OSKOUR, mon mec/ma meuf est écolo

OSKOUR, mon mec/ma meuf est écolo

Vivre avec une personne qui ne partage pas ses convictions écologiques ? On vous aide à filer le parfait amour bio.
29 September 2023
par Louise Pierga
4 minutes de lecture

Peut-on partager sa vie avec une personne qui ne partage pas ses convictions écologiques ? La prise de conscience climatique est-elle une briseuse de couple à prendre au sérieux ? Voici conseils et réflexions pour voir la vie en rose quand tout le monde ne pense pas en vert.

Quel bonheur de filer le parfait amour avec l’élu·e de votre cœur. Seulement voilà… depuis quelques temps, il semblerait que l’être cher adopte de nouvelles habitudes… et voilà que maintenant on doit acheter des produits en vrac… et que j’t’embrouille si tu oses parler de prendre l’avion pour les prochaines vacances…. Et comment ça, “on va afficher un portrait de Jean Jouzel dans le salon” ? Malheur à vous ! Votre +1 manifeste tous les symptômes d’une conscience écologique.

Prise de tête climatique

ALEEERTE Jean-Marc Jancovici nous avait prévenus ! Conjuguer un maintien de l'harmonie familiale ou affective avec une modification importante des comportements ne relève assurément pas du domaine de l'ingénieur.” (source) Tu m’étonnes John. S’il n’est déjà pas évident de partager vos convictions écolo auprès de vos parents boomers, vos amis fans de kérosène ou encore, vos collègues Deliveroophiles, le couple est le dernier bastion de votre abominable prosélytisme décroissant. Que faire quand l’un des partenaires récemment biberonné aux rapports du GIEC commence à vous demander de ramener vos propres contenants pour les plats à emporter ? 

D’ailleurs oubliez les sushis du dimanche soir, Jérémius a lu un article sur la surconsommation de saumon en France et ne dormira pas avec un·e morfale de sashimi. Que sont-ce ces nouvelles exigences alors qu’on vivait très bien jusque-là d'amour et de plastique ? À force de jouer les modèles de vertu, votre vie sentimentale peut vite tourner au rouge. Changer son comportement en réduisant son empreinte carbone, c’est une chose ; embarquer ses proches dans cette folle avanture en est une autre. L’expression “eco-dumping” commence ainsi à voir le jour : se faire lourder pour des raisons écolo. Larguer hommes, femmes, enfants, chien et chat pour mener tout·e seul·e votre barque en accord avec vos principes serait-il la meilleure solution ? Pas sûr qu’on aille bien loin dans ces conditions.

Écolo et plus si affinités

On s’est longtemps posé la question des affinités dans le choix de nos nouveaux partenaires. Faut-il être du même bord politique ? Faut-il partager la même passion pour le cinéma (ou le tricot) ? Mais depuis quelques années, un nouveau critère vient écraser tous les autres : sommes-nous écologiquement compatibles ? Rien de surprenant quand on sait que depuis 2019, les Français mettent l’environnement en première position de leurs préoccupations au même titre que l’emploi (source). D’ailleurs, les témoignages de premiers rencards ne manquent pas pour exprimer des “red flag” d’écolo.  N’importe quoi ce gars qui propose un week-end en amoureux à Venise avec des billets EasyJet, OSKOUUUUR le cauchemar je vomis ! 

Ces différences peuvent être fatales aux premiers émois d’un couple en herbe. Voilà pourquoi des applis de rencontre dédiées ont vu le jour. On pourra ainsi rencarder des non-viandards sur Veggly, rencontrer des loustics faits du même esprit nature que nous sur Amours Bio, ou encore rouler des mécaniques sur Greenlovers (un site de rencontre pour les amoureux de la couleur verte, si j’ai bien compris). Reste à se demander si le projet de rencontrer une personne qui partage les mêmes écogestes que nous, suffit à nous faire fondre le cœur aussi vite que l’Antarctique. N’y-a-t-il pas une forme d’élitisme à attendre d’un·e inconnu·e qu’il ou elle soit au diapason de nos propres valeurs ? Pire encore, imaginez que cette personne soit bien plus radicale et que ses engagements vous fassent passer pour un noob en écologie ?

Le Nom des gens, un film de Michel Leclerc

Tel qu’il est, il me plaît…

Bien que ces préférences soient hautement justifiées, elles sont aussi liées à une polarisation des sujets de société (accentuée sans nul doute par les réseaux sociaux). On a de plus en plus de mal à accepter qu’une opinion ne soit pas exactement la même que la nôtre (et si vous n’êtes pas d’accord, retrouvez-moi dans la rue pour qu’on se batte). Cette radicalisation des opinions nous rend difficilement concevable de faire un bout de chemin avec une personne qui ne partage pas notre mode de vie. Le risque étant que tous les écolos pur jus se retrouvent entre eux ! Dans le film Le Nom des Gens de Michel Leclerc, le personnage de Bahia couche avec des droitards pour leur faire naître une âme de gauche. Eh bien voilà ! On n’a qu’à batifoler avec des climato-sceptiques pour activer leur “green mode”, ce serait une belle abnégation, vous ne trouvez pas ? 

Si le projet de rencarder des Claude Allègre ne vous botte pas outre-mesure (étonnant), rassurez-vous il y a tout de même une petite marge. L’écologie étant désormais un sujet de premier plan, il y a fort à parier que vous rencontrerez des personnes peu ou prou (voire très prou) en adéquation avec votre éthique. Et si vous n’êtes pas en totale symbiose verdoyante, l’amour aidant, vous parviendrez à trouver un terrain d’entente. OK pour arrêter l’avion, mais pas envie de fabriquer sa lessive soi-même. Qu'à cela ne tienne ! Tant qu’on ne vous force pas à manger de la côte de bœuf au p’tit dej ou à acheter un SUV, tous les espoirs sont permis non ?