Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit leur campagne, allez rendre visite à vos grands-parents. Ou s’ils ne sont plus de ce bas monde, repérez-en dans un petit parc, allez vous asseoir sur un banc, 5 minutes avec eux, regarder le temps tant qu’il y en a. Et vous comprendrez rapidement, en les observant, que ces gens sont en fait à la pointe dans tous les domaines, qu’ils et elles ont 3 coups d’avance sur tout le monde. 40 raisons de nous croire sur le champ.
1- Le 3310
Regardons la lumière bleue en face : le smartphone ennuie tout le monde, sorte de bague à nos oreilles de moutons. Ce petit monsieur qui pianote sur son “dumbphone”, voilà l’avenir, voilà ce que nos êtres intoxiqués au scroll vont bientôt s’arracher.
2 - La tisane
Écartez-vous, il est de retour le “pisse-mémé” (comprenez “une boisson dont la valeur diurétique est remarquable). Écoutez Gad Elmaleh ou Roman Frayssinet raconter comment ils ont décidé d’arrêter l’alcool et vous comprendrez que la nouvelle tendance pue la verveine. Les discotisanes vont bientôt pilulier et on vous assure qu’il n’y a pas que les vieilles dames que cela fera uriner.
3 - Les pulls en laine difformes
Oui nous allons recommencer à coudre et non nous ne serons pas aussi bons que nos aînés. Oui nous serons hyper fiers et fières de dire : “tu vois ce pull là ? Et bien c’est bibi qui l’a fait” et non cela ne dérangera plus personne de ne pas avoir le style Zara en hiver.
4 - Les puzzles
Comment avons-nous pu oublier une telle merveille ? L’avantage du puzzle, c’est que c’est comme tiktok : il suffit de commencer pour devenir passionné, instantanément.
5 - La glace rhum-raisin
Ne faites pas cette tête-là. Vous avez toujours boudé celle de vos grands-parents parce qu’à l’époque, lorsque vous aviez 5 ans, le goût vous avait surpris. Mais aujourd’hui tout va changer. Et partout en France vont fleurir les food trucks spécialisés dans la glace rhum-raisin à emporter.
6 - Les bougies
On n’a pas encore la date exacte de l’effondrement de nos infrastructures énergétiques mais disons qu’une heure viendra, peut-être plus tôt que prévu, où les dîners à la bougie seront obligés, et pas désagréables, après tout.
7 - La carte géographique papier
Rien de plus jouissif que de sortir sa petite carte, tel un skippeur du Vendée Globe et de pouvoir montrer de son index charnu : tu vois, on est pile ici. 4G ou pas, vous ne serez plus jamais perdu dans votre existence.
8 - Les crieurs dans la rue
“Dernière nouvelle : Donald Trump se reconvertit en ostéopathe” ! Vous vous imaginez crier ça dans la rue, ou croiser un crieur ou une crieuse raconter gaiement le monde ? Ça aurait une autre gueule que la notification LeMonde de votre smartphone, non ?
9 - Les chaussures pantoufles-chaussons-tu-sais-pas
Nos seniors portent parfois des chaussures qui n’ont pas encore fait le choix de leur orientation professionnelle. Elles hésitent entre le chausson et la vraie chaussure d’extérieur. Outre cette difficulté à faire des choix, saluons leur aspect confortable et engageons-nous à remettre au goût du jour ces pantoufles paumées.
10 - Le loto du village
Vous avez déjà essayé ? C’est de là que les campagnes vont reprendre le dessus sur les villes. La vague du loto est en marche, elle arrive. Elle arrive bientôt.
11 - L’écologie
Ne cherchez pas à faire le ou la maline avec votre lombricompost. Vous n’atteignez pas l’orteil de nos sages. Ce sont eux les vrais. Seconde main, DIY, économie circulaire, zéro déchet (parfois au point de stocker des produits périmés pendant 2 ans dans le frigo : attention, quand même), ils et elles ont tout compris, et depuis toujours. Reste plus qu’à les regarder vivre et l’écologie sera vraiment de retour.
12 - Les chansonniers
“Un chansonnier est un auteur de sketches ou chansons satiriques sur l'actualité, souvent à teneur politique”, selon wikipédia. Thierry Le Luron, ça vous dit quelque chose ? Créer des écoles de formation pour devenir chansonnier, chansonnière, c’est l’avenir. Le début du déclin de l’école 42 de Xavier Niel.
13 - Le petit tabouret pliable
Nous irons partout avec. Au milieu d’un champ, d’une rue, d’un festival, d’un bar. Notre petit porte-fessier à nous, nous autorisant à la contemplation et à la lenteur, où que l’on soit.
14 - Les bras croisés dans le dos
Dans la même veine : se poser quelque part et observer, bras dans le dos. On ne le fait plus. C’est pourtant le summum de la poésie et de la classe. Une manière de dire à ce qui vous entoure : “je suis là, tout va bien”.
15 - Les jeux de mot
Totalement scandaleux que cette espèce-là se retrouve, en 2025, en voie de disparition.
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16 - Le mini-enregistreur
Si vous avez vu Amélie Poulain, vous remarquerez Dominique Pinon utiliser son mini-enregistreur pour décrire les temps forts (ou faibles) de sa journée. Plutôt que de pianoter sur nos smartphones, retrouvons cet objet et découvrons, non sans joie, son utilité folle. Et à la fin de la journée, c’est cadeau : un podcast mosaïque de votre journée à réécouter avant de dormir. Elle est pas belle la vie ?
17 - La ponctuation sobre
Hier vous écriviez à votre grand-mère : “Trop heureux de vous accueillir mamie !!! Je vous prépare un bon repas :) et venez quand vous voulez [emoji coeur trop rouge]!”. Sa réponse à elle ? “Bien reçu.” C’est simple, basique, évident, on ne perd pas de temps. Imitons-les, arrêtons les orgies d’enrobage digitalo-émotionnel.
