“L’écologie, c’est pas qu’un truc de bobos”, 4 bénévoles racontent leurs parcours pour secouer la transition

“L’écologie, c’est pas qu’un truc de bobos”, 4 bénévoles racontent leurs parcours pour secouer la transition

De Roubaix à Marseille, quatre bénévoles de Transition Juste prouvent que l’écologie populaire peut devenir un vrai levier d’émancipation pour les jeunes issus de milieux modestes. Rencontre.
15 July 2025
par Camille Nguyen
4 minutes de lecture

Agnès, Maël, Alix et Yara n’ont pas grandi dans les mêmes villes, ni suivi les mêmes chemins. Mais ils partagent une conviction forte : l’écologie n’est pas l’affaire d’un petit cercle initié — elle appartient à toutes et à tous. Tous les quatre, bénévoles du programme Transition Juste porté par makesense, racontent ce qui les a conduit à s’engager.

“Dans ma vie, je penserais toujours à l’écologie !”

"Être boulangère, c’est offrir du bon aux gens et à ma famille” explique Agnès, qui a trouvé sa place dans un de tiers-lieu non loin de Lille. Mais celle qui vient d’un village, avait aussi envie de revenir aux sources, là où elle a commencé son action bénévole en étant étudiante, pour voir comment la jeunesse d’aujourd’hui se mobilise. Discrète mais déterminée, elle s’investit comme bénévole au sein de Transition Juste pour faire tomber les idées reçues : non, l’écologie n’est pas réservée à une élite. "Ce que je trouve chouette avec Transition Juste, c’est de planter des graines et voir des jeunes ensuite me dire “Dans ma vie, je penserais toujours à l’écologie !”.

À Paris, Maël, étudiant en économie, a aussi trouvé une résonance dans le programme Transition Juste, mais d’une manière différente. Après un premier engagement solitaire dans la mouvance climatique, il saisit l’opportunité de réconcilier ses idéaux avec l'action. "Ce qui m’a frappé, c’est que l’écologie, ça ne se fait pas uniquement dans les grandes villes, ni dans les cercles politiques. C’est possible, et même nécessaire, à l’échelle locale, dans son quartier, avec les ressources à disposition," explique Maël, qui est convaincu que l’écologie doit d’abord répondre aux besoins de ceux qui en sont éloignés. À travers l'expérience de Transition Juste, il a pu poser des questions et échanger avec les jeunes sur leurs aspirations, leur avenir, mais aussi sur leur rapport à l’environnement. "Je leur ai posé des questions pour les aider à se reconnecter entre eux, à comprendre qui ils sont et ce qu’ils veulent vraiment faire. C’est ce qui m’a fait le plus grand bien." Loin des discours moralisateurs, Maël croit profondément que l’écologie se construit à travers des liens humains.

De son côté, Alix, basée à Marseille, n’avait pas prévu de faire du bénévolat dans l’écologie. Ancienne recruteuse, elle a vu son parcours prendre une tournure radicale après un an de voyage. C’est dans l’animation d’ateliers qu’elle trouve une véritable dimension humaine. "C’est en rencontrant les jeunes et en écoutant leurs histoires qu’on comprend vraiment comment l’écologie se diffuse. On leur montre qu’ils peuvent agir à leur échelle, et qu’ils ne sont pas seuls," affirme-t-elle, soulignant que l’écologie n’est pas une question de perfection, mais de simplicité et de bon sens. À travers ses ateliers, Alix se fait un point d'honneur de sensibiliser les jeunes à des gestes simples mais efficaces, comme le tri des déchets ou l’agriculture biologique. Et si l'écologie peut parfois sembler "bobo", elle est loin de se limiter à un groupe social précis. "L'écologie, ce n’est pas réservé à une élite. C’est pour tout le monde, même ceux qui sont loin des débats intellectuels," insiste-t-elle. Son approche est pragmatique et inclusive : il faut faire le lien entre l'engagement écologique et la réalité des jeunes.

Enfin, à Toulouse, Yara, ancienne consultante, a vu son parcours changer après avoir vécu une expérience décisive au Brésil. Le choc culturel et la prise de conscience des inégalités sociales et écologiques ont été catalyseurs de son engagement. "L’écologie, ce n’est pas juste une question de gestes verts. C’est aussi un problème social. Le changement, il commence par des discussions, par des échanges, les prises de consciences." Yara, qui a grandi dans un milieu populaire, est convaincue que l’écologie peut offrir un chemin d’émancipation pour ceux qui viennent de milieux modestes. "Quand je vois des jeunes avec des projets, je leur montre que c’est possible de leur donner une dimension écologique et de les inscrire dans la transition. L’écologie peut devenir un levier pour sortir de leur condition et réécrire leur histoire," explique-t-elle.

"Il y a d’autres manières de s’occuper de sa vie, d’avoir des passions, de se sentir utile”

Les portraits croisés de ces quatre bénévoles soulignent des approches variées mais complémentaires. Si Agnès, Maël, Alix et Yara viennent de villes et de milieux différents, ils et elles ont une chose en commun : leur engagement dans Transition Juste. Le programme leur a permis de faire un lien entre l’écologie, l’éducation populaire et l’engagement humain. Tous s’accordent à dire que ce n’est pas seulement la sensibilisation qui compte, mais aussi la manière dont l’écologie se réinvente au contact des jeunes.

“On a mangé tous ensemble après l’atelier,” raconte Alix, “et c’était un moment clé. Ça leur a permis de comprendre qu’ils pouvaient aussi agir, à leur manière, à leur échelle.” Ce type de rencontre, bien loin des simples formations théoriques, crée des espaces de transformation individuelle et collective. "Ils ont vu qu’il y a d’autres manières de s’occuper de sa vie, d’avoir des passions, de se sentir utile. Ce sont ces petites victoires qui changent tout," témoigne Yara.

"L’écologie, c’est avant tout des liens humains”

Ce qui ressort surtout de ces témoignages, c’est l’importance de l’action collective et du lien humain. Ces quatre bénévoles ont su faire de l’écologie populaire un point de rencontre entre les jeunes et l’avenir. "L’écologie, c’est avant tout des liens humains, des rencontres qui ouvrent des horizons. C’est à la portée de tout le monde," résume Maël. Ils et elles montrent que l’écologie populaire ne se construit pas seulement dans les grandes villes ou dans des espaces institutionnels, mais qu’elle prend racine dans les quartiers et dans la ruralité où se trouve la jeunesse. À travers leurs engagements respectifs, ces quatre bénévoles prouvent qu'il est possible de se réapproprier l'écologie, d'en faire un levier pour l’émancipation et de valoriser les jeunes à travers des actions concrètes, proches de leur quotidien. Transition Juste, c’est avant tout l’histoire d’un collectif engagé, de jeunes et de bénévoles qui redéfinissent l'écologie à leur manière, à leur échelle. Et si vous leur emboîtez le pas ? Chiche ?