Ces animaux vachement plus déconstruits que nous

Ces animaux vachement plus déconstruits que nous

Le patriarcat, une généralité dans le monde animal ? Pas vraiment. Voici quelques arguments pour déconstruire les fausses croyances qui voudraient nous faire croire que les mâles sont naturellement dominants.
24 May 2024
par Marie Hazan
4 minutes de lecture

Au mois de mars 2024, Marie Dubois sort le livre « Meuf, guide pour nos filles » avec l’objectif de répondre à une question précise : « Ça veut dire quoi, être une femme ? ». Question simple, réponse à mille entrées : on explore les thématiques liées au corps, à la sexualité, mais aussi au (cyber)harcèlement ou au sexisme dans la société. 

Et en parlant de sexisme... À tous ceux qui se croient malins en essayant de légitimer la condition inférieure de la femme avec des arguments biologiques ou naturalistes, à coup de « Comme chez les animaux, les lions chassent pendant que les lionnes gèrent la marmaille », Marie Dubois répond «Cest faux.». Le patriarcat est loin d’être une généralité dans le monde animal : la preuve, avec ces espèces bien plus déconstruites que nous. Prenez-en de la graine, mauvaises graines ! 

L’accouchement, ça fait mâl(e) ? 

Désolée les « mascus toxiques », mais on va attaquer fort. Prenez le temps de vous asseoir, ou vous pourriez tomber de haut : parfois, c’est le mâle qui porte les enfants. Eh non, on vous arrête tout de suite, on ne fait pas une généralité d’une petite exception : c’est une réalité pour différents animaux ! 

La star de la gestation masculine, c’est évidemment l’hippocampe ! Sur la trentaine d’espèces du genre Hippocampus, aucune exception : c’est toujours le mâle qui porte la vie. À l’inverse, c’est la femelle, qui, à la saison des amours, se met en quête d’un mâle. Quand elle trouve poche vide pour accueillir ses œufs, elle les transfère au mâle qui s’occupe de les fertiliser puis de les couver. Une fois la passation faite, la femelle tourne les nageoires et s’en va refaire sa vie. La Dona Juana des fonds marins. 

De la même manière, le crapaud accoucheur féconde les œufs de la femelle, les transporte sur son dos, et s’occupe de les hydrater pendant plusieurs semaines, jusqu’à l’éclosion. Idem chez la punaise d’eau géante, avec un fonctionnement quasi identique. 

Du plomb dans l’aile pour le patriarcat

Du côté des flamants roses, on est sur de (longs) pieds d’égalité, avec une répartition exemplaire de la parentalité, de l'œuf à l’enfance. D’abord, le mâle et la femelle se relaient pour couver les œufs, et ce, à part égale. Une fois l’oisillon sorti, le père comme la mère sont en mesure de nourrir le petit, les deux produisant la substance nécessaire. Un peu comme si chez l’humain, les hommes produisaient aussi du lait pour leur nourrisson. 

Aussi fou que cela puisse paraître : les flamants roses amènent leurs enfants à la garderie ! Quelques adultes veillent en effet sur les bébés des autres flamants en journée. Ici aussi, pas de discrimination genrée à l’embauche : les auxiliaires de crèches sont aussi bien des mâles que des femelles. Dingue. 

De la même manière, le mâle autruche ne fait pas l’autruche quand il s’agit d’assumer sa paternité. Là encore, on pratique la division du travail : madame couve le jour, monsieur gère la nuit. Son plumage étant plus camouflé, il est moins repérable par les prédateurs une fois le soleil couché. 

À l’image du flamant, le père autruche participe activement à la protection et l’éducation de son oisillon pendant un an. Après, le petit vole de ses propres ailes (enfin, presque, puisque les autruches ne savent pas voler). 

« Faut bien que quelqu’un ramène à bouffer, nan ? »

Alors peut-être, mais qui a décrété que c’était forcément une affaire de bonhomme (et que ça n’était l’affaire que d’une personne du couple, d’ailleurs) ? Certains adorent argumenter « Bah ouais, mais c’est comme ça dans tout le monde animal, c’est le mec qui chasse » . AHAHAHAH. NON. PAS DU TOUT. Voilà encore un bon gros cliché sexiste qui a la dent dure. Au moins aussi dure que celles des lionnes qui chassent une multitude de proies sans état d’âme. Vous avez bien lu : les lionnes chassent. Elles sont d’ailleurs plus efficaces que ces messieurs rois de la savane, grâce à leur légèreté et leur rapidité. Généralement, elles confient leurs petits à d’autres lionnes, et partent chasser en groupe. #GirlsMoment #ApremEntreCopines. 

Chez les hyènes, les femelles partent aussi à la chasse. D’ailleurs, elles sont redoutables (bien plus que les mâles) ! Une mâchoire surpuissante et des sucs digestifs particulièrement efficaces : rien ne leur résiste. Vraiment rien. Elles mangent même les os. Contrairement aux idées reçues, et même si ce sont des charognards, la hyène ne se nourrit pas que d’animaux morts : 75% de son buffet, c’est madame qui va le chasser. Balaise. 

Tout autre climat, même délire : chez les manchots empereurs, ce sont les femelles qui s’en vont pêcher pendant de longues semaines, pendant que les mâles s’occupent des œufs.

Enfin, chez les loups, la chasse est une affaire de famille. Tout comme vous alliez vous balader en forêt avec vos parents le dimanche, Madame Louve, Monsieur Loup et leurs louveteaux se font des petites sorties sanglantes. Qui dirige la meute ? Le plus ancien du couple. Que ce soit le mâle, ou la femelle. Quid du mâle alpha ? Eh bah... Ça n’existe pas. Oups.