(Tip)Top des moyens pour aller bien dans un monde qui nous désespère

(Tip)Top des moyens pour aller bien dans un monde qui nous désespère

Marre de suffoquer dans l’actu comme un poisson rouge dans une flaque ? Voici quelques bouées pour flotter dans le marasme écolo-politique. Spoiler : on y parle cris, forêt et Deleuze.
12 June 2025
par Louise Pierga
6 minutes de lecture

Tu scrolles en PLS, tu respires dans un sac en papier à chaque JT, et t’as déjà googlé “pays où tout va bien” ? Cet article est pour toi. Pas de miracle, pas de greenwashing, juste quelques tips mi-philo mi-punk pour survivre à l’époque avec un peu d’humour (et peut-être un cri dans une forêt).

J’ai longtemps cru que seuls les vieux cons disaient d’un ton las “quand même, c’était mieux avant”. C’est non sans amertume que j’ai désormais la triste impression d’avoir rejoint ce camp maudit parce que oui ce monde me désespère. Seule erreur de jugement : le monde était tout aussi désespérant avant, et même si la simple écoute d’un JT donne l’impression de nager en pleine dystopie, rassurez-vous il est possible de voir le bidon de gasoil à moitié plein.

NDRL, cet article n’est pas écrit par un·e médecin, ni un·e psy mais juste par une personne qui comme vous a souvent un goût de seum face à l’actualité climato-politique (autrement dit une personne qui souffre d’une petite dose d'éco-anxiété). Si vous avez des angoisses et des symptômes de dépression, cet article pourra au mieux vous faire golri 2 minutes mais n’hésitez pas à aller consulter un pro. 

1 - Vous n’êtes pas tout·e seul·e (d’ailleurs ne vous retournez pas il y a quelqu’un juste derrière vous) 

Le terme “éco anxiété” est entré dans le Robert en 2023. La preuve que ça agite quelques esprits. Par ailleurs, comme le rappelle notre Bon Pote préféré, l’éco-anxiété n’est pas un truc de blancs privilégiés. C’est une angoisse de grande échelle et le nier revient à dire qu’il n’y a aucune raison d’être anxieux face à un édito de Pascal Praud. Justement le fait de partager cet éco-seum doit nous pousser à une réflexion puis une action collective ou pour piquer l’expression de Frédéric Lordon, “passons de écoanxieux à écofurieux.

L’économiste et philosophe décrit pourquoi l’éco anxiété est devenue si “tendance” dans les médias, selon lui elle est une manière de dépolitiser. On est éco anxieux parce qu’on est conscient du péril mais qu’on n’a pas la possibilité de changer les choses à notre petite échelle alors oui on trie les déchets et on pisse sous la douche on se disant qu’on a fait “notre part”. Tout en oubliant qu’il existe d’autres trajectoires comme par exemple une idée comme ça au hasard : marav le capitalisme. Solution également prônée par Clément Sénéchal et son ouvrage à liiiiiire absolument Pourquoi l’écologie perd toujours.

Tips anti-désespoir en sus : vous avez beau croire que le monde est peuplé de gens infréquentables, vous avez tout à gagner à favoriser les rencontres physiques avec des gens. Des études ont en effet montré que l'interaction humaine apportait du bien être et SPOILER : moins on en fait moins on a envie d’en faire. La solitude, oui mais avec parcimonie votre BFF.

2 - (Bien) S’informer 

Difficile de vous expliquer ce qui se cache derrière ce “bien” mais aujourd’hui il existe autant de manières de s’informer que d’individus : scroller sur Tiktok, Facebook, Insta, zapper sur TF1, CNEWS, Arte, lire le JDD, Médiapart, ou des revues autofinancées (genre Climax ou Frustration, deux revues que j’ai désigné comme uniques légataires de mon héritage de 4 euros, après chats et enfants). Il y a mille façons de s’informer, bien ou mal. Le but n’étant pas ici de vous dire ce qu’il faut lire (vous êtes visiblement en train de le faire, LOL).

