10 bateaux qui vont nous sauver de la noyade

10 bateaux qui vont nous sauver de la noyade

Des initiatives pour sauver les océans du tsunami de plastique
06 April 2018
par makesense
9 minutes de lecture

Alors que s’est ouvert en mars dernier le sommet de l’eau à Brasilia, une récente étude est venue renforcer la certitude que certaines parties des océans se transforment en déchetteries géantes. Rien de moins qu’un tiers de l’Europe (ou 6 fois la France) flotte allègrement au gré des courants. Le plastique est donc l’une des problématiques majeures de la protection des océans et donc du climat (rappelons que la terre est couverte à plus de 70% d’eau).

Heureusement, à cœurs vaillants rien d’impossible, de géniales initiatives voient le jour pour tenter d’enrayer ce phénomène. Mais parler d’océan, c’est aussi parler de la vie de la planète. Les océans agissent comme des régulateurs climatiques. Sans eux, les écarts de températures atteindraient plusieurs centaines de degrés entre les tropiques et les pôles. Donc en plus de les protéger il faut les comprendre. C’est à tout cela que se sont attelés les bateaux que présente ce top.

Un conseil, ne le lis pas au boulot, si jamais la fenêtre de ton bureau n’a rien de commun avec un hublot, que ton chef n’a pas de casquette de commandant trop classe et qu’en criant « Souqueeeezz les artimuses », personne n’est là pour te rappeler que ça ne veut rien dire. Il risque de te donner des envies d’enfiler le ciré (ou le combo marinière tatouage, c’est selon).

Source: France Inter

En 2016, Corentin de Chatelperron se lance dans une aventure d’un genre nouveau. Embarqué sur un catamaran nommé « Nomade des Mers », il promeut les solutions low-technologies et souhaite faire de ce navire le porte-drapeau de l’innovation durable et solidaire. Avec son équipe, Corentin a traversé 12 pays en 15 étapes et rencontré une trentaine de systèmes low-tech. Comme leur nom l’indique, ces solutions permettent, avec peu de technologies, de répondre à une problématique du quotidien de manière accessible, durable et solidaire.

L’expédition a permis d’aller à la rencontre de ces projets prometteurs, et de les répertorier sur le Low-tech Lab, sorte de Wikipédia des solutions low-tech open-source. Le bateau, imaginé comme un véritable laboratoire (serre hydroponique, pédalier multifonctions, éoliennes, labo mécanique….) permet de tester ces technologies et de promouvoir les innovations rencontrées.

Source: Natura Sciences

À bord du Nomade des Mers se trouvait un jeune officier de marine marchande, Simon Bernard. Bénévole pendant deux ans sur ce projet, il a eu l’occasion d’arpenter les côtes africaines et notamment sénégalaises. C’est lors de cette expédition qu’il a fait deux constats. a- l’océan était plein de plastiques flottant et b- les gens venaient leur demander des petits boulots durant les escales. De là est né Plastic Odyssey.

Cette aventure a donc une double ambition ; réduire la pauvreté et la pollution via l’innovation. Comment ? Avec un catamaran de 25 mètres propulsé uniquement grâce au plastique. Les déchets seront ramassés à terre durant les escales (33 principales) et triés à bord. Les non-recyclables serviront de carburants pour faire avancer le bateau, les autres serviront à fabriquer des objets selon les besoins locaux des habitants des pays qu’ils borderont. Le navire servira également d’atelier de test pour des machines open-source afin de diffuser ces technologies à travers le monde et créer localement des emplois, tout en nettoyant l’environnement. L’expédition devrait démarrer en 2020 et parcourir 40 000 nautiques (près de 75 000kms), en 3 ans.

Source: Mashable

Energy Observer et son capitaine Victorien Erussard souhaitent également puiser l’énergie dans la nature sans l’abîmer ni la gaspiller. Mais on parle de vraie nature cette fois, pas des bouteilles Coca qui se prennent pour des langoustes. La mission a l’ambition de réaliser un tour du monde à bord d’un bateau autonome en énergie et sans émission de gaz à effet de serre ni de particules fines. Il sera donc propulsé à l’hydrogène décarbonée à partir de l’eau de mer, grâce au mix d’énergies renouvelables.

