Bric à Vrac, quand le vrac contre-attaque

Bric à Vrac, quand le vrac contre-attaque

Bric à Vrac, incubée chez makesense, ambitionne de révolutionner l’achat en vrac grâce à une nouvelle machine connectée. Rencontre avec Flore Leenhardt, cofondatrice.
25 March 2021
par Marie Auriac
4 minutes de lecture

A t-on vraiment passé l’âge des emballages ? Si un français sur trois a déjà acheté en vrac, seulement 10% en consomme de façon régulière. Bric à Vrac, incubé chez makesense, ambitionne de révolutionner l’achat en vrac grâce à une nouvelle machine connectée. Rencontre avec Flore Leenhardt, cofondatrice.

Quel est ton parcours ?

Après des études dans le domaine des industries créatives et un master en entrepreneuriat, j’ai été bénévole chez Seed Stars qui organise des compétitions de start-ups à impact du monde entier à Lausanne. J’avais envie d’entreprendre, seulement il me manquait l’idée. Je me suis donc inscrite à un week-end start-up Tech for Good organisé par Sciences Po. C’est là-bas que j’ai entendu le pitch d’Elise. Elle était révoltée par le fait que ses parents ne trient pas, et essayait de leur faire adopter le vrac. Elle s’était mise en tête de fabriquer un distributeur de vrac. J’ai trouvé que son projet avait un réel potentiel. On a ensuite rencontré Samy qui venait de finir ses études d’ingénieur et souhaitait travailler dans la Tech for good. Ça fait un an et demi qu’on est associé·es tous les trois !

Quels sont aujourd’hui les freins à la consommation du vrac ?

Changer les habitudes des consommateur·rices prend du temps. Beaucoup de personnes n’ont jamais essayé le vrac simplement parce qu’elles n’en ont pas l’habitude. Il y a aussi le fait que le vrac n’est pas encore disponible partout en France. Ensuite, certain·es jugent que cette alternative n’est pas idéale en termes de praticité et d’hygiène, mais aussi de transparence puisqu’elle supprime les informations autrefois écrites sur les emballages. Mais les consommateur.rices ont surtout peur des mauvaises surprises en caisse, car ils connaissent seulement le prix de leur achat au kilo.

Quel est votre business model chez Bric à Vrac ?

Nous louons nos distributeurs de vrac aux supermarchés pour des produits secs et solides (pâtes, riz, amandes). Notre priorité était de permettre aux consommateur·rices de savoir sur le moment combien ils vont payer. On a donc pensé notre machine à la manière d’une pompe à essence : la personne vient au supermarché avec son propre contenant et au moment de se servir, elle voit le prix et la quantité de produit défiler sur l’écran. Afin de garantir aux consommateur.rices une réelle traçabilité produit, notre machine est connectée à une appli mobile où allergènes, origine du produit et prix au kilo sont renseignés. À l’avenir, on aimerait ajouter à cette liste l’impact écologique généré par le produit.

Quels avantages les supermarchés y trouvent-ils ?

Avec Bric À Vrac, en plus des machines, on met à disposition des magasins un tableau de bord qui leur permet de suivre la performance des ventes, la gestion des stocks et la traçabilité produit, pour in fine éviter les pertes.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face ?

On n’imaginait pas à quel point développer un produit prendrait du temps. Au début, très naïvement, on s’est dit qu’on allait créer notre machine nous-mêmes et la mettre en magasin. Mais en réalité, nos premiers prototypes n’étaient pas assez fiables, ni conformes aux normes… Sans parler de l’aspect esthétique. En bref : ils n’étaient tout simplement pas présentables en magasin !

Aujourd’hui, c’est le début de l’aventure Bric à Vrac. Comment vois-tu votre projet dans 1 an ?

Pour l’instant, on teste nos machines. On lancera ensuite l’industrialisation et la certification, ce qui nécessitera une levée de fonds. Enfin, on pourra lancer la production des machines pour les commercialiser fin 2021. En parallèle, on réfléchit à développer des briques en carton - elles sont aujourd’hui en plastique - pour que les magasins puissent les recycler. A terme, on souhaiterait mettre en place une économie circulaire où nos briques seraient utilisées, centralisées, lavées puis remises en magasin.

L'équipe Bric à Vrac au complet : Samy, Flore et Élise

Raconte-nous ton année d'incubation chez makesense

J’ai adoré les formations du mercredi avec des expert.es, toujours très enrichissantes et concrètes. Je retiendrai notamment celle avec Amaury de Too Good to Go qui nous a expliqué comment ils s’y étaient pris pour démarcher les supermarchés - qui sont aussi notre cible. Ensuite, le suivi hebdo nous a beaucoup apporté. Quand on débute dans notre projet, on a souvent l’impression de stagner. Ce suivi régulier nous a permis de prendre du recul et de nous rendre compte que si, on avance ! On y a aussi trouvé de super conseils et du soutien en cas de problème. Enfin, on a bénéficié de la force du réseau de l’incubateur : toutes les entreprises à impact (re)connaissent makesense.

Qu’est ce qui te rend fière avec Bric à Vrac ?

C’est avant tout le fait de travailler tous les jours pour un projet qui est le mien et en lequel je crois. Et je serai encore plus fière quand j’aurai la machine devant moi ! Au-delà de cela, ce projet nous aura permis d’apprendre tant de choses et de rencontrer tant de personnes si inspirantes... On en sortira grandi·es, c’est certain.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu'un qui hésite à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale ?

Tu n’as rien à perdre. A la fin de mes études, je me suis dit : “C’est le moment où jamais.”. Si tu as cette envie en toi, écoute-la et fonce ! Dans la vie il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Et quand bien même on n’a pas l’idée du siècle. Sinon, d’un point de vue plus pratique, je dois admettre que c’est pas mal de toucher le chômage le temps de se lancer !

Selon toi, qu’est ce que l’entrepreneuriat doit apporter à la société ?

Pour moi, la recherche d’impact positif est devenue incontournable lorsqu’on lance son entreprise aujourd’hui. Au moment de créer Bric à Vrac, on s’est demandé comment mettre les nouvelles technologies au service de la transition écologique. C’est toute la réflexion derrière le mouvement de la Tech for good. Beaucoup de personnes pensent que la technologie nous est nuisible. Je pense au contraire qu’on a beaucoup de chance de l’avoir, mais il faut réussir à la mettre au profit du bien commun.