À l’heure où certains rêvent de s’exiler à la campagne loin du bitume et des bruits de klaxons, que la ruralité a le vent en poupe pour y créer les utopies du fameux monde d’après, il est bon de se rappeler que plus de 80% de la population française habite en ville. Et si vos potes vous vantent les mérites de ce petit coin de verdure paumé loin de la pollution, reste qu’habiter la ville présente beaucoup d’avantages quand on veut faire bouger les lignes vers plus d’écologie et de justice sociale.
Petit a... on est nombreux ce qui peut créer un effet de masse quand on s’attaque à un problème. Petit b, mine de rien, se rendre compte au quotidien des inégalités peut mettre de l’huile dans le carburateur de notre envie de bouger les choses (quand on est dans un coin de verdure, cela nous titille peut-être un peu moins). Allez, zou, on regarde à la loupe les actions créatives (ou pas), qui donnent envie de rester avec du bitume sous les souliers, parce qu’en ville on peut…
Battre le bitume lors de manifestations
Soyons honnêtes, même si manifester est parfois devenu une action compliquée tant la police peut mettre une pression sur les manifestants (et que les dirigeants semblent parfois s’en soucier autant que leur première paire de bretelles), les grands soulèvements populaires se font (en partie) dans les villes (et sur les ronds-points). Une pancarte, une lutte qui nous tient à cœur - et en ce moment, il y a de quoi faire -, Bella Ciao à fond les ballons et c’est parti.
Participer à des maraudes
En ville, on se rend vite compte des inégalités : il suffit de passer d’un quartier à un autre, d’observer celles et ceux qui se font de bons restos et celles et ceux qui ont à peine de quoi s’acheter un sandwich. De quoi donner envie d’agir en donnant un coup de pouce à celles et ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Il existe pléthores d’initiatives qui viennent en aide aux personnes les plus démunies. Au sein de ces initiatives des modes d’actions différents : distribution alimentaire, maraudes, démarchage des commerçants pour qu’ils proposent des services gratuits, etc.
Par qui passer ? La Chorba, Les Restos du Cœur, Le Carillon, La Cloche, Entourage, Dans ma rue…
Contribuer à des actions chocs et symboliques
C’est la spécialité d’associations comme Extinction Rebellion, dont les membres se triturent les méninges pour élaborer des actions qui sortent du lot : du sang en grande quantité devant le Trocadéro pour illustrer la 6e extinction de masse, un bateau géant à Londres pour symboliser l’inaction de nos sociétés, une marche au ralenti pendant plusieurs jours au sein de Paris avec la Terre sur le dos… L’idée étant de créer des images qui déclenchent des prises de conscience fortes dont les médias s’emparent plus facilement et s’impriment dans l’esprit des passants et des passantes. Vous avez aussi sûrement vu la jeune militante qui s’est accrochée au filet de tennis pendant un match de Roland-Garros avec un T-Shirt avec écrit en gros "We have 1028 days left". Une action qui a valu 40 heures de garde vue à son initiatrice mais qui a eu le mérite de faire parler d’elle.
Pour rejoindre les artivistes d’Extinction Rébellion c’est par ici.
Occuper des lieux destinés *insérer au choix* : la bétonisation - l’installation de centres commerciaux - à des entrepôts Amazon
Bon, les ZAD (Zones à Défendre) c’est aussi en ruralité, il n’y a qu’à voir la ZAD de Notre-Dame des Landes qui n’est pas vraiment dans un centre-ville urbain. Mais les projets qui détruisent le vivant, ça n’est pas ce qui manque à Paris et aux alentours. Près de la capitale dans le département de l'Essonne, il y a par exemple la ZAD de Saclay qui lutte contre la construction de la ligne 18 et la préservation des terres agricoles, la TEP (Terre d’écologie Populaire) en plein cœur de Paris à Ménilmontant et plein d’autres grands projets inutiles que le média Reporterre a cartographié. Autant d’espaces de luttes actives à rejoindre.
Mettre les mains dans la terre dans les jardins partagés
Bon, vous allez dire : jardiner, on peut le faire partout, d’autant plus à la campagne. Mais quand même, les jardins partagés fleurissent (c’est le cas de le dire) partout dans les villes. D’anciennes friches, des bouts de parcs (et parfois même les cimetières) sont mis à disposition des citadins qui ont envie de se faire pousser des carottes et autres végétaux. L’occasion de créer du lien, et de proposer une autre vision de la ville, plus verte, plus résiliente. Et parce qu’on est sympa, voici la carte des jardins partagés en Île-de-France, à Lyon et en Rhône-Alpes ou Bordeaux.
Devenir bénévole dans des événements ou des lieux qui nous parlent
L’offre d’événements engagés est foisonnante en ville, et un grand nombre de ces événements et de lieux recherchent des bénévoles pour aider : au bar ou à la cantine, à l’installation ou au démontage. On aime se sentir faire partie d’une fourmilière de personnes qui œuvrent pour le bien commun. La liste est (très longue), mais citons par exemple le festival Low Carbon City, l’espace Coco Velten à Marseille et tous ces tiers-lieux qui inventent une autre façon de vivre la ville.
Coller des affiches à messages dans la rue
Utiliser l’espace public des rues pour faire passer des messages forts, c’est le pari des colleuses d’affiches, qui diffusent des messages féministes et intersectionnels partout sur les murs de Paris, Marseille, Nantes, Lyon… Leurs messages chocs et incisifs alertent sur le viol, les inégalités de genre ou de race, le harcelèment de rue, et permettent aux minorités de se sentir reliées (au moins le temps que ces affiches soient arrachées, ce qui est leur sort le plus commun). Retrouvez ces collectifs de colleuses sur Instagram : @collages_feminicides_nom de votre ville
Faire tribu
La ville est encore un endroit où des minorités (de race, de genre) peuvent se retrouver plus facilement pour se soutenir, même si ça arrive doucement également dans les campagnes. Que ce soit dans des lieux, pour faire la fête, ou militer, l’existence de safe space permet d’évoluer sans la peur du regard des autres, mais aussi de créer des espaces où les idées progressistes naissent et se diffusent.
Pour aller plus loin : la liste des assos LGBTQIA+.