En plus de l’hydrogène produit, le bateau bénéficiera de l’énergie solaire grâce à ses 130m2 de panneaux photovoltaïques et du vent grâce à deux éoliennes et un cerf-volant de 50m2. L’hydrogène prendra le relais en absence de vent et de soleil. L’intérêt de ce système réside dans sa capacité de duplication et d’utilisation en milieu terrestre. Il permet donc d’envisager de nouvelles solutions pour l’énergie de demain. 6 ans, 50 pays et 101 escales : voilà les chiffres astronomiques de cette odyssée.

Source: L'usine nouvelle

Les raies Manta se nourrissent en filtrant l’eau. Yvan Bourguignon, qui n’est pas une raie, a longuement navigué sur les océans durant sa carrière de navigateur, et tristement constaté l’amoncellement du plastique dans les océans. Il imagine donc ce bateau, véritable aspirateur des mers, capable de ramasser les déchets de plastique et notamment les « macro-déchets », avant qu’ils ne se détériorent. L’idée c’est de faire le « boulot de milliers de raies manta » explique-t-il. Le bateau pourra stocker 600m3 de plastiques à bord. En réalité c’est un banc de bateaux qui devrait voir le jour dans les années à venir. Le Manta sera sur quille en 2023 et initiera un projet plus ambitieux encore, the Sea Cleaners. Yvan Bourgnon et son équipe espèrent qu’avec cette initiative une centaine de bateaux seront mis à l’eau en 25 ans.

Source: exxpedition.com

Si quelques grandes figures ont réussi à féminiser la voile en compétition (Maud Fontenoy, Ellen Mac Arthur…), le milieu marin demeure encore aujourd’hui très masculin. Ce top reflète malheureusement cette réalité et encourage vivement les initiatives portées par des femmes. exxpedition en est une bonne !

Ce projet n’est donc réservé qu’aux femmes pour plusieurs raisons que ses fondatrices exposent 1) Le monde scientifique

est très largement dominé par les hommes 2) Les études sur les conséquences néfastes des produits chimiques pour le corps se sont largement concentrées sur les hommes alors que 3) les femmes semblent plus exposées aux produits toxiques (cosmétiques, produits de beauté…).

Le projet eXXpeditions souhaite ainsi, à travers une série de voyages, comprendre le lien entre la santé de l’environnement et celle des femmes. eXXpeditions explore les océans à travers des missions scientifiques de recherche sur le climat et engage donc les femmes dans les débats sur le plastique, les produits chimiques et cancérogènes et leurs effets sur le climat et notre santé. Il vise à inspirer les individus à changer leur manière de consommer au bénéfice de l’environnement et notre santé et mettre en avant des histoires de femmes inspirantes et leaders.

Source: lafaimdumondede2014.com

Baptiste Dubanchet s’est lancé à 29 ans dans une aventure de taille : rallier Paris à New-York en pédalo pour mettre un coup de projecteur sur le gaspillage alimentaire. Quel rapport entre les deux, me direz-vous. Le jeune aventurier ne s’est nourri que de produits périmés. Il souhaite notamment permettre au grand public de mieux distinguer les notions telles que « date limite de consommation » et « date limite d’utilisation optimale », toutes deux utilisées par les fabricants.

En grande partie conséquence de cette confusion, il veut alerter sur le fait qu’un foyer de 4 personnes gaspille en moyenne 20 kilos de nourriture par an, dont 7 encore emballés. Des chiffres à mettre en perspective: alors que plus de 800 millions de personnes souffrent de sous-nutrition, entre un tiers et la moitié de la production mondiale est jetée.

Source: Europe1.fr

Difficile d’évoquer les expéditions, l’esprit d’aventure sans penser à Jean-Louis Etienne. Après avoir parcouru les lacs gelés en chien de traineau (premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire, tout de même), c’est aux océans qu’il a décidé de s’attaquer. Le Polar Pod est sa nouvelle trouvaille. Pylône flottant d’une centaine de mètres de hauteur, il permettra à une équipe de 7 personnes de dériver dans l’océan Austral autour du continent Antarctique. Beaucoup d’analyses pourront être effectuées dans ces eaux dont les conditions dantesques ne permettent qu’à très peu de bateaux de naviguer. Elles porteront principalement sur les échanges océan-atmosphère, qui comportent des éléments clés pour la compréhension des enjeux climatiques. Dans ces eaux se trouve notamment le plus grand puit de CO2 de la planète. De quoi avoir quelques indications sur l’état du monde et imaginer des pistes pour l’améliorer.

