Comment faire pour éloigner cette boule d’éco-anxiété qui vous retourne le ventre ? Voici quelques idées pour se sentir un peu plus léger.
Une petite perle de sueur qui coule le long de la colonne vertébrale après chaque notification ? Une envie d’hiberner en attendant que l'humanité trouve une solution pour éviter sa propre fin ? De construire un bunker dans le fond de son jardin ? Jusque là, rien d’anormal, car comme l’affirme la psychologue Charline Schmerber, “l’éco-anxiété est une réaction saine dans un monde qui s’ignore fou”.
Si l’expression “éco-anxiété” a été créée en 1997, son usage s’est massifié avec la prise de conscience des enjeux écologiques ces dernières années, notamment chez la plus jeune génération qui risque de subir de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Selon un sondage IFOP, 67 % des Français déclarent effectivement ressentir de la peur face à l’avenir. Il n'existe pas de formule magique pour enlever cette anxiété, mais il n’en reste pas moins des actions qui peuvent la rendre plus facile à porter.
1. S’entourer
En fonction de la sensibilité de son entourage, on peut se sentir seul.e à ruminer ses idées… et la tentation peut être grande de balancer lors d’un dîner de potes climato-sceptiques que, de toute manière, “tout est foutu”. Sachez déjà que vous êtes loin d’être la seule personne à ressentir de l’éco-anxiété (dixit les sondages) et qu’il existe des alternatives pour se sentir appartenir à une communauté partageant les mêmes valeurs et préoccupations.
- Se rendre à des événements liés au climat où il est facile de rencontrer des personnes qui vous ressemblent. Les apéros paumé.e.s peuvent être de chouettes endroits où rencontrer ses pairs, tout comme les événements organisés par makesense.
- Confiez-vous auprès d’ami.es qui partagent les mêmes valeurs et qui savent écouter vos questionnements sans rajouter de l’huile sur votre feu intérieur ni dénier ce que vous vivez.
2. Se faire accompagner
L’éco-anxiété, même si elle n’est pas définie comme une pathologie, n’est pas à l’abri de causer de vraies dépressions. Si la détresse est trop forte, un psychothérapeute pourra toujours vous apporter du soutien et l’écoute nécessaire pour la dépasser.
- Faire appel au dispositif mis en place par le gouvernement permettant de bénéficier de huit séances de psychothérapie gratuites (à condition d’être étudiant.e).
- Cesser de culpabiliser si vous vous sentez bloqué.e. La culpabilité est l'ennemi de l’estime de soi et de l’action. Alors si on n'arrive pas à agir, c’est ok aussi de se lâcher un peu la grappe et d’attendre que l’énergie revienne.
3. Rire
Le rire est une arme redoutable contre le spleen, et si rire de la crise climatique n’est pas le sujet le plus évident, certains y arrivent très bien.
- On peut citer le film “Don”t look Up” pour rire (jaune), les humoristes Swann Périssé et Guillaume Meurice, la bande-dessinée Koko n’aime pas le Capitalisme qui mettra à rude épreuve vos zygomatiques.
4. Agir pour le climat
Ce qui est le plus paralysant est finalement de voir le monde en cacahuète en ayant l’impression que quoi qu’on fasse, on ira dans le mur. Agir dans ce contexte est pourtant un excellent moyen de faire sa part, si ce n’est pas pour se donner bonne conscience, pour “couler avec grâce” selon les dires de Corinne Morel Darleux. Certes, nos actions peuvent sembler être des gouttes dans un océan, mais ça fait toujours du bien de se rappeler que sans luttes un peu musclées, par exemple, les femmes n'auraient pas le droit de vote ni celui d’avorter.
- Rejoindre les programmes ré-action de makesense ou s’inscrire pour des missions bénévoles ponctuelles à La Fourmilière.
- Se renseigner sur les luttes locales près de chez soi.
5. Prendre soin de soi
Cela ne veut pas nécessairement dire prendre des bains au lait d'ânesse quotidiennement… mais l’éco-anxiété est aussi la meilleure amie du surinvestissement, que ce soit dans son job à impact ou dans ses activités militantes. Avec comme effets collatéraux le burnout ou le dégoût de ces activités. Il s’agit donc de trouver un équilibre satisfaisant entre actions et repos pour éviter de se brûler les ailes.
- Faire une activité qu’on affectionne particulièrement pour recharger ses batteries (aller au théâtre, au ciné, participer à un tournoi de pétanque…)
- S’autoriser des plages de repos, à ne rien faire (pour de vrai)
6- Limiter sa consommation d’information
À force de scroller toute la journée sur des sites d’informations mettant en avant le pire de ce qui se passe dans le monde, on risque de renforcer notre croyance qu’il n’y a rien à faire, que c’est foutu, et renforcer les vagues d’anxiété à chaque nouvelle notification.
- Réduire son temps de lecture si on sent qu’on y passe vraiment trop de temps. Pour ça, il faut un peu d’auto-discipline et, si ça ne suffit pas, l’aide d’applications qui limitent le temps passé en ligne comme StayFocusd ou Forest
- Choisir ses sites d’informations, en équilibrant par exemple les médias mainstream avec des médias montrant des solutions. Par exemple le magazine So Good du groupe So Press ou le “Fil Good” du Monde
- Désactiver les notifications qui ont la fâcheuse tendance de nous éparpiller et nous ramener sans cesse aux informations, même quand on n’a rien demandé.
7. Passer du temps dans la nature
Déjà pour se rappeler qu’elle est extrêmement résiliente. Mais aussi parce que quelle que soit la cause de son anxiété, les balades dans la nature ont fait leurs preuves pour calmer le système nerveux. Faire des câlins aux arbres est même une activité reconnue au Japon (même que ça s’appelle le Shinrin yoku).
8. S’inspirer des éco-optimistes
Leur constat sur l’état du monde n’est pas naïf, ils ont bien lu les Rapports du GIEC, merci bien. Mais ils n’ont pas décidé pour autant de baisser les bras. Dans son livre “Les éco-optimistes – Remèdes à l’éco-anxiété”, sorti en février 2023 aux éditions du Seuil, Dorothée Moisan dresse le portrait de neuf écologistes qui ont décidé de passer à l’action sans se laisser abattre. On peut y lire le chroniqueur et humoriste Guillaume Meurice, l’ingénieur Corentin de Chatelperron, la mairesse Léonore Moncond’Huy. Chacun et chacune ont pour point commun d’explorer des manières de se mettre en mouvement, que ce soit par l’humour ou l’action.