Ayatollah du vinaigre blanc, prêtresse du légume de saison, donneuse de leçons de sac plastique, l’écolo que je suis est pour beaucoup très proche de la relou de service. Comment garder ses convictions sans finir seultou avec sa purée de topinambours ? Je vous ai demandé conseil, vous m’avez répondu, je vous partage. Cadeau !
Testons pour commencer ton degré d’intolérance aux écolos de bac à sable. Quelle tête fais-tu quand ton pote ramène des tomates cerises à l’apéro en plein mois de décembre, ou quand ta famille t’offre un pull Zara made in exploitation forcée des ouïghours ? Tu as envie de leur faire avaler les 18 tomes du GIEC cul sec et de spammer leurs messageries avec les vidéos sur l’industrie textile mais tu serres les dents parce que tu ne veux pas finir avec l’étiquette anti-joie de vivre ? Je te comprends tellement.
Se retrouver dans la case des écolos “anti-tout” ou pire encore se faire passer pour une illuminée, voire une folle à lier par Pascal Praud et Valeurs Actuelles, c’est compliqué. Mais quand tes proches s’y mettent, à coup de blagues graveleuses ou d’attaques passives-agressives, là ça devient carrément insupportable. Alors, comment rester écolo tout en gardant ses potes ? Voici vos meilleurs conseils pour sensibiliser vos ami·es sans vous museler, ni devenir la persona non grata qu’on ne veut plus inviter à un apéro improvisé.
Technique #1 Ne pas parler que de ça
À vrai dire, on n’est pas obligé de crier sur tous les toits qu’on est écolo et donc de sauter sur la première occasion, poings levés, pour reprocher à l’autre sa passivité face au plus grand enjeu du siècle. Emma, par exemple, ne se présente plus comme quelqu’un d’engagée et d’écolo : « Je n’ai pas envie de me laisser aveugler par mon engagement écologique. Je suis avant tout plein d’autres choses : cuisinière, artiste, bricoleuse, maman… ». Benoît, lui, continue de se présenter comme « écolo », mais préfère ne pas « s’énerver ou insister quand l’autre n’est pas ouvert au débat. Il faut économiser son énergie, discuter avec pédagogie et ouverture avec celles et ceux qui s’intéressent et surtout ne pas blâmer. Le plus important selon moi c’est de féliciter les petits efforts et de montrer au quotidien mes engagements et à quel point ils sont simples. » Jeanne quant à elle a peut-être trouvé la formule magique, puisqu’elle transforme son indignation en « action positive et bankable. J’en avais marre de faire chier mes potes avec mes reproches constants, alors maintenant j’allie des passions que nous avons en commun, comme le sport, avec mon engagement écologique. Voilà comment on se retrouve lors de nos sorties kayak à ramasser des déchets jetés en mer ! » Vous prenez des notes ?
Technique #2 Attendre que nos proches nous rejoignent dans notre engagement
Le plus simple c’est peut-être de faire en sorte que nos proches « transitionnent » avec nous dans le monde merveilleux de l’écologie, non ? Emma, par exemple, propose à sa famille de cuisiner ensemble des repas entièrement végétariens et envoie chaque semaine à ses potes du contenu engagé pour qu’ils s’informent et ouvrent les yeux. « Il faut surtout éviter au maximum les pics qui braquent et ne mènent à rien… faire des reproches sur des petites actions comme la consommation de fast fashion par exemple, c’est vraiment contre-productif, » estime Marie. « Il ne faut pas oublier d’où l’on vient et que chaque personne avance à son rythme. » D’après Hector, il faut en effet « accepter le temps long ! Se rappeler de sa propre expérience d'éveil écologique, du temps que ça a pu prendre de mettre en place de nouvelles habitudes, d'oser sortir du déni... » Notre nouveau mantra ? Être patient·e, donc. D’ailleurs, « comment faire des remarques à nos proches si on est soit même écolo et imparfait·e ? »
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Technique #3 Les faire basculer doucement mais sûrement vers un monde meilleur
Combien d’entre vous ont essayé de sensibiliser leurs proches, sans succès ? Beaucoup trop au vu des nombreux commentaires qui racontent le chemin de croix pour faire basculer tonton Michel vers un monde plus vert. En étant subtile, Fatia y arrive petit à petit : « Je propose des projets engagés mais sympas, des sorties dans des restos engagés, mais sans le dire, des vacance ou des week-end cools mais pas trop loin ou accessibles en train pour tout le monde, je cuisine des repas végétariens... J’en suis même venue à gérer les courses des week-ends entre potes pour tout prendre en vrac et leur faire découvrir à quel point c’est accessible. » Nicolas lui, ne fait pas dans la discrétion et bombarde d’infos ses proches sur le réchauffement climatique : « Je préfère informer plus que condamner. Le but n'est pas de braquer l'autre mais plutôt de l'inviter à s'interroger. » Pareil pour Clémentine, qui souhaite « semer des graines plutôt que d'essayer de les planter avec un marteau. »
Technique #4 Incarner ses idées et être l’exemple
Et si on n’a pas envie de jouer au prof pénible avec ses proches ? « Ce n’est pas à moi d’éduquer mes proches sur le réchauffement climatique. Au début j’essayais, mais on comprend vite à quel point c’est frustrant. Maintenant je n’ai plus l’énergie », ajoute Clémentine. Alors on fait quoi ? Eh bien 80% de vos témoignages sont unanimes : il faut incarner nos idéaux au quotidien, tenter d’inspirer plutôt que de convaincre. Je crois que nous avons un grand gagnant ! « Faire, plutôt que d'essayer de convaincre, je crois que c'est le meilleur conseil que je tente d'appliquer. Les gens qui ne veulent pas écouter ne le feront pas. Mais s'ils voient comment tu agis, et en leur partageant (voire même en les invitant), l'expérience sera davantage positive et moins relou. Une graine sera plantée », estime Chloé. Donc on arrête de faire la leçon ? Assurément. Il n’y a « pas de meilleur exemple que l’exemple. Faire et se taire, » ajoute Barbara. Et comme le dit si bien Mathilde, « c’est bien de se contenter d’agir en accord avec nos valeurs et faire ainsi le pari que cela donnera de belles idées à celles et ceux qui nous aiment ! »
Technique #5 Mieux s’entourer (quitte à perdre certains potes, mais c’est la vie)
Bon ok, et pour ces potes qui ne jurent que par C News ? « Avoir des potes qui partagent nos valeurs et qui nous encouragent est essentiel, » estime Hélène. « Si on perd nos potes, c'est sûrement qu'ils devaient bien finir par partir. » Pas facile, quand même, quand l’amitié en question remonte à plusieurs décennies. Mais ça n’effraie pas Henry : « si je dois perdre des potes parce qu'ils mettent plus de valeur sur leurs idées reçues que sur notre amitié, c'est Ciao. Ne pas se soucier des questions d'écologie et de justice sociale est un red flag de toute façon. » Ambiance. Mais Daniel aura le mot de la fin. « Personne n’est irremplaçable et si mes potes en viennent à me considérer comme le relou de la bande parce que j’énonce des vérités qui les dérangent et les bousculent dans leur vie de privilégié, tant pis. Je trouverai d’autres potes.» Et puis vous savez ce qu’on dit ? Il est moins grave de perdre que de se perdre. À bon entendeur.
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