Source: LExpress.fr

Dans la catégorie des initiatives marines qui font du bien mais qui ne sont pas forcément des bateaux, Stories nomme Boyan Slat.

A 23 ans Boyan Slat a déjà été élu personnalité la plus influente de l’année par l’hebdomadaire néerlandais « Elsevier ». La raison ? Il développe un projet qui doit permettre de nettoyer les Océans du plastique qui s’y accumule. Rien que ça. Plutôt que d’aller chercher le plastique (bien trop coûteux selon lui), son système attend que ce dernier vienne à lui. Il prévoit ainsi de nettoyer la moitié du Pacifique en dix ans. Son idée consiste en une « flotte de systèmes de nettoyage qui forme un fer à cheval agissant comme une barrière et qui concentre le plastique » qui peut ensuite être récolté, explique-t-il. Cette barrière agit comme peuvent le faire les côtes d’un continent, mais au beau milieu de l’océan.

L’opération débutera en 2018 et déploiera progressivement 50 à 60 flottes d’ici 2020. Son ambition est claire : avoir « éliminé la pollution plastique des océans » d’ici 2050.

L’Afrique, l’Europe, l’Océanie….et puis un 7e continent. Ah ben oui, l’Amérique du Sud ?! Mais non, l’autre… le 7e continent ! Mais si, celui qui flotte, celui qui bouge. Le continent de plastique ! A force de s’accumuler dans l’océan, le plastique finit par former un véritable continent. Une splendide île qui trône fièrement là au milieu. Où ça ? à 5 endroits. En réalité il y a 5 7e continents. Vous suivez ? Des amas de plastiques en mer, il s’en forme en réalité un peu partout. C’est à cette problématique que s’est aussi attaquée l’expédition 7e continent.

Plutôt que d’amèrement constater son accroissement rapide, Patrick Deixonne, navigateur et explorateur a décidé de former une expédition vers cet océan de déchets. Il découvre la pollution par les déchets plastiques au cœur des océans lors d’une traversée de l’Atlantique à la rame en 2013. Aidé par de prestigieux centres de recherche (CNRS, CNES ou ESA) il monte une expédition pour se rendre dans le gyre (gigantesque tourbillon d’eau dans les océans ) de l’Atlantique Nord. Sous l’action d’une force centripète (mais si rappelle-toi…), les gyres ont tendance à accumuler des déchets, notamment plastiques.

Cette expédition va permettre de quantifier la pollution plastique en cet endroit ainsi que la pollution chimique qu’elle engendre. Plusieurs expéditions s’enchaineront ensuite pour approfondir les recherches et déployer un programme pédagogique afin de sensibiliser et mobiliser les citoyens, à travers par exemple une troupe de théâtre embarquée dans l’arc Caraïbe.

Source: deezen.com

Et si, pour combattre le plastique dans les océans, on créait un nouveau pays ? C’est l’idée de l’ONG Plastic Oceans Foundation, aidé par le célèbre site LADbible. Ensemble, ils ont décidé de défendre la création d’un nouvel État auprès de l’ONU à travers une pétition lancée en ligne qui récolte aujourd’hui plus de 200 000 signatures afin d’éveiller les consciences internationales.  Si ces « Îles de déchets » deviennent un pays à part entière, ces territoires flottants seront protégés par les traités environnementaux et devront, à ce titre, être protégés et donc nettoyés. Les îles disparaîtront donc. Absurde… mais efficace ! Ce pays dispose déjà de son drapeau, de billets de banques ainsi que d’un passeport.

D’ailleurs, bonne nouvelle pour ses futurs citoyens ! Ce nouveau continent peut accueillir encore plus de monde. D’après une récente étude de Nature Scientific Reports, il serait 4 à 16 fois plus important que les dernières prévisions Le plus inquiétant est qu’il s’agit en réalité de la partie émergée de l’iceberg (de plastiques), puisque les scientifiques estiment que la majeure partie de la pollution plastique se trouve non pas à la surface mais immergée au fond de l’eau.