Un brin nostalgique de ta coloc des premières années d’étude ? Une farouche envie de partager plus et consommer moins, de s’organiser autrement et de mettre les mains dans la terre (optionnel quoique conseillé) ? Et si on écoutait cette petite voix qui nous invite à creuser d’autres voies, et notamment à réfléchir à d’autres manières d’habiter ? Solidaires, écologiques et collectifs, cap sur ces éco-lieux qui se développent partout en France.
©ClémentOsé - Ferme Légère
« Il faut organiser non pas un aménagement mais un déménagement du territoire ». Mathieu Labonne, climatologue, militant et dirigeant de la coopérative Oasis, une organisation qui soutient les collectifs citoyens souhaitant créer des lieux écologiques et solidaires, est convaincu d’une chose, « il faut réintégrer des gens à la campagne qui retrouvent des formes d’autonomie et de souveraineté », pour créer une société écologique.
En caricaturant à peine, la société se divise aujourd’hui entre, d’un côté, des villes qui concentrent emplois, services et populations, de l’autre, des campagnes nourricières et dépeuplées. Et entre les deux, une dépendance accrue et un système tendu. Dans ce tableau peu reluisant, les éco-lieux entendent changer la donne.
En visant l’autonomie à travers le collectif, l’éco-lieu « permet à des individus de faire des transitions individuelles ». À l’échelle du territoire, ces lieux sont bien souvent l’embryon d’une transition plus large, s’ils contribuent à régénérer du lien social et à enclencher une dynamique locale.
Si la perspective d’un habitat partagé, d’un poulailler et de fraises dans le jardin attire de nombreuses personnes, la création d’un éco-lieu n’est pas tout à fait un long fleuve tranquille. Avant de partir au casse-pipe, il est recommandé de vérifier son éco-lieu compatibilité.
« Il faut organiser non pas un aménagement mais un déménagement du territoire ». Mathieu Labonne, climatologue, militant et dirigeant de la coopérative Oasis, une organisation qui soutient les collectifs citoyens souhaitant créer des lieux écologiques et solidaires, est convaincu d’une chose, « il faut réintégrer des gens à la campagne qui retrouvent des formes d’autonomie et de souveraineté », pour créer une société écologique.
En caricaturant à peine, la société se divise aujourd’hui entre, d’un côté, des villes qui concentrent emplois, services et populations, de l’autre, des campagnes nourricières et dépeuplées. Et entre les deux, une dépendance accrue et un système tendu. Dans ce tableau peu reluisant, les éco-lieux entendent changer la donne.
En visant l’autonomie à travers le collectif, l’éco-lieu « permet à des individus de faire des transitions individuelles ». À l’échelle du territoire, ces lieux sont bien souvent l’embryon d’une transition plus large, s’ils contribuent à régénérer du lien social et à enclencher une dynamique locale.
Si la perspective d’un habitat partagé, d’un poulailler et de fraises dans le jardin attire de nombreuses personnes, la création d’un éco-lieu n’est pas tout à fait un long fleuve tranquille. Avant de partir au casse-pipe, il est recommandé de vérifier son éco-lieu compatibilité.
©Mascobado
Une aventure collective
De tailles variables, aux activités diverses, les éco-lieux ont néanmoins deux invariants : ils sont collectifs et écologiques. Bâtis autour de la mutualisation des espaces, du partage des ressources et savoir-faire, et d’une gouvernance partagée, ces espaces proposent d’autres modes de collaboration que l’individualisme ambiant.
Néanmoins, le collectif peut être aussi ressourçant pour certains qu’il est violent pour d’autres. Si vous êtes allergique aux réunions, aux discussions à rallonge, aux petits accommodements du quotidien, l’aventure collective risque d’être frustrante. Avec quinze années d’accompagnement de lieux au compteur, Mathieu Labonne se veut prudent : « Factuellement, c’est un mode de vie qui ne convient pas à tout le monde. Ça demande d’être déterminé, de vouloir contribuer à la société et d’aimer le collectif ». Et d’ajouter « c’est une vie très intense. Si on veut une vie plan-plan, autant prendre un appartement et un abonnement Netflix. Vivre avec d’autres gens tout le temps, avoir des enfants qui viennent chez soi tout le temps, c’est exigeant et on peut ne pas le supporter ».
