L’habitat est le principal poste de dépense des ménages en France (32% en 2014*). C’est aussi devenu un symbole des dérives des marchés spéculatifs, ou des inégalités sociales, économiques ou sanitaires. Au-delà des enjeux liés à l’urbanisme et au foncier, il existe de nombreuses solutions écologiques pour construire soi-même et à moindre coût sa maison durable ou améliorer la vie de millions de personnes qui vivent dans des conditions indignes.
Ideas laboratory Grenoble et le Techshop organisent avec le Lowtech Lab un hackathon le 8, 9, 10 décembre pour construire un appartement entièrement avec des matériaux de récupération. En amont de cet événement Future of Waste a organisé une table ronde pour commencer à lister les solutions qui permettent de répondre aux besoins fondamentaux lié à l’habitat : rester propre, se chauffer, se nourrir, s’éclairer, se retrouver, gérer ses déchets.
Et si les solutions étaient accessibles à toutes et à tous ?
« Innover » ou utiliser des technologies complexes est aujourd’hui valorisé dans nos sociétés, en témoignent la surenchère de salons « techs », de vidéos « cools », d’incubateurs et d’appels à projets qui font du start-upper le héros des temps modernes. Pourtant, on se pose encore rarement la question de l’utilité et de l’impact des innombrables services et produits qui se lancent quotidiennement dans une débauche de mots-valises et de levées de fond. Certains s’en agacent, d’autres préfèrent en rire à l’occasion de vidéos, d’événements, ou même de canulars.
Une autre politique serait de promouvoir des solutions qui seraient plus accessibles techniquement et économiquement tout en visant la résolution des 17 objectifs du développement durable définis par l’ONU (préserver la planète, répondre aux besoins fondamentaux de tous, promouvoir une société plus juste…). Les fablabs peuvent en effet servir à autre chose qu’à imprimer des Yoda en 3D. Le succès d’une start up peut se mesurer à l’aune de ce qu’elle apporte à ses bénéficiaires. Quant aux technologies, qu’elles soient à la pointe du progrès ou vieilles comme Hérode, elle peuvent rester un outil puissant au service du bien commun et non une finalité en soi.
Les fablabs peuvent servir à autre chose qu’à imprimer des Yoda en 3D.
Des solutions pour co-construire l’habitat durable de demain
Les intervenants de la table ronde nous ont indiqué plusieurs pistes à creuser que nous avons complétées avec des sites de références pour constituer une base de données de solutions, à différents stades de développement, allant du simple tutoriel pour auto-construire un petit équipement, à une entreprises existante qui améliore quotidiennement les conditions de vie de plusieurs milliers de personnes.
#1 Isoler
LM Ingénieur utilise pour la rénovation d’une régie de quartier de l’isolant métisse (à base de tissus recyclé) du chanvre, des fenêtres de seconde main pour améliorer l’isolation.
#2 Manger
Audrey Bigot fait de la recherche et anime des ateliers pour économiser l’énergie lors de la cuisson ou la conservation en améliorant les “recettes de grand mère”.
#3 Réutiliser
Eugénie des Résilientes nous explique comment on doit redoubler de créativité pour réutiliser les immenses gisements de livres, tissus et autres objets et comment ces ateliers sont des occasions pour fournir formations et emplois aux plus démunis.
#4 Gérer ses déchets
Nathaly Hery de SUEZ nous invite enfin à repenser la manière dont on pense la cuisine, le local poubelle, pour éviter que l’on continue à jeter 460kg de déchets ménager par an, dont plus de la moitié aurait pu être recyclés voire même évités.
#5 Documenter
Les participants à la rencontre ont tous contribué à enrichir notre base de données de tutoriaux et de solutions et nous vous invitons à faire de même !
Vous aussi participez et complétez : ☞☞☞ la base des solutions pour un habitat autonome ☜☜☜
Pourquoi certaines Low Tech essaiment et d’autres non ?
Après la question du sens, se pose aussi celle de l’ampleur de l’impact et c’est notre dernière experte, sur le sujet, Élaine Le Floch (Expédition Nomades des Mers), qui nous permet d’aborder cette énigme : pourquoi certaines solutions Low tech restent dans les garages de leurs inventeurs alors que d’autres sont reprises, diffusées et permettent d’atteindre un plus grand impact social ?
Autant de questions qu’il faudra vous poser si vous comptez avoir un impact à large échelle :
#1 La technologie doit répondre à un vrai besoin
Un déssalinisateur solaire peut être utile mais son utilité est limitée par son contexte : ce sont surtout les population en zone désertiques qui manquent d’eau.
#2 La technologie doit s’adapter aux usages quotidiens
Par exemple, le charbon vert à partir de coproduits agricoles implique une cuisson plus lente ce qui rend l’adoption plus difficile car les gens ne veulent pas changer leurs habitudes (qui plus est si le prix est plus élevé).
#3 La technologie ne sert pas à réinventer l’eau chaude
Les techniques de cultures de spiruline sont au point et ce super-aliment apporte énormément sur le plan nutritionnel mais de nombreuses autres plantes utilisées traditionnellement étaient aussi très intéressantes et se sont vues évincées par l’arrivée de la malbouffe et des bouillons cubes. Parfois le besoin est plus dans l’éducation que dans des innovations “disruptives”.
#4 La technologie doit être facilement appropriable
À l’époque, les colons français ramenaient des marmites en fonte au Sénégal. Les Sénégalais de Thiès les copiaient en faisant fondre de l’aluminium recyclé des chemins de fer, avec un système low-tech de moulage dans le sable. Un système économique se met en place. Les jeunes viennent travailler pour les fondeurs puis s’en vont exercer ailleurs qui forment eux-mêmes d’autres apprentis qui s’en vont exercer ailleurs… La technique s’est répandue dans toute l’Afrique jusqu’à Madagascar. C’est pourquoi on trouve des marmites en aluminium partout en Afrique !
Envie de vous mobiliser pour un habitat plus durable ? Rejoignez la mobilisation Future of Waste !