Biicou, le backmarket des poussettes

Biicou, le backmarket des poussettes

La jeune entreprise reconditionne dans le 9.3 les poussettes made in China. Objectif ? Alléger le bilan carbone des nouveaux-nés et le porte-monnaie de leurs parents.
20 October 2021
par Hélène Binet
3 minutes de lecture

Vous voulez le meilleur pour la planète et vos enfants ? Biicou aussi. La jeune entreprise reconditionne dans le 9.3 les poussettes made in China. Objectif ? Alléger le bilan carbone des nouveaux-nés et le porte-monnaie de leurs parents.

Dans la zone industrielle de Villetaneuse, une poussette trône au milieu du nouvel atelier de Biicou dans son plus simple appareil. Sa housse se déleste des tâches de biberon et de barbapapa dans la machine à laver voisine qui tourne à 40°C et aux lessives bio, ses roues s’offrent une révision, ses pneus sont prêts à être changés… C’est une Yoyo, la rolls des poussettes urbaines dont le prix, lorsqu’on l’achète neuve avec tous ses accessoires flirte avec le SMIC. “Les parents dépensent en moyenne 1600 euros avant l’arrivée de l’enfant, explique Yann Sigolis qui a imaginé avec Harold Martin, Biicou, le premier service de puériculture reconditionnée. Nous avons voulu créer un service qui soit bon pour les enfants et bon pour la planète.” Arrivée hier, la Yoyo est donc ici chez Biicou pour s’offrir à la fois un lifting et un contrôle technique. Dix-huit points de contrôle ont été identifiés et sont scrupuleusement vérifiés. “Tout est réparé, désinfecté et testé dans notre atelier, précise Harold. L’idée est de proposer un produit sans surprise et garanti 12 mois.” 

Premiers pas

Dans la version V1 de leur atelier, l’équipe aujourd’hui composée de 4 personnes, arrive à sortir 5 poussettes par jour et aimerait parvenir au triple d’ici la fin de l’année en automatisant tout ce qui pourrait l’être sans perdre en qualité. Pour la récupération des poussettes par exemple, la procédure reste encore aujourd’hui très artisanale et chronophage. Comment ça marche ? Les personnes qui souhaitent vendre leurs poussettes appellent Biicou pour évaluer leur produit en ligne et convenir d’un rendez-vous à domicile pour qu’on vienne la récupérer. Harold se transforme alors les fins de semaine en chauffeur-débarasseur et sillonne l’Île-de-France pour récolter les poussettes prêtes pour une deuxième vie. “Le prix d’achat est défini en fonction d’un certain nombre de critères que l’on ré-évalue une fois qu’on a l’objet en main avec notre grille de 18 points de contrôle, raconte Harold. On se donne deux jours pour proposer un prix définitif.” Pour une Yoyo par exemple, le prix de rachat varie entre 50 euros pour une poussette cassée et 300 euros pour un modèle qui a peu servi. Une fois reconditionnée, elle sera revendue 30 à 60% moins chère qu’une neuve sur le site et pourra être expédiée partout en France, “même dans le Larzac” promettent les fondateurs.

Les bons plans des tontons

Dans la bande à Biicou, personne n’a de progéniture mais chacun a des amis ou des cousins qui en ont. “C’est parce qu’une ex-collègue enceinte ne voulait que des cadeaux écolos que je me suis dit qu’il manquait un service de reconditionnement pour le matériel de puériculture”, témoigne Yann. En effet, aujourd’hui, il est possible d’acheter du matériel d’occasion sur les brocantes ou les sites de seconde main mais aucune garantie n’est apportée. Peu de parents n’imaginent avec sérénité leur poussette perdre une roue en pleine course. Si Yann et Harold ne sont donc pas (encore) papas gâteaux, tous les deux sont ingénieurs, réparaient eux-mêmes leur mob lorsqu’ils étaient ados et ont le goût de l’entrepreneuriat. En février 2021, lorsqu’ils lancent leur idée, ils  se font incuber par makesense, bouclent  une première levée de fonds de 150 000 euros et c’est parti. “Je me souviens de la première poussette qu’on a récupérée, confie Harold, c’était à 1 kilomètre d’ici. Il manquait une pièce cruciale, on n’a jamais pu la revendre. Aujourd’hui, on ne se fait plus avoir.” Pour les petites pièces introuvables, Biicou a désormais la parade, l’impression 3D. “On a fait des prototypes et ça fonctionne bien, se réjouit Yann. On ne va plus être obligés d’acheter des kits complets chez les fabricants.” 

Pour les prochains mois, Harold et Yann ont pas mal d’idées dans le filet de leurs poussettes : faire travailler dans leur atelier exclusivement des personnes du 9.3 et créer un partenariat avec Metishima qui valorise les compétences des personnes issues de la migration, devenir le SAV des grandes marques de poussettes, créer un partenariat avec C-Discount, formaliser un réseau de dépôt de poussettes en Île-de-France à la manière de Vinted, envisager une deuxième levée de fonds. L’objectif, en 2022, après un an d’existence, est de faire marcher leur entreprise debout. Comme une grande.