Notons toutefois quelques indices : l’association Quota Climat se penche spécifiquement sur le traitement du changement climatique dans les médias. Si elle n’est pas là pour nous dire quoi lire et regarder elle intervient toutefois pour signaler les médias les plus coupables de désinformation climatique. Son dernier rapport réalisé avec le concours de Science Feedback et Data for good a relevé 128 cas de désinformation climatique sur les trois premiers mois de l’année 2025 (40 rien que pour Sud Radio qui remporte la palme, suivie de CNews, LCI, RMC, BFMTV…). Ce n’est certes pas vraiment rassurant mais il existe quelques valeurs sûres. On ne présente plus les médias Reporterre, Vert, Bon Pote, L’Info Durable, ni les cultissimes podcast Vivons heureux avant la fin du monde (Arte Radio), Y’a plus de saisons (Swann Périssé) mais à vous de creuser votre propre chemin - ou de nous partager par mail vos coups de cœur (presse@makesense.org). 

Pour ma part le format BD est apparu comme une bonne entrée en matière : Saison Brune de Philippe Squarzoni a posé les bases, toute l’oeuvre de Alessandro Pignocchi m’a hilarisé (coup de coeur pour La recomposition des mondes) mais difficile de passer à côté de Un Monde sans fin de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. Bref les ressources sont nombreuses, diverses et vous allez trouver ça fou mais plus vous en lirez plus vous serez informé. DINGUE NON ?

  • Tips anti-désespoir en sus : Autant s’informer aide à comprendre, autant trop s’informer peut devenir une source d’angoisse. Il n’est pas forcément conseillé de s’enquiller des news éco-friendly tout au long de la journée, car l’écologie n’est pas épargnée par le phénomène de fatigue informationnelle. À ce sujet je vous renvoie au point 5 tout de go.
  • >> https://x.com/j_jaures/status/1866771454043591061

3 - Agir ou “just do it” comme dirait une marque pas du tout problématique…

Ah c’est bien beau de vous dire de vous bouger moi qui vous écris depuis mon Mac à côté d’une tasse de café dans un appartement de CSP-bof qui contient 4 fois plus d’appareils électroniques que de locataires, de la viande, des baskets aux origines sombres, des clopes, des crèmes anti-rides et certainement tout l’attirail de futilités inhérents à une femme de son époque. Soyons honnêtes, je n’ai aucun droit de conseil sur vous autres et ça fait longtemps que j’ai arrêté de faire la morale aux copains qui prennent l'avion pour aller à Marseille. C’est tellement simple et plaisant de se dire qu’on est du “bon côté” qu’on a vite fait de juger les autres. Avec le temps j’ai compris un truc : on est tous le mauvais écolo d’un autre. 

Agir c’est prendre connaissance des faits et décrypter nos comportements. Faire des écogestes, oui si vous voulez c’est toujours ça de pris mais ça reste imprégné d’une vision bourgeoise de l’écologie et culpabilisatrice pour celles ceux qui ne sont pas en mesure de les appliquer (coucou les gilets jaunes avec leurs voitures qui polluent). Désolé de vous l’annoncer mais la véritable action est politique. Genre marav le capitalisme (c’est moi ou je me répète ?). Si ça a l’air plus facile à dire qu’à faire, il existe des pistes iconoclastes comme celles préconisées par le Guide de sabotage simple sur le terrain. OK il remonte à la Seconde Guerre mondiale mais regorge d’idées saugrenues pour faire ch*er le monde (fasciste certes, mais on peut s’adapter) : ne plus rien faire au travail, créer des disputes, agir bêtement. Ça donnerait presque envie d’aller bosser chez Amazon pour le simple plaisir d’y faire très mal notre travail. 

4 - Vous rendre dans la forêt la plus proche de chez vous

Hurler pendant une quinzaine de secondes. Réitérer plusieurs fois jusqu’à ce qu’apaisement s’ensuive. Rentrer chez soi, prendre deux cuillères de miel pour calmer l’irritation de ses cordes vocales. Reprendre le cours de sa vie.

5 - S’accorder du temps pour ne plus en avoir rien à foutre

C’est pas très poli mais ça fait un bien fou si on veut préserver quelques instants d'insouciance. Ça ne fait pas de vous un monstre. Ça permet juste de garder un peu de joie de vivre. Et comme le disait Gille Deleuze qui n’était pas la moitié d’une quiche dans une conférence en 1987 sur l’art de la création "Le pouvoir exige des corps tristes. Le pouvoir a besoin de tristesse parce qu'il peut la dominer. La joie est résistance, parce qu'elle n'abandonne pas”. Devons-nous tous devenir des imbéciles heureux ? De temps en temps du moins.

6 -  Ne pas oublier que quoi qu’il arrive à la fin on meurt tous 

Je vous assure moi ça me calme énormément quand j’y pense, c’est hyper égalitaire comme mindset.