des chefs d’entreprise ou des agents d’institutions publiques, nous étions tous des citoyens qui souhaitions emmener nos enfants se baigner dans la Drôme le week-end” témoigne Yannick Régnier, Directeur de l’association Biovallée depuis 2022.
L’association biovallée : facilitatrice de coopération territoriale
Difficile de visiter la Drôme sans aller rencontrer les équipes de la Biovallée, association garante de la logique territoriale autour de la transition écologique et catalyseuse de projets territoriaux autour de l’eau, de la biodiversité, de l’économie circulaire, du tourisme durable et de la jeunesse. La Biovallée, c’est à la fois une zone géographique (bassin versant de la rivière Drôme) regroupant 3 communautés de communes, un projet territorial de développement durable datant des années 70 (transition agricole, eau et biodiversité), une marque étendard (la vallée du vivant) et une association qui a récemment fêté ses 10 ans. Cette dernière permet de centraliser les financements du territoire pour développer des projets à impact environnemental.
“Biovallée, c’est aujourd’hui plus de 300 adhérents, dont des entreprises, des communes, des associations et des citoyens. L’intelligence collective règne en maître et la diversité des acteurs impliqués nous permet de mettre en commun des expertises et de faciliter des coopérations au travers des projets de recherche-action plus ou moins complexes” nous explique Yannick, Directeur de l’association. “Notre force, c’est de partir de cette complexité territoriale pour créer un fil rouge autour du sens commun. On se veut organique pour permettre à la dynamique de s’exprimer sous différentes formes, mais surtout d’avancer et de se concrétiser”.
Nous avons également pris le temps d’explorer un projet d’économie circulaire porté par l’association, relatif à la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation des parcelles agricoles situées à proximité de la station d’épuration. Un sujet éminemment important quand on sait que le territoire sera de plus en plus sujet aux sécheresses, et que la Drôme ne pourra pas toujours subvenir aux nombreux besoins en eau.
Les alvéoles nous ont fait découvrir l’hydrologie régénérative
Petit tour du côté de Cobonne (26) pour découvrir l’équipe des Alvéoles et parler d’hydrologie régénérative, soit la science de ralentir l'eau pour qu'elle se répartisse, s'infiltre et se stocke mieux dans les sols. L'occasion de déconstruire nos croyances autour du cycle de l'eau et de découvrir des solutions low-tech et régénératives à de nombreux enjeux agricoles. Malgré la pluie (on était dans le thème), nous avons pu déambuler dans les 3000 mètres carré du terrain d’expérimentation de l’association et observer de nos propres yeux, les vertus de cette pratique.
Si un consensus a enfin été accepté sur le fait que les activités humaines ont une influence négative sur notre écosystème, il est paradoxalement tout aussi compliqué de faire comprendre aux acteurs en place qu'il est possible d’avoir une influence positive sur l’environnement.
La transition agricole est au cœur des débats publics et l’équipe des Alvéoles démontre chaque jour depuis bientôt 15 ans, que des modèles agricoles bons pour l’homme et pour l’environnement sont possibles. Ces pratiques dîtes “régénératives” ont la particularité de se concentrer sur les causes du dérèglement climatique, tandis que les projets d’adaptation (pourtant plus nombreux) traitent surtout ses conséquences. Samuel Bonvoisin, ingénieur agronome de l’équipe des Alvéoles et formateur en conception de systèmes régénératifs nous explique comment cela s’applique à l’eau : “L’hydrologie régénérative se base sur quatre piliers : ralentir, répartir, infiltrer et stocker. Nous créons des baissières et des buttes qui suivent les courbes de niveau, et permettent d’éviter un écoulement trop rapide de l’eau sur les versants. Grâce à cette pratique, nous luttons contre l’érosion des sols, pour une meilleure infiltration de l’eau, pour baisser la température et favoriser la symbiose”.
D’autres rencontres transformatrices
Elle a soufflé ses 25 bougies l’année dernière, la foncière solidaire Terre de Liens était également au rendez-vous pour parler de son modèle financier solidaire et des enjeux de biodiversité auxquels sont confrontés les agriculteurs et éleveurs du territoire. “On retrouve une vraie volonté chez nos porteurs de projet, de mieux intégrer les enjeux de biodiversité à leur activité. C’est pourquoi nous avons créé un programme d’accompagnement dédié, destiné à favoriser les pratiques régénératives dans nos 300 fermes : mares, haies etc…”. D’autres programmes transverses ont vocation à émerger, notamment autour de la transition énergétique des agriculteurs ou de l’adaptation au changement climatique.
Hébergés à la Ferme des Amanins, laboratoire d’agro-écologie initié par Pierre Rabhi et Michel Valentin il y a plus de 20 ans, nous avons pu découvrir les coulisses de cette aventure unique en son genre. En plus de rencontrer les maraîchers et les éleveurs qui permettent au lieu d’être quasiment en autosuffisance alimentaire, nous avons pu en apprendre plus sur les valeurs portées par ce collectif, perdu au milieu des collines boisées : autonomie, sobriété, coopération et écologie relationnelle. Plutôt qu’un modèle, la Ferme des Amanins se définit comme un laboratoire de pratiques agricoles alternatives, motivée par l’idée de montrer que c’est possible.
Enfin, nous avons pu conclure la Classe Verte sur le Grand Témoignage de Claude, militant devenu facilitateur de coopérations - à l'origine du Festival des Rencontres de Die, rassemblant 10 000 personnes chaque année depuis 20 ans - via l’association Écologie au Quotidien.
Trois journées transformatrices qui ont permis à Hélène, Alexandre, Sarah, Gian-Maria et tous les autres de vivre de nouveaux récits et de se connecter avec un écosystème riche et impactant, sur leurs sujets de prédilection : la transition agricole et la gestion de l’eau. Nous laissons d’ailleurs le (gentil) mot de la fin à Valérie Mazon, Directrice de Danone Communities :
“Merci à makesense et à la Ferme des Amanins d’avoir co-construit cette Classe Verte pour notre équipe, sous le signe de la bienveillance, du partage et de la convivialité. Nous sommes rentrés à Paris reposés, rafraîchis et avec plein d’idées à mettre en œuvre pour continuer de mener à bien notre mission d’accompagner l’entrepreneuriat social au sein du secteur agro-alimentaire”.
En juin prochain, makesense organise de nouveau une Classe Verte de 3 jours dans la Drôme, pour les acteurs et actrices de son écosystème : associations, entreprises, entrepreneur-es et collectivités. Ça vous tente ?
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