Un loup-garou écologique à l’école de la 2ème chance

Un loup-garou écologique à l’école de la 2ème chance

Des Écoles de la 2e Chance qui misent sur l’écologie pour redonner confiance aux jeunes et les aider à construire leur avenir, grâce à des ateliers concrets et ludiques, vous connaissez ? Reportage.
12 June 2025
par Lucie Chartouny
3 minutes de lecture

Quand l’écologie rime avec avenir : dans plusieurs Écoles de la 2e Chance, on transforme l’orientation professionnelle en terrain de jeu engagé, avec des débats mouvants, des ateliers décalés et même un loup-garou version sauvetage de planète.

Et si l’écologie devenait un moteur d’espoir et d’émancipation ? C’est le pari que fait Transition Juste depuis 3 ans (une communauté où des acteurs de l’éducation populaire s’entraident pour créer des outils sur l’écologie et aider les jeunes à passer à l’action) en donnant confiance en l’avenir et en faisant gagner en autonomie les jeunes de milieux populaires. Car la transition écologique, loin d’être une contrainte, est aussi une opportunité : 1,1 million d’emplois devront être créés d’ici 2050 pour relever le défi climatique, dans des secteurs comme le BTP, l’énergie, l’agriculture ou l’alimentation.

Quand l’écologie fait gagner en autonomie

C’est dans cette dynamique que les Écoles de la 2ème chance - E2C - passent à l’action. L’E2C, c’est un parcours de formation au plus proche des besoins de jeunes souvent sortis du système scolaire sans qualification ni emploi. Dans différentes villes du territoire, ces écoles accompagnent des jeunes de 16 ans à 25 ans – et jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap – vers une insertion professionnelle et citoyenne durable. Le parcours proposé, d’en moyenne 6 mois, permet de découvrir différents métiers pour trouver sa voie tout en étant rémunéré·e. À la sortie ? Des métiers et filières variés selon les territoires, tels que la gastronomie, le sport de l’artisanat, le numérique, la pâtisserie, le bâtiment… 

Pour allier orientation et écologie, plusieurs Écoles de la 2ème chance s’engagent au sein de la communauté Transition Juste. Depuis un an, makesense collabore ainsi avec l’E2C de Lyon autour de plusieurs ateliers. Les coordinateur·ice·s et formateur·ice·s ont pris en main les outils pédagogiques de Transition Juste pour créer leurs propres canevas et animer des ateliers adaptés à leur public. À Marseille, des sessions de formation ont permis d’intégrer ces contenus dans leurs programmes. Mais c’est à Clermont-Ferrand, au sein de l’E2C du Puy-de-Dôme, que l’initiative prend une forme particulièrement vivante – portée par l’enthousiasme d’Antoine, formateur référent.

Un loup-garou écologique, c’est pas sorcier

Deux sessions ont été organisées début 2025, mobilisant 22 jeunes. Pour la première session, Antoine a organisé cinq demi-journées de formation sur deux semaines. Outre les ateliers Transition Juste, il a également proposé aux jeunes de co-créer leur parcours. Un atelier collectif leur a ainsi permis de réfléchir aux idées d’actions que le groupe pourrait mettre en place. Les jeunes ont également découvert l’exposition “Demain est annulé, de l’art et des regards sur la sobriété” à Clermont-Ferrand, une visite hors les murs qui a permis de se poser collectivement la question d’une sobriété enthousiasmante, et pour certains et certaines d’entre eux de découvrir la première exposition de leur vie.

Point d’orgue de cette session : une matinée d’animation menée par les jeunes eux-mêmes faite de différents jeux autour des enjeux écologiques. Au programme : un jeu sur les éco-gestes et un débat mouvant, cet outil emblématique de l’éducation populaire qui consiste à soumettre une proposition sur l’écologie au groupe puis à demander aux participants de prendre physiquement position pour ou contre celle-ci, en allant d'un côté ou de l'autre de la salle, correspondant à l'affirmation ou à la négation. Cerise sur le gâteau : les jeunes ont créé un loup-garou écologique, où les villageois sont remplacés par des écolos et les loups-garous par des pollueurs. 

En avril, Antoine a testé un format plus court. Parmi les nouveautés : un atelier autour d’un documentaire de Jamy Gourmaud – oui, le Jamy de C’est pas sorcier –, suivi d’un débat. Une manière d’ancrer les enjeux écologiques dans des références accessibles et familières aux jeunes.

Trouver le ton juste 

Quel bilan tirer de ces deux sessions ? Pour Antoine, il faut d’abord prendre en compte le succès de la participation des jeunes à ces sessions, alors qu’ils et elles sont souvent en difficulté, éloigné·e·s de l’emploi comme des études. Les sujets écologiques peuvent angoisser ou faire se sentir impuissant·e·s, et trouver la bonne posture en tant qu’animateur représente donc un défi, l’idée n’étant pas de décourager ou déprimer les jeunes. Pour ce faire, le caractère ludique des ateliers a joué pour beaucoup : “C’était très bien d’avoir makesense ; faire ces rencontres via la communauté Transition Juste m’a donné des outils pour découvrir des postures de facilitation enthousiasmantes.”

À l’avenir, Antoine aimerait multiplier les sessions - pourquoi pas une tous les deux mois ? Il voudrait également développer des projets plus longs, et pense déjà à faire des liens avec les jardins partagés que l’E2C Puy de Dôme a mis en place cette année. L’E2C n’a pas fini de planter des graines (écologiques) dans les parcours des jeunes !

Source

  • ADEME, rapport d’accompagnement stratégie nationale bas carbone, mars 2020