Parce que conquête spatiale peut rimer avec développement durable, makeSense a décidé de préparer un joli plan d’épopée spatiale pour planter notre drapeau sur les exoplanètes fraîchement découvertes.
Sept nouvelles exoplanètes ? Ouais, trop cool ! Bon, déjà, ce n’est pas pour autant qu’on va pouvoir se remettre à jeter du pétrole par les fenêtres, parce que notre bonne vieille Terre, il va falloir en prendre soin avant de pouvoir débarquer en douceur dans le système Trappist-1. Déjà, il va falloir penser à changer le nom de la destination, mais ensuite, on fait comment ? On arrive avec des grosses navettes aux hydrocarbures ? Ou on fait ça mieux ?
Avant le décollage
Les fusées, c’est surfait, et ça crame beaucoup trop de pétrole. Disons que d’ici 150 ans, on aura enfin réussi à fagoter un transport par voile solaire ou par distorsion de l’espace-temps (pour accélérer un peu le mouvement quand même). Et pour emmener une portion conséquente de population, de tous âges et de toutes cultures !
150 ans, c’est bien ce qu’il faudra pour qu’on puisse savoir sur quelle exoplanète débarquer : les 3 planètes “habitables” de Trappist-1 ont des constitutions différentes, et il s’agit d’arriver sur la meilleure. Quitte à envahir “durable”, autant éviter le terraforming : choisissons un caillou qui ressemble le plus possible à la Terre plutôt que d’envoyer des bombes à azote pour modifier l’atmosphère de la planète 10 000 ans avant d’arriver. Parce que la conquête spatiale ne doit pas s’inspirer des monocultures aux pesticides…
En conséquence, notre bonne vieille Terre devra tenir debout autant que possible avant le Grand Déplacement. Encore une fois, pas d’optique Kleenex ici, les objectifs de développement durable doivent servir d’étendard à chaque citoyen terrestre d’ici là.
Pendant le voyage
Déjà, on déplace tout le monde ou pas ? Disons qu’on sera sûrement 35 milliards d’ici le décollage, donc ça risque de faire bouchon. Partons plutôt sur un rythme régulier et raisonnable de départs, avec une optique de conservation durable de notre planète-mère. Histoire de ne pas passer pour les cafards galactiques que nous pourrions devenir.
Et les vaisseaux alors ? La cryogénisation devra être maîtrisée, voire abandonnée au profit d’un procédé moins énergivore et potentiellement destructeur pour les tissus humains et pour l’environnement (oui, on va commencer à penser à l’environnement spatial dès le début, ce coup-ci)… Parce que ça risque d’être compliqué de nous garder éveillés pendant les milliers d’années du voyage (ennui, généalogies compliquées, atrophies musculaires… épanouissement garanti), tablons plutôt sur des “réveils-yoga” tous les 50 ans, histoire de se raconter nos rêves et de manger tous les bons légumes que les totems aquaponiques (designés par Tootem) auront récolté, automatiquement stocké et cuisiné pour nous. Parce qu’on peut rejouer Interstellar en mangeant bio. Et il va sans dire qu’on aura embarqué un bon stock de préservatifs sans phtalates fourni par Générations Cobayes (qui aura réussi à mener à bien sa lutte contre les perturbateurs endocriniens) pour finir de se délasser et retourner se coucher sereinement.
En parlant d’espace durable, on en fait quoi, des déchets ? On les recycle, pardi ! Si on peut construire des cargos de 500 personnes capables de voyager plusieurs dizaines d’années lumières, on devrait savoir mettre en place un coin compost.
Sur place
C’est le grand jour / soir / nuit / appelez ça comme vous voulez vu que le soleil sera sûrement bleu et le ciel vert : il faut débarquer et planter le drapeau des Etats Unifiés Terriens sur le sol de cette nouvelle planète. Avant de désherber, réfléchissons un peu :
Déjà, il faut des ressources énergétiques. Malins comme des humains, on aura embarqué des éoliennes et des panneaux solaires en kit avec nous, ou toute autre machine capable de capter le type d’énergie qu’on aura décelé avant de partir.
L’agriculture locale prévaudra, mais quand on dit locale, c’est vraiment locale : pas d’incrustation de carottes avant d’avoir passé au crible tout ce qui peut se manger de manière naturelle sur cette planète, et tout ce qui peut potentiellement se cultiver. Et si c’est des racines… C’est des racines. Adieu bagels, point.
Les rendements seront améliorés avec des serres sous formes de bulles géodésiques (en amidon de chanvre) qui serviront aussi à nous héberger… Plein de bulles interconnectées et à taille humaine, au lieu du fantasme de la mégalopole énorme encapsulée sous un titanesque dôme de verre. On sait, ça serait cool, mais non.
On ressort notre bon vieux label bio ? Mais pour quoi faire ? Vos bulbes de bualrfol répondent aux critères, puisqu’aucun pesticide et aucun engrais chimique ne sera balancé sur le sol de notre nouvelle maison commune ! Ce concept utile dans son contexte terrestre sera délicieusement abandonné, puisque caduque dans un monde qui aspire à faire les choses correctement dès le départ.
La culture, parlons-en : c’est le moment de battre le fer tant qu’il est chaud, et de mettre le débat d’idées et l’engagement citoyen au coeur des réflexions de gouvernance de cette nouvelle Terre. Parce que vous pensiez qu’on allait continuer ce truc avec les urnes, vous ? Non, on va faire des MKS Rooms tous les samedis, et comme ça on pourra boire des bières (à l’alcool de bualrfol) en écoutant de la musique après avoir trouvé des solutions de gouvernance tous ensemble.
Et tant qu’on y est, on pourra se pécho sans toiser nos dégaines de haut en bas : les tenues qu’on aura designées et embarquées depuis la Terre seront solides, fabriquées à base de fibres végétales mais truffés de nanodroïdes nettoyants (bisou la machine à laver), bref, la slow fashion à son paroxysme, sans se la jouer uniforme non plus ! Des collections qui durent une génération plutôt qu’une saison, largement assez swag pour draguer ses semblables.
Et pour ramener Jules / Juliette à la maison, il vous faudra… Une maison. Deux solutions (à appliquer avant d’essayer de trouver sa moitié). Primo : emporter de quoi monter une Tiny House en bois pour la monter sur place. Ces « modèles réduits » de maison dont les modèles commencent déjà à pulluler aux USA débarquent en Europe à des prix très abordables, sont transportables, majoritairement biodégradables, économiques à chauffer… La deuxième solution est de construire une maison ex-nihilo grâce à une imprimante 3D « king size » circulaire, déjà opérationnelle de nos jours… Si le défi technologique est passionnant et le coût de fabrication relativement faible, il reste un gros défi à relever : imprimons mieux, imprimons propre ! Parce qu’il n’est pas question de se retrouver sur Trappist-1-27 avec une maison en plastoc polluante pour l’environnement et cancérogène pour vous… Bonne nuit !
SPOILER : cet article ne se base sur aucune vérité scientifique (ou presque) mais lève un lièvre (ou un petit animal comestible de votre choix) qu’il nous semble nécessaire de lever à une époque ou la conquête spatiale est en équilibre instable, sans porter de valeurs durables dans sa réflexion théorique. Parce que le futur se réfléchit autant dans l’heure qui suit que dans les 10 000 prochaines années !