18 - Le café-théâtre
“Aaaah Coluche, tu sais, il a commencé dans les Café Théâtre” “Oh oui et puis De Funès, pareil hein ! Il jouait du piano lui !”. Là-dessus, il y a du progrès, on sent qu’il sont bel et bien de retour. Mais maintenons nos efforts.
19 - Les ragouts
Le plat qui mijote 12 heures dans le vieux poêle à bois, CA, c’est de la cuisine. Le plat HelloFesse, suremballé, cuisiné en 320 secondes, CA, c’est pas de la cuisine, c’est de la rentabilité digestive.
20 - Le bidet
Juste pour la sonorité du mot. Et aussi parce qu’en cas d’effondrement, voir le numéro 6, ce sera pas mal pour éviter les douches de 7 heures.
21 - Les poules
A partir de 70 ans, quand on vit en campagne, la poule, c’est comme la ceinture de sécurité : c’est obligatoire et ça ne peut faire que du bien. Et si l’État français offrait une poule à chaque jeune à l’âge de 18 ans ?
22 - Les débats politiques classes
“Vous n’avez pas le monopole du coeur” c’était pas mal quand même. La noblesse va revenir dans la tête et le cœur de nos élus et élues. Ne levez pas les yeux au ciel, merde.
23 - L’amour courtois
S’en aller à la conquête de son beau, sa belle, jouer du banjo sous sa fenêtre, dans un respect infini, porté par un verbe lumineux… Racontez-nous comment c’était au Moyen-Âge Grand-Maman. (Vous êtes très, très vieille Grand-Maman quand j’y pense)
24 - Les lettres
En parlant d’élan du cœur : que ressentez-vous quand vous recevez un sms ? Puis une lettre manuscrite ? Voilà. Voilà donc le visage que prendront nos futurs échanges passés.
25 - La radio à piles
Désherber et écouter Joe Dassin cracher mélodieusement dans un petit truc sans fil, sans bluetooth défectueux, sans pub. Le spotify de l’époque était prémâché pour nous et on vous promet que c’est relaxant de se laisser porter aussi.
26 - Le grenier
Ça manque dans nos habitations modernes, trop propres, trop rangées. Une pièce qui sent la farine, le bois et le vieux tissu. Et dans laquelle TOUT est trouvable, encore faut-il y mettre un peu de bonne volonté.
27 - Le livre
Pas besoin de vous le vendre celui-là, au fond de vous, vous savez qu’il aura le dernier mot.
28 - Les bals de village
Sera-t-il là ce soir ? M’invitera-t-elle à danser ? Michel nous cuisinera-t-il son couscous légendaire ? Le bal de village, là encore, il faut se l’entendre raconter. Il faut voir dans les yeux rieurs d’une vieille dame la quantité de joie qui se partageait lors de ces moments… et se dire qu’on ne peut pas passer à côté de ça.
29 - Le velours côtelé
Evidemment. L’alchimie saute aux yeux entre la peau plus douce avec l’âge et le beau pantalon en velours côtelé marron. Merci aux friperies d’avoir accepté le partenariat avec le numéro 29 de cet article.
30 - L’assiette accrochée au mur
Là-dessus… on n’est pas très sûrs de nous finalement.
31 - Faire tout haut la conversion en francs
On ne va pas se mentir, et sans vouloir être l’oiseau de mauvaise augure, si la guerre a un jour raison de l’Europe, il faudra bien qu’on s’appuie sur nos aînés dans la machine à convertir de l’euro au franc et d’une performance inégalée sur le marché.
32 - Faire le marché
Enfin, le marché… Quand vous prenez 3 heures pour acheter 2 carottes et un fromage de chèvre, c’est louche : il y a doit y avoir autre chose comme intérêt. Allez-y et vous nous direz à votre retour.
33 - La machine à écrire
Certes, cela prend un peu de place, oui, ce n’est pas pratique quand on veut revenir en arrière, et c’est sûr ça fait un peu de bruit quand t’apportes ça au coworking. Mais dès que vous commencez à pianoter, vous vous transformez en écrivain maudit ou poétesse géniale. Et ça, on veut que ça revienne dans nos mœurs, immédiatement.
34 - Les tabliers
Sans tablier, on cuisine du riz tiède et sans saveur. Avec un tablier, on est un fin cuistot en train de mijoter un plat agrémenté au riz. Parfois, la vie ne se joue à pas grand chose.
35 - Les mots fléchés
Le retour à la mode est déjà acquis.
36 - Les mots croisés
Là, beaucoup moins. Pourquoi tant de haine ?
37 - Le scrabble
Ok, on arrête avec les jeux lettrés. Mais vous savez, sous ses airs un peu sévères, le scrabb… on arrête.
38 - Se coucher à 20h30
20h45, si vous n’avez pas réussi à finir votre épisode de la Petite Maison dans la prairie à temps. Et le lendemain, on aura une petite fille en pleine forme, pimpante à 6h du mat pour sa marche quotidienne.
39 - Les placards à biscuits
Il est fréquent de trouver chez les grands-parents un petit placard contenant des grandes boîtes métalliques contenant des petits sachets contenant des petits biscuits, souvent bien beurrés, bien sucrés. Sain ? Non. Nécessaire ? Oui.
40 - L’espoir
Ils et elles ont passé la plus grande partie de leur vie au XXe siècle, ont connu au moins une guerre, ont traversé des périodes avec un taux de chômage à deux chiffres, n’avaient pas le droit d’avorter ni d’exprimer leur homosexualité et pourtant n’ont jamais perdu espoir. Mieux encore l’espoir les a fait vivre !
