Cet article fait suite à nos constats et recommandations sur le sujet de la santé mentale des intrapreneurs
Les intrapreneur·euses ont souvent tendance à s’oublier au profit de leur projet et de leur travail salarié. Oui, il est nécessaire d’avoir des moyens financiers, de prototyper, d’avoir des partenaires, de démarcher des clients … mais la ressource la plus importante d’un projet restera toujours les personnes qui le portent ! Si vous êtes un·e intrapreneur·e ou que vous en accompagnez, voici quelques conseils pour prendre soin de soi dans cette aventure.
S’organiser pour plus de sérénité
Bien s’organiser n’est pas seulement une affaire de productivité ou d’efficacité, cela permet aussi de prendre soin de soi en posant les bonnes limites. Être intrapreneur·e implique de devoir jongler entre plusieurs vies ; en plus de la vie sociale, familiale et personnelle s’ajoutent deux vies professionnelles, le salariat et l’entrepreneuriat. Mener des double, triple voire quadruple vies, c’est épuisant et dans certains cas peut mener au burn-out si on n’en prend pas soin. Pour éviter cela, vous pouvez :
- prendre un temps pour identifier quelles sont les choses que vous ne voulez pas sacrifier dans votre vie (vos week-ends, votre séance de sport hebdomadaire, votre routine du matin, partir à l’heure pour aller chercher vos enfants à l’école, etc.)
- sacraliser ces activités en fixant des rendez-vous à l’avance dans votre agenda sur ces créneaux, et vous organiser autour.
- fixer des objectifs en prenant en compte de ces contraintes et ces limites. Cela permet d’éviter de se sentir frustré·es quand on ne peut pas atteindre des résultats trop ambitieux par rapport au temps disponible ou de travailler au détriment de sa santé pour satisfaire les exigences qu’on s’est soi-même fixées.
- apprendre à (se) dire non. Quand on se lance dans un projet, on peut avoir tendance à vouloir saisir toutes les opportunités, à vouloir tout tenter, à se laisser emporter par ses rêves. Ce feu intérieur est le moteur même de l’entrepreneuriat mais il n’est pas durable dans le temps. C’est tout à fait normal, même crucial de savoir aussi (se) dire non pour assurer sa pérennité.
- identifier à l’avance de quelle façon vous pouvez vous déconnecter du travail dans vos espaces personnels et instaurer des vrais temps de récupération : séparer son téléphone professionnel et personnel, mettre ses notifications en silence à partir d’une certaine heure, prévoir des vrais temps de pause dans son agenda (des déjeuners sans rendez-vous, des temps de travail de fond sans réunion, des limites dans les horaires de travail, des petites pauses sans écran dans la journée), prévoir des vacances sans accès à ses emails, avoir des rituels pour faire la transition entre le travail et la vie personnelle lorsqu’on fait du télétravail, etc.
- apprendre à lâcher-prise sur le résultat et accueillir l’imprévu comme faisant partie du quotidien intrapreneurial. Ce ne sera jamais parfait et jamais comme vous l’aviez imaginé, parfois il est important de se laisser porter par le projet pour apprécier l’expérience. Des activités comme la méditation par exemple peuvent aider à prendre du recul émotionnel et mental sur soi et le projet.
Les montagnes russes émotionnelles
Nous avons grandi dans une culture du travail qui met de côté les émotions, rejette la vulnérabilité et l’échec, et en même temps valorise des parcours “parfaits” d’entrepreneur·es confiant·es qui ont brillamment réussi. Pourtant les coulisses de l’entrepreneuriat ne sont pas un long fleuve tranquille : c’est un vrai raz-de-marée émotionnel où se mêlent peur de l’échec, syndrome de l’imposteur, perfectionnisme poussé à l’extrême, manque de confiance en soi, comparaison abusive avec les autres, doutes permanents, avec aussi des moments d’extase, de joie, d’accomplissement et de motivation sans limite.
Traversé·es par ces hauts et bas émotionnels, on peut vite se sentir très seul·es et incompris·es dans son projet. C’est pourquoi d’ouvrir des espaces de discussion avec vos pairs pour échanger et s’entraider : quand on partage les mêmes difficultés, il est soudainement plus facile de trouver des solutions. Cela demande un vrai travail sur soi d’accepter de ressentir et de parler de ses difficultés : ce ne sont pas des preuves de faiblesses ou d’incompétences mais simplement des émotions humaines normales, encore plus dans une aventure aussi risquée, incertaine et spontanée que l’entrepreneuriat.
Dès que vous vous lancez dans cette aventure, identifiez les personnes ou les espaces où vous pourrez partager sur vos ressentis, vos peurs, vos émotions, vos doutes. Ce seront des moments très précieux et importants dans les moments difficiles.
Le double jeu de la posture intrapreneuriale
Être entrepreneur·e et être salarié·e, ce sont deux vies complètement différentes. D’un côté, on attend de vous d’être pro-actif·ve, leader, assertif·ve, convaincant·e, audacieux·se, autonome, innovant·e, etc. ; et de l’autre, on vous demande d’être à l’écoute, dans le respect de la hiérarchie et des processus, exécutant·e, collaboratif·ve avec les contraintes imposées par un groupe, etc.
Quand on devient intrapreneur·e, on peut vite se sentir perdu·e à devoir jongler entre ces deux casquettes et ne pas savoir quelle posture adopter et à quel moment. Pour s’y retrouver sereinement, vous pouvez :
- identifier vos forces et les compétences que vous devez développer / aller chercher.
- identifier les espaces / moments où vous interagissez en tant que salarié·e ou intrapreneur·euse, et quelles sont les compétences à mobiliser dans les différentes situations. Il ne s’agit pas de “jouer des rôles” mais de savoir faire le grand écart des compétences : faire preuve d’une grande capacité d’adaptation, d’écoute et d’empathie face aux contraintes de l’organisation et oser l’audace, l’assertivité et l’originalité pour les transformer en opportunités dans son projet.
Il ne s’agit pas tant de votre posture que de la relation que vous avez avec vos interlocuteur·rices. Votre capacité à créer et nourrir des relations professionnelles où les besoins, enjeux et contraintes de chacun·e sont écoutés, pris en compte et respectés est la clef !