C’est simple, il nous faudrait 2,9 planètes supplémentaires si tout le monde vivait comme les Français·es. Si nous avons les yeux plus gros que nos poubelles, les entrepreneur·ses sociaux se sont saisi·es du problème. Rencontre avec 8 start-ups zéro déchet passées par la case makesense.
Adieu le plastique à usage unique
Premières victimes du syndrome du suremballage : les déjeuners sur le pouce. Sacs et sachets en papier, boîtes en carton, couverts et bouteilles en plastique… À mesure que les bouches engloutissent, les poubelles se remplissent, et c’est encore pire avec le covid. Ces déchets, Yasmine Dahmane et Lucas Graffan n’en ont fait qu’une bouchée. En 2018, ils lancent La Consigne GreenGo, qui remet au goût du jour la consigne chez les acteurs de la restauration à emporter. “Le meilleur déchet est celui que l’on ne crée pas,” rappelle la co-fondatrice. La recette est simple : vous récupérez vos contenants dans les établissements partenaires, et une fois votre repas terminé, vous les déposez dans un collecteur. Le montant de la consigne est ensuite immédiatement crédité sur votre appli. D’abord testée à l’échelle de SAP, La Consigne Greengo s’invite désormais dans les supermarchés de quartier comme Franprix mais aussi dans les cafétérias de grands groupes comme Danone et Chanel, et les campus des grandes écoles. Depuis sa création, près de 45 000 emballages ont été évités.
Selon l’ADEME, un·e Français·e produit chaque année 568 kg de déchets.
Au supermarché, la vente en vrac reste la meilleure solution pour limiter les emballages. Bric À Vrac l’a bien compris : fondée en 2019, l’entreprise a conçu une machine à vrac automatique et connectée. Pour éviter les mauvaises surprises en caisse, la machine est équipée d’un compteur qui montre en temps réel le montant de l’achat. L’appli qui lui est associée permet également aux consommateur·rices de retrouver informations nutritionnelles, allergènes et même l’impact écologique du produit une fois chez elleux. Avec Bric À Vrac les enseignes aussi sont gagnantes : la machine est reliée à un tableau de bord qui renseigne la performance des ventes, la gestion des stocks et la traçabilité produit. Actuellement en phase d’industrialisation, elle débarquera dans les rayons courant 2022.
Et si, plus qu’un unique rayon, le vrac se généralisait à un supermarché tout entier ? C’est justement le concept du Drive tout Nu, premier drive 100% zéro déchet de France qui a ouvert ses portes près de Toulouse. Alimentation, cosmétiques, détergents… chaque produit est emballé dans des contenants réutilisables. Après trois magasins ouverts dans l’agglomération toulousaine, Le Drive tout Nu développe désormais des franchises pour s’implanter partout dans l’Hexagone.
Restaurer le réemploi
Aujourd’hui, on change d’équipement comme de chemise. Nous consommons 3 fois plus de biens qu’il y a 60 ans, la faute aux injonctions marketing mais aussi à l’obsolescence programmée. Résultat, en 2019, la moyenne des équipements électriques et électroniques par foyer s’élevait à 99. Face à ce constat, le défi tient en cette maxime : faire mieux avec moins. C’est l’idée derrière Youzd, plateforme où l’on vend et achète du mobilier et de la déco de seconde main. L’idéal pour vendre le canapé dont on s’est lassé·es ou chiner une lampe délaissée.
Depuis le 1er janvier 2021, l’affichage d’un indice de réparabilité est obligatoire pour certains produits électriques et électroniques en vertu de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire.
Si on a besoin d’acheter neuf, mieux vaut se tourner vers de l’électroménager durable et réparable. C’est justement le credo de Kippit accompagnée et financée par le fonds makesense Seed I. En moins de 10 ans, la durée de vie des produits électroménagers a diminué de 40%. Kareen Maya Levy, la co-fondatrice, a elle-même fait cet amer constat : “Quand mon lave linge est tombé en panne juste à la fin de la période de garantie, le réparateur m’a dit : "Ça ne se répare pas, ça se change.” Ça a été le déclic.” Avec Jacques Ravient, ils ont lancé en 2015 leur marque d’électroménager fabriqué en France et éco-conçu à partir de matériaux recyclés ou recyclables. L’aventure a débuté avec une bouilloire en inox et un lave-linge arrivera courant 2022.
Si le réflexe de la réparation n’est pas évident à l’échelle individuelle, il ne l’est pas non plus chez les professionnel·les. “30 000 tonnes de machines de cuisine sont jetées chaque année en France. Pourtant, on estime que la moitié pourrait encore fonctionner." rappelle Bastien Rambaud, co-fondateur de Vesto. Avec ses associés Anne Laurène Harmel et Wilfrid Dumas, ils proposent des appareils de cuisine reconditionnés aux professionnels de la restauration.
Bannir le gaspillage du paysage
Le 10 février 2020, l’Assemblée Nationale votait la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Too Good to Go n’a pas attendu les textes officiels pour s'engouffrer dans la brèche et proposer les invendus des supermarchés à moindre coût. “Nous avons lancé Too Good To Go en 2016, en prenant conscience d’une aberration impossible à accepter : un tiers de la production mondiale de nourriture est jetée. En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gaspillées chaque année.” explique Lucie Basch, co-fondatrice. Aujourd’hui, l’entreprise sauve 5 000 repas par jour grâce à ses 4 millions d’utilisateurs et 8000 commerçants partenaires. Bien déterminée à déployer le réflexe anti-gaspi dans le monde entier, la start-up vient de lever 25 millions d’euros pour son déploiement aux États-Unis.
Avec CB+, Laurent Bacot, Nicolas Arias et Jérémy Denais ont quant à eux décidé d’agir au cœur de la filière agroalimentaire afin de limiter les invendus. Comment ? En révolutionnant le code-barres produit pour y intégrer sa date de péremption et le numéro de lot. L’objectif est double : aider les consommateur·rices à décrypter les dates limites de consommation et orienter les employé·es de supermarchés vers les produits à consommer en priorité. Depuis son incubation chez makesense en 2019, la start-up est parvenue à sauver près de 150 000 produits proches de la péremption, soit près de 450 000€ de marchandise !