Depuis la fin du 19e siècle, Truffaut cultive le plaisir du jardin et des plantes. Engagée pour l’environnement, l’enseigne mène des actions concrètes pour encourager les gestes écoresponsables et soutenir des projets durables. Experte du végétal, Truffaut accompagne aussi ses clients dans les univers de la maison et des animaux de compagnie, avec des conseils personnalisés et une offre diversifiée.
Pourquoi adopter le modèle de comptabilité écologique (le CARE) ?
Banque, chaîne de restauration, entrepreneuriat ou grande enseigne de distribution, Diane Dupraz a navigué dans de nombreux secteurs sans pour autant se sentir complètement alignée avec les raisons d’être et les manières de travailler des entreprises dans lesquelles elle a pu officier.
Après un master en RSE, Diane rejoint Truffaut, la jardinerie engagée. Elle y apporte le savoir issu de sa thèse : le modèle de comptabilité écologique. Une application du CARE poussée encore plus loin.
Le CARE, c’est le soin en anglais, mais en compta, ça veut dire quoi ? Il s’agit de transformer la comptabilité, discipline opérationnelle en plan stratégique et en une mesure d’impact pérenne. Le modèle se base sur des questions qui allient les résultats économiques avec l’impact positif sur la planète. Développée par Jacques Richard et Alexandre Rambaud, chercheurs associés à l’Université Paris-Dauphine, cette méthode est loin d’être répandue, alors qu’elle permet d’allier capitaux économiques, naturels et humains pour un impact commun.
Comment on fait ?
Le modèle du CARE permet de comptabiliser les capitaux naturels et humains au bilan financier des entreprises, associations, coopératives. La dégradation de ces capitaux est calculée selon leurs coûts de maintien, eux-mêmes basés selon leur coût historique. Pour inclure le CARE dans son bilan semestriel, il faut suivre cinq étapes :
- Répertorier les capitaux naturels et/ou humains du projet et les convertir en “bilans matières et sociaux”. Quel est ton capital humain à préserver : qu’est-ce qui compte et qu’est-ce qui doit compter ? Quel est ton capital naturel à préserver : les sols, l’eau ou l’atmosphère en priorité ? Prends ces décisions avec l’ensemble des parties prenantes, c’est ce qui va te permettre de placer le curseur sur la ligne que tu vas évaluer.
- Mesurer les limites d’usage - les seuils - de ces capitaux, avec références scientifiques à l’appui et basé sur un dialogue avec les parties prenantes de ces capitaux. À quel niveau de préservation veux-tu que ton capital reste ou redevienne ? Par exemple, le taux de matière organique des vignes est très faible, donc l’objectif peut être : on veut remonter autour du 10%. Quelles actions vas-tu mettre en place pour récupérer ces 9% ?
- Prévoir les coûts de renouvellement liés aux objectifs précédents. Toutes ces actions sont valorisées : “ça va me coûter tant”, c’est une dette, donc c’est normal que tu sois en négatif.
- Créer la Triple Ligne d’Amortissement (Triple depreciation line, en bon français, qui se base sur la méthode des trois P : People, Planet, Profit) et intégrer les coûts de renouvellement. Tous les indicateurs de mesure doivent être scientifiquement fondés, la science et l’économie doivent ici s’allier pour te servir de base de calcul rigoureux.
- Créer des fonds de renouvellement et les comptabiliser pour chaque capital. Aujourd’hui, chaque boîte fait un peu à sa sauce. On a besoin de les structurer pour avoir une base de calcul fiable pour toutes les entreprises. Un futur chantier pour Bercy ?
Le ruissellement du CARE
Lorsqu’on implémente la méthode du CARE dans son projet, on va motiver et mobiliser l’ensemble des équipes dans le respect des capitaux naturels et humains. Les changements RSE seront donc plus rapidement mis en place, plus facilement acceptés par tous·tes, plus fréquemment proposés par les différentes équipes. Chez Truffaut, l’agroécologie est déjà au cœur du modèle. Mais, grâce, entre autres, à cette méthode comptable appliquée, de nombreuses autres actions sont mises en place pour limiter les externalités négatives et créer un modèle d’entrepreneuriat plus durable.
Du côté des capitaux naturels, par exemple, 100% de l'électricité utilisée chez Truffaut est renouvelable (et certifiée sur le site via PowerNext), 100% des magasins sont référencés sur l'application anti-gaspi Phenix et 89% des végétaux ont une certification environnementale officielle (AB, Fleurs de France, Plante Bleue, MPS). Ce qui permet une dépréciation de la valeur moindre par rapport au gaspillage ou aux pesticides néfastes par exemple.
Du côté des capitaux humains, c’est différent. En 2019, 88 employé·es se sont fédéré·es au sein d’un réseau, « Les Ambassadeurs du Bicentenaire », répartis entre le siège et les magasins. Ils participent à des formations sur les enjeux écologique et sont garants de la mise en place les initiatives responsables au sein des succursales de Truffaut. Depuis la même année, l’ensemble des salarié·es ont la possibilité de suivre des formations autour de la crise écologique.
Pour aller plus loin
- Révolution comptable ; pour une entreprise écologique et sociale, de Jacques Richard et Alexandre Rambaud
- La pensée anthropologue de Philippe Descolat, son rapport de l’homme à la nature
- Les écrits de Bruno Latour
- La méthode CARE - TDL, un modèle comptable pour préserver les capitaux humains et naturels
- Travaux et retour d’expérience de WWF sur la méthode CARE