Le patriarcat tout le monde connaît, parfois même un peu trop. Mais le matriarcat, ça vous parle ? Petite leçon express pas donneuse de leçons.
Entre le fromage et le dessert, tonton Dédé fait encore des siennes. Au détour de deux blagues beaufs qui mettent tout le monde mal à l’aise, un amalgame douteux au milieu d’une conversation lambda et une fâcheuse tendance à parler des femmes comme des « minettes » ou des « petites poules », il rappelle à tout le monde que « le patriarcat, ça a toujours existé partout, faut arrêter de se plaindre ». Alors déjà, c’est complètement faux (Non, rien ne prouve que ça existe depuis la nuit des temps. La preuve ici.). Ensuite, tonton Dédé, ça te parle, le « matriarcat » ?
Matriar-quoi ?
Matriarcat, tonton Dédé. Si on prend la définition la plus simple, donnée par le Robert, c’est « Un régime juridique ou social où la mère est le chef de la famille ».
Ah ouais, c’est l’inverse du « Patriarcat »?
C’est trompeur, puisqu’à une lettre près, c’est le même mot, mais... Non. C’est différent.
Contrairement au patriarcat, les sociétés matriarcales se détachent d’une image sexiste, où la femme imposerait sa loi. On ne parle pas d’ascendance de la femme sur l’homme, mais simplement d’une plus grande importance apportée aux mères.
En réalité, c’est un peu plus complexe : on parle de sociétés « matrilinéaires », ce qui signifie que la transmission se fait par la mère. Les enfants appartiennent au clan maternelle et non à celui du père.
Ce sont également des sociétés « matrilocales » : une fois marié, le couple s'installe dans la communauté ou le foyer de la mariée, et non l’inverse.
En fait, c’est plus une primauté des mères que des femmes. On pourrait donc davantage définir le matriarcat comme « Un régime juridique au sein duquel la parenté se transmet par les femmes ». Ça fait sens, quand on sait qu’étymologiquement, « matriarcat » pourrait se traduire par « mère depuis le début ».
Communauté Juchitecas au Mexique
Et votre histoire d’égalité femme-homme ? Quand c’est dans ce sens là, ça vous dérange moins, hein !
Ok, alors tu vas commencer par vite redescendre, tonton Dédé. Là, tu te mets clairement le doigt dans l'œil. Les sociétés matriarcales sont égalitaires. On t’explique.
Les femmes n’y détiennent pas le pouvoir. La mère est certes placée au centre, mais pas au sommet. Même si les femmes gèrent le plan économique des sociétés, les décisions politiques sont prises par consensus, sans différentiation de sexe. C’est aussi pour ça qu’on ne peut pas dire que le matriarcat est l’image inversée du patriarcat : dans ces sociétés, les femmes n’ont pas besoin de structure hiérarchique.
Mais ça a vraiment existé, des sociétés centrées sur les « bonnes femmes » ?
La célèbre anthropologue et féministe française, Françoise Héritier, a dit « Le matriarcat est un mythe et le pouvoir appartient toujours aux hommes ». C’est vrai, et faux à la fois. Parce que dans cette définition là, elle considère le matriarcat comme un reflet du patriarcat, où la femme dominerait le pouvoir. Or, comme on l’a expliqué, ce n’est pas ça.
Si on base davantage la définition sur les facteurs matrilinéaires et matrilocales, ou si on considère qu’une société est matriarcale à partir du moment où l’économie est aux mains des femmes : alors oui, ça a existé. On dira même plus : ça existe toujours.
Je suis comme Saint Thomas : je ne crois que ce que je vois. On a des exemples ?
On en a même plusieurs ! Il reste quelques sociétés matriarcales sur le globe. La plus grande d’entre elles, c’est chez les Minangkabaus, en Indonésie. Là-bas, par exemple, « les biens ancestraux, notamment les maisons et les rizières, se transmettent de mère en fille ». De la même manière « Lorsqu’un homme de cette ethnie se marie, il part s’installer dans la maison de sa belle-famille ».
On retrouve également les Moso en Chine, où les Juchitán au Mexique. Dans cette dernière, les femmes travaillent beaucoup et gèrent l’économie du foyer.
C’est bien beau, mais dans le monde animal, c’est le mâle qui domine. C’est comme ça.
Une nouvelle fois, Dédé, ça ne va pas te plaire, mais... tu dis n’importe quoi. Dans le monde animal, il y a toujours eu des espèces au sein desquelles le matriarcat est le mode de fonctionnement naturel. Pour les petits animaux, comme les abeilles et les fourmis qui bossent pour une reine, ou les plus gros, comme les éléphants. Chez eux, c’est la femelle la plus âgée qui guide le groupe.
Eh oui tonton, des animaux qui mettent à mal(e) le patriarcat, il y en a des tas ! Pour en savoir plus, tu peux faire un tour du côté de notre article « Ces animaux vachement plus déconstruits que nous », d’ailleurs.
Alors tonton, d’autres questions ?