Se hâter avec lenteur : éloge de la tortue dans la création des éco-lieux
Bien se connaître, choisir une organisation qui convienne vraiment à ses souhaits et possibilités (et pas à son idéal fantasmé), prendre le temps de poser des fondations solides… Dans un élan d’enthousiasme, on peut être tenté de passer un peu vite sur ces questions initiales. Pourtant, elles sont fondamentales à la bonne tenue du projet dans la durée, car monter un éco-lieu, c’est un projet de vie avec son lot de complexités. Celles et ceux qui souhaitent se lancer aujourd’hui ont néanmoins un avantage considérable : d’autres ont déjà fait les erreurs avant eux.
Des centaines d’éco-lieux existent en France, selon des modalités très variées. Immeubles écologiques et participatifs à Montpellier, coloc rurale militante dans le Loir et Cher, ferme autonome et expérimentale dans les Pyrénées-Atlantiques, chaque lieu développe ses propres spécificités. La plupart de ces lieux sont d’ailleurs friands de partager leur expérience, beaucoup proposent même des visites encadrées. Mathieu Labonne ne cesse de le répéter, une des premières choses à faire est « d’aller voir plein d’éco-lieux avant de lancer, pour vraiment mesurer ce que c’est et affiner ce qu’on veut ».
L’originalité de ces lieux impose de se poser les bonnes questions, voire de se faire accompagner, pour trouver le montage financier et juridique qui sera le plus adéquat pour le projet dans la durée.
©Moulin Bleu
Des éco-lieux au service du territoire
Dix ans à peine en arrière, ces communautés étaient souvent vues avec des yeux circonspects voire suspicieux par leurs voisins. Si Mathieu Labonne ne nie pas qu’il « y a quand même une rencontre de cultures différentes », notamment quand aucun membre du collectif n’est issu du village d’attache, l’intégration de ces lieux dans le tissu local est de plus en plus une réalité. Cela grâce au souhait et à l’engagement bien plus affirmés des gens qui créent ces lieux de contribuer à un territoire, et à l’ouverture des villages qui les accueillent. Mathieu se veut rassurant sur ce point, « si les porteurs de projets d’éco-lieu arrivent avec une forme d’humilité et d’écoute des besoins du territoire, et c’est de plus en plus le cas, globalement ça prend du temps mais ça se passe bien ».
Les collectivités locales peuvent même se poser en soutien du projet. En facilitant les démarches côté urbanisme ou en collaborant pour dynamiser le territoire, certains élus se montrent très favorables à l’implantation d’éco-lieux sur leur commune. Il est également possible d’obtenir des soutiens financiers de la part de certaines régions.
Tester avant d’approuver
Ces dernières années ont vu se constituer de nombreux lieux partout en France, la Drôme, l’Ardèche, l’Ariège ou encore la Loire-Atlantique étant les endroits privilégiés par les porteurs et porteuses de projet. Aujourd’hui, le contexte est un peu nouveau. En plus de la création d’éco-lieux (actuellement 20 000 personnes y vivent, la coopérative Oasis ambitionne de porter ce nombre à 100 000) qui bat encore son plein, des lieux existants cherchent un second souffle ou tout simplement à remplacer des membres qui ont quitté le projet. Plus simple que la création d’un collectif et d’un lieu de but en blanc, cette première approche dans ces villages d’un autre type peut s’avérer une bonne entrée en matière, pour se frotter au collectif et à d’autres manières de penser la vie en société.
Explorer les éco-lieux :
- La carte des Oasis, constituée par la coopérative Oasis et Habitats Participatifs
- Hameaux légers, l’association référente pour accompagner des projets d’habitats réversibles
- La pépinière Oasis, une formation de six mois pour apprendre à créer son éco-lieu
- De nombreux groupes Facebook (oui, Facebook n’est pas mort) régionaux permettent de suivre l’actualité des éco-lieux de son territoir