Et si 50 000 jeunes s’engageaient activement pour sensibiliser un maximum de monde aux questions climatiques d’ici 2027 ? À travers le Service Civique Écologique, une génération agit au quotidien pour faire de l’écologie un levier de justice sociale. Mieux se nourrir, se loger, se déplacer, consommer autrement... dans les quartiers, ils et elles mobilisent habitants, commerçants et familles autour d’actions concrètes. Mais ce scénario ambitieux ne se fera pas tout seul : comment former, outiller, accompagner ces jeunes engagés ? On vous explique comment passer du rêve à la réalité.
Les moyens de l’ambition
Embarquer 50 000 jeunes sur les questions climatiques d’ici 2027, soit l’équivalent de la population de Laval ou d’Albi, pour Unis-Cité, l’organisation pionnière du Service Civique, c’est un objectif tout à fait réaliste. Pour celles et ceux qui n'ont ni sœurs, ni cousins, ni amis qui sont passés par là, le Service Civique est un parcours de 6 à 12 mois pour des jeunes de 16 à 25 ans, (ou 30 ans pour les jeunes en situation de handicap), qui réalisent des missions d’intérêt général au sein d’associations et services publics. Depuis 15 ans, c’est un levier d’engagement et d’insertion professionnelle pour des jeunes parfois éloignés des études comme de l’emploi, pour des jeunes déjà très engagés, ou encore pour des étudiants et étudiantes qui voudraient faire une année de césure.
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Si le Service civique est à ses débuts plutôt généraliste tourné vers l’intérêt général, début 2024, un collectif d’acteurs mené par Unis-Cité se met en place pour réfléchir à la mobilisation et la formation de jeunes en Service Civique autour de la transition écologique et porter un plaidoyer. Très vite, le collectif qui mêle une quinzaine d’acteurs - dont la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’Union Nationale des Centres Permanents d'Initiatives pour l'Environnement (UNCPIE) mais aussi France Nature Environnement, la Fédération des Parcs naturels régionaux, la Ligue de l’enseignement, l’IFAC, les Scouts et Guides de France - s’accorde sur le besoin de créer une formation socle sur la transition écologique adaptée aux jeunes.
De nombreuses questions se posent alors. Quel niveau de connaissances faut-il avoir sur l’écologie pour se sentir capable de mobiliser autour de soi ? Comment proposer un contenu engageant et adapté aux différents profils ? Le collectif vient toquer à la porte de makesense, séduit par l’expertise pédagogique de Transition Juste, un programme d’engagement ludique et interactif que l'association porte depuis quelques années.
L’envie d’avoir envie
En co-construction avec des jeunes, le collectif s’aligne pour créer la formation de base des ambassadeurs et ambassadrices du Service Civique Écologique. Cette formation permet de se rencontrer entre jeunes et de tisser des liens, mais aussi de comprendre sa responsabilité et sa capacité d’action face à la crise écologique. Dans la formation, les jeunes mènent une première action collective qui donne envie de continuer à agir. Un gros travail est ensuite réalisé pour comprendre ce qui empêche d’agir et lever les freins. Et parce qu’il n’est pas question de se contenter de partager des informations de manière descendante, la formation invite à exprimer ses ressentis, ses doutes et ses clichés sur l’écologie, à découvrir des outils utiles, mais aussi des inspirations pour se mettre en action concrètement. Chacun peut se retrouver dans la multitude des parcours d’influenceurs et choisir ses modes d’action en fonction de ses envies et de son caractère. Les ambassadeurs et ambassadrices repartent avec des méthodes pour parler d’écologie aussi bien avec leurs proches qu’avec des inconnus et agir en collectif sur leur territoire. À Angers, on mènera l’enquête sur la cyclabilité du quartier et on s'adressera aux responsables politiques locaux pour proposer des améliorations, à Strasbourg, on dessinera à la craie sur les trottoirs pour attirer l’oeil des passants sur la biodiversité en ville, à Dunkerque, on ira à la rencontre des commerçants pour les aider à réduire leurs déchets ou faire des économies d’énergie…
« Depuis le départ, Unis-Cité et makesense partagent la même conviction qu’il est indispensable d’intégrer les questions de justice sociale à la transition écologique, explique Valérie Gendreau, Directrice adjointe en charge du pilotage des programmes Service Civique et Service Civique Écologique. makesense nous a apporté un accompagnement extrêmement précieux sur les questions de pédagogie et, en particulier, sur la création et l’animation d’une journée de formation-action adaptée à tous les jeunes. »
Petit à petit, l’oiseau (des ambassadeurs et ambassadrices) fait son nid
Premier succès : le projet de formation porté par le collectif est retenu par les pouvoirs publics pour une expérimentation. Soutenus par l'ADEME et l'Agence du Service Civique, les 1 000 premiers ambassadeurs et ambassadrices du Service Civique Écologique bénéficient de la formation créée par le collectif. Et ça marche ! Les idées circulent de façon exponentielle. Depuis octobre 2024, les jeunes ont sensibilisé plus de 150 000 personnes aux enjeux de la transition écologique et organisé des événements d’ampleur, à l’image de l’événement “Main dans la main aux jardins” à Metz le 7 juin 2025 et des “Racines de demain” à Gap les 14 et 15 juin. Ces événements mêlent animations, conférences, expositions, sorties nature et projections.
“J'ai beaucoup apprécié les temps d'échange et de vécus avec les autres pendant la formation, explique Samia en Service Civique Écologique. Je repars avec la motivation de sensibiliser mon entourage sur ces questions environnementales.” “J’ai pu faire de nouvelles rencontres et je me sens plus légitime dans la manière que j'aurais d'aborder l'écologie auprès de mes proches… et aussi l'idée réconfortante que d'autres jeunes pensent comme moi,” poursuit Elio.
Photos : Animations organisées dans le cadre du Service Civique Écologique. Copyright : Unis-Cité.
C’est quoi la suite?
Demain, ce n’est pas si loin. Aujourd’hui, l’urgence est de trouver de nouveaux partenaires pour poursuivre le projet des ambassadeurs et ambassadrices du Service Civique Écologique et lui permettre d’essaimer. Ce projet a la particularité d’être porté par deux ministères (jeunesse et écologie) mais ce n’est pas suffisant. La mobilisation d’entreprises a été et sera clé pour permettre de lancer une nouvelle promotion d’ambassadeurs et d’ambassadrices. Vous en soufflez un mot à votre prochain comité de direction ?
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