Lorsqu’on vieillit, la mobilité devient une question centrale, pour les petits déplacements du quotidien et pour le lien social. Et parce que cette question peut vite devenir un casse-tête, Wimoov, qui travaille depuis longtemps à développer la mobilité des personnes en insertion sociale et professionnelle, met son savoir-faire au service des seniors.
Durant la première moitié d’année 2017, MakeSense s’est associé à la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV) pour porter une mobilisation qui nous est chère : le mieux vieillir. Qu’il s’agisse de santé, de lien social, de mobilité, de sécurité, d’habitat ou de transmission de savoir-faire, MakeSense STORiES s’est engagé à raconter des histoires inspirantes ou à présenter des solutions pour améliorer la vie des seniors au quotidien !
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Léo Pometti a bien conscience que les enjeux sur lesquels il travaille sont cruciaux. Pour autant, la position-clé de sa structure est aussi essentielle que difficile : Wimoov fait dans “l’impact indirect”. Son sujet ? La mobilité des personnes âgées. Et son défi ? Tâcher de trouver des solutions, à son échelle (le Val-de-Marne) pour que le maximum de seniors puisse trouver chaussure à son pied pour ses déplacements. Sauf que Wimoov n’opère pas ces solutions mais joue le rôle de “liant” : grâce à l’action de Théo, la structure informe, dresse des bilans de mobilité, produit des formations et oriente chaque profil vers des solutions de déplacement adaptées.
Que fais-tu au sein de Wimoov ?
Léo : Ça fait deux ans et demi que je travaille au sein de Wimoov, à Créteil. Au début, j’étais davantage attaché au public en situation d’insertion et de réinsertion sociale et professionnelle, qui est le public auquel Wimoov se destine à l’origine. J’avais pour objectif de réaliser des Bilans Compétence Mobilité, qui sont des entretiens et qui font le point sur la situation de chaque personne qui vient nous voir. Ces personnes, ce sont des structures comme Pôle Emploi ou la Mission Locale qui nous les envoient, mais on se déplace parfois dans les centres sociaux.
On a ensuite les capacités de les orienter vers de solutions de mobilité, des micro-crédits pour financer un permis de conduire, on propose un service de location de vélos et de scooters électriques… Au final, le but est toujours de trouver des solutions pérennes de mobilité pour chaque personne.
Depuis, j’ai basculé sur des projets et des publics différents, notamment celui des personnes âgées.
Du coup, quel est ton rôle concernant l’accompagnement des personnes âgées ?
Reprenons depuis le début : en 2015, une plate-forme dédiée à ce public a été lancée à Bordeaux, ce sont vraiment les initiateurs. L’idée, c’était vraiment de mettre toutes nos ressources déjà développées depuis longtemps au service d’un public qui a absolument besoin de solutions adaptées pour pouvoir se déplacer et qui nécessite une écoute particulière. Savoir se repérer parmi toutes les offres de transport en commun, penser au transport à la demande… Vu que le projet de Bordeaux a bien fonctionné, la CNAV a été d’accord pour qu’on le lance aussi sur notre plate-forme dans le 94. Je suis donc attaché depuis mi-2016 au développement de ce projet.
Nous organisons des ateliers collectifs d’information et de prévention au sein de maisons de retraites et de CCAS qui réunissent des seniors, et depuis 2017, on a aussi lancé des prises de contact individuelles. Là aussi, des structures peuvent faire le lien entre nous et des personnes qui auraient des besoins en mobilité. On se déplace parfois à domicile pour réaliser des bilans de mobilité. Toutefois, la plupart des demandes auprès de nous découlent de nos ateliers collectifs.
Une autre de mes missions, en conséquence, ça va être de prendre contact avec des structures, des entreprises qui proposent de combler ces besoins de mobilité. On les inclut dans notre plate-forme, et ils deviennent nos partenaires. On travaille avec des services de VTC spécialisés pour les seniors, par exemple.
Vous êtes avant tout des facilitateurs, donc ?
On joue plusieurs rôles, dans une position qui se situe entre les gens et les services qui peuvent les aider : on fait de l’information, de la prévention (notamment sur la sécurité routière), du conseil personnalisé… On facilite les choses, on essaie de trouver des solutions adéquates et on les rend possibles. On a un panel d’ateliers dans lesquels les résidences et les structures d’accueil des seniors choisissent, en fonction de ce qui est le plus adapté.
Y a-t-il un vrai problème de lisibilité des solutions de mobilité aujourd’hui ?
Complètement. La société et les politiques publiques ne se sont pas encore assez emparées de ce problème, ils le font de manière assez localisée, au niveau de la commune, avec des transports à la demande les jours de marché par exemple. Il y a des initiatives au niveau du département, mais parfois, cela concerne uniquement les personnes à plus de 80% de handicap. Il y a des solutions, mais très “catégorielles”. Les transports en commun ne résolvent pas tout, surtout en banlieue. Et les services de VTC sont mal connus des seniors, surtout qu’ils ne sont pas aussi connectés que la moyenne de la population. Cela va peut-être changer avec l’arrivée des nouveaux retraités, déjà bercés aux usages du numérique. Mais ces services sont coûteux, si on veut partir du 94 pour aller à Paris, c’est toujours plusieurs dizaines d’euros…
Il y a des aides là-dessus ?
Il y en a, mais cela va varier d’un endroit à l’autre. Dans le 94, il y a une allocation pour les déplacements en taxi par exemple. Mais encore une fois, c’est catégoriel et tout le monde ne peut pas la toucher. On le constate : il n’y a pas de solutions pour tout le monde, et cela pose un problème.
Et côté citoyens ?
On est en train de prendre conscience de cette question de la mobilité avec le vieillissement des populations. C’est un mouvement de fond, qui prend du temps, mais on peut le déceler dans l’évolution des politiques vis-à-vis des aidants, par exemple. Pour ce qui est de la mobilité, le grand défi est de ne laisser personne sur le côté, notamment les seniors qui vivent dans les zones rurales ou périurbaines. Et les citoyens commencent aussi à prendre conscience de l’utilité des services “inversés” par exemple : ce sont les services qui viennent à la personne. On voit aussi une émergence de ce qu’on appelle la “mobilité de proximité”. Et vu que c’est souvent par les proches que les situations d’isolement ou de non-mobilité se débloquent, c’est important que cette prise de conscience continue dans ce sens-là.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV), visant à faire émerger les projets innovants en matière de mieux vieillir.