Une bonne fois pour toutes, prenons ce truc dont personne et tout le monde parle en même temps. Le GIEC a des odeurs de grosse machine, de documents interminables et pourtant c’est lui qui tire le signal d’alarme, éclaire les décideurs et nourrit l’activité politique. Voici les principaux points à connaître quand on parle de lui.
1 - Expliquer l’acronyme
La base, avant tout : GIEC veut dire : “Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat”.
2 - Expliquer son action en deux phrases
Le GIEC rassemble des chercheurs et chercheuses de toutes disciplines (dont de nombreux climatologues) et de toutes nationalités qui résument en un méga rapport toutes les études sur les effets du changement climatique. De ce rapport, véritable matière première des négociations internationales sur le climat, ressort un état des lieux de nos connaissances (que sait-on à l’instant T de cet (immense) sujet du changement climatique ?) et de notre impact de petits humains dans ce domaine.
3 - Expliquer son utilité avec deux mots
Certes, le travail du GIEC est une sorte de drapeau (de plus en plus rouge) agité au nez des décideurs et décideuses et de la société civile. Mais s’il fallait retenir deux objectifs clairs de ces rapports, on pourrait dire qu’en triant ce qui relève d’un consensus de la communauté scientifique ou au contraire ce qui questionne encore, le GIEC facilite la prise de décision pour envisager nos stratégies d’adaptation d’une part et d’atténuation d’autre part. L’un ne peut pas aller sans l’autre. Notre bon vieux GIEC fête cette année ses 37 ans, il fut créé en 1988 par le PNUE, le Programme des Nations unies pour l’environnement et l’OIM, Organisation météorologique mondiale.
4 - Expliquer son histoire en une phrase
Notre bon vieux GIEC fête cette année ses 37 ans, il fut créé en 1988 par le PNUE, le Programme des Nations unies pour l’environnement et l’OIM, Organisation météorologique mondiale.
5 - Parler de son boss en un jeu de mot
En 2021, le GIEC rassemble 195 États membres et son bureau est composé de 36 membres, dont un ou une présidente et trois vice-présidents. En ce moment, c’est Jim Skea qui préside le bazar. Jim est écossais, enseignant en énergies durables à l’Imperial College de Londres et prononce certainement plusieurs fois par jour pour motiver ses troupes : “Skea is the limit”.
6 - Détailler sa composition en 4 jolis tirets
Dans le GIEC, il y a :
- Les grosses têtes, c’est-à-dire le groupe qui évalue les aspects scientifiques du changement climatique et de l'évolution du climat.
- Les flipppés : ceux et celles qui planchent sur la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels aux changements climatiques, et ce que cela pourrait impliquer dans notre vie quotidienne.
- Le cercle des incorrigibles optimistes : eux et elles sont en quête de solutions (et vérifient qu’elles sont plausibles) permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre et d’atténuer les catas en perspective.
- L’inspection qui rigole pas : un groupe qui demande aux pays de se bouger les fesses pour faire les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.
7 - Expliquer le mode de décision en essayant d’être bien clair
Pour résumer : une ou deux fois par an, il y a une petite sauterie, appelée réunion plénière entre les membres, qui représentent chacun une voix. 3 pistaches dans la main, un rapport plein de feuilles dans l’autre, ils prennent leurs décisions à ce moment-là, par consensus, c’est-à-dire que tout le monde doit être d’accord à chaque décision. Pour que ce ne soit pas trop la foire, chaque gouvernement dispose d’un point focal national. Chez nous, c’est le ministère de la transition écologique qui gère ça, plus précisément (retenez votre respiration et dites-le très vite) le Commissariat général au développement durable du ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT).
8 - Les rapports en 6 rapports
Oui, il y en a eu six depuis sa création : en 1990, 1995-1996, 2001, 2007, 2013-2014, et en 2023). Attention on parle bien ici des rapports d’évaluation et non des rapports spéciaux qui se concentrent eux sur un thème bien spécifique choisi par les Etats membres (par exemple récemment, on s’est penché sur la question de l’impact d’un réchauffement global de 1,5 °C ou sur les océans).
9 - La naissance d’un rapport en 10 étapes
Les rapports sont “réécrits” plusieurs fois tout au long d’un processus long de deux années. Et c’est au moins ce qu’il faut : à la fin comptez bien 3 000 pages elles-mêmes résumant des milliers d’études et donc plusieurs dizaines de milliers de commentaires… Vous avez mal à la tête ? Nous aussi. Le processus en 10 étapes, cela donne :
- Les pistaches, la réunion plénière, rappelez-vous, et une décision de lancer un nouveau rapport ;
- On forme la Dream Team : gouvernements et organisations proposent des spécialistes ;
- Les auteurs et autrices sont ensuite sélectionnés par les bureaux ;
- Ces derniers rédigent une V1 comme on dit chez les jeunes ;
- Pendant 2 mois, les spécialistes gribouillent tout ça en rouge ;
- Arrive la V2 ;
- Nouvel examen par les spécialistes et les gouvernements cette fois ;
- On voit le bout du tunnel et un petit document “Version finale” est pondu ;
- Cette fois les gouvernements examinent une version digeste pour les décideurs et décideuses ;
- Puis une assemblée plénière examine cette version et le texte final est adopté à la virgule près, par 100% des délégations gouvernementales, sous le contrôle des auteurs et autrices. Ouf.
10 - Les récentes conclusions en une mauvaise nouvelle
“C’est la m***”. . Ainsi aurait pu s’intituler le dernier rapport de synthèse datant du 20 mars 2023. Il établit notamment que la décennie 2011-2020 est la plus chaude depuis 125 000 ans et que l’augmentation des risques comme les vagues de chaleur, précipitations extrêmes ou encore sécheresses, va devenir de plus en plus difficile à gérer.
11 - Le blé en quelques chiffres
Alors oui, les scientifiques travaillent bénévolement mais tout ce truc, ça demande quand même des moyens. Le budget annuel du GIEC est d’environ 6 millions d’euros. C’est peu quand on connaît l’importance de ces bouts de feuilles pour l’avenir de notre humanité. Parce que oui c’est bien de cela dont il s’agit. Chaque État-membre peut contribuer (mais cette contribution est volontaire… ça aide pas…). À toutes fins utiles, nous, la France, avons donné 1 million d’euros pendant le 6ème cycle.
12 - Les impacts concrets en 3 exemples
Paroles, paroles ? Ne soyons pas si sévères, grâce au GIEC, on a quand même eu des débouchés politiques forts, rappelez-vous :
- 1992 : la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) de Rio, appelé “Sommet de la Terre” et devenu une belle référence en terme de diplomatie multilatérale sur le sujet
- 1997 : le Protocole de Kyoto concocté avec amour cette année-là, et qui apporte, enfin, des engagements contraignants
- 2015 : l'Accord de Paris, bien-sûr, dit historique par les engagements contraignants qu’il contient, là encore. Contraignants ? Le GIEC n’a pas fini d’être utile.
Sources :
- Vie-publique.fr : Qu’est-ce que le GIEC ?
- Site du ministère : Comprendre le GIEC