En 2023, on aimerait que certaines phrases sexistes et racistes disparaissent de nos dîners de familles, discussions de vacances, mais aussi qu’on ne les entende plus dans la rue, à la machine à café. Pourtant… dans notre société hétéro-patriarcale, ces dernières continuent à fleurir dans la bouche de personnes plus ou moins conscientes des stéorotypes voire des violences qu’elles perpétuent.
Que vous soyez victimes de ce type de phrases ou témoins, voici plusieurs stratégies à activer en fonction de l’énergie que vous avez et l’envie d“éduquer” celui ou celle qui vient de les prononcer. C’est parti !
Spécial sexisme
"Franchement, vous pinaillez ! L’égalité entre les hommes et les femmes est déjà là !"
Réponse punchline : Pinaille toi-même !
Réponse patiente : Au contraire… les chiffres montrent malheureusement un backlash du mouvement féministe et une augmentation des inégalités notamment des violences faites aux femmes. Tu veux la liste des statistiques qui montrent qu’on est loin du compte niveau égalité hommes / femmes ? Tu l’auras voulu…
- Les femmes perçoivent des pensions de retraite 40% inférieures à celles des hommes
- Les inégalités hommes-femmes restent également visibles dans la répartition de la charge des enfants. En 2020, les femmes étaient trois fois plus nombreuses à prendre un temps partiel que les hommes : 27% d'entre elles, contre 8% d'entre eux.
- Les mères célibataires ont un niveau de vie inférieur de 18 % à celui des pères célibataires.
- Les femmes représentent 87% des victimes de violences conjugales.
- Les femmes ne sont que 21% des dirigeants salariés.
- Les femmes ne représentent qu'un tiers du temps de parole dans les médias audiovisuels.
(source : cet article de France Inter)
"Mais t’as tes règles ou quoi ?"
Réponse punchline : T’as pas de cerveau ou quoi ?
Réponse patiente : Regarder la personne fixement d’un air méchant jusqu’à ce qu’elle baisse les yeux.
"Je ne suis pas sexiste mais quand même, on peut pas nier qu’il y a des différences entre les hommes et les femmes"
Réponse punchline : Je ne suis pas méchant.e mais ce que tu dis est vraiment à côté de la plaque.
Réponse patiente : Je ne nie pas les différences biologiques entre les hommes et les femmes, mais je questionne comment ces différences biologiques sont utilisées de manières sociales et culturelles. Par exemple, pourquoi le fait d’avoir un utérus voudrait dire que la femme doit nécessairement avoir des enfants et justifier que ce soit elle qui prenne un congé maternité ou ralentisse sa carrière ? Ce genre d’arguments biologiques permet au final de ne pas se remettre en question et de continuer à justifier les inégalités sociales.
"Je suis une femme et je ne suis pas victime de sexisme"
Réponse punchline : Je suis une femme et je suis victime de sexisme.
Réponse patiente : Ça n’est pas parce qu’on n’est pas victime de discriminations que d’autres ne le sont pas. C’est là qu’il est important de faire appel aux statistiques et à la sociologie. L'étude des faits sociaux permet de mieux comprendre que nous ne sommes pas que de purs individus mais des personnes appartenant à des groupes sociaux qui participent à des dynamiques de pouvoir. Et on peut ensuite ressortir des statistiques montrant que c’est un fait partagé par une grande proportion de gens ou parler de sa propre expérience si on a soi-même subi du sexisme et créer l’empathie chez l’autre.
Pour aller plus loin : le guide des réparties estivales du podcast les Couilles sur la Table
"Bah alors quoi, tu veux pas sourire un peu ?"
Réponse punchline : Je ne suis pas née pour te faire plaisir et te rendre la vie plus douce.
Pour aller plus loin : Le guide de survie des fêtes de fin d’année du podcast les Couilles sur la Table
Spécial racisme
"Non mais, vous pinaillez ! L’égalité entre les races est déjà là, y’a qu’à regarder dans mon quartier ou mon école, tout le monde cohabite joyeusement !"
Réponse punchline : Pinaille toi-même.
Réponse patiente : Les statistiques raciales ne sont pas autorisées en France mais voici quand même quelques chiffres sur le racisme recensés par certains instituts et rapports :
- Les femmes Maghrébines ont 29% de chances en moins d'être rappelées en vue d'un entretien d'embauche (34% pour les hommes).
- 85% des personnes racisées interrogées déclarent ne jamais avoir été contrôlées au cours des cinq dernières années. (Source : Rapport d’enquête des relations police population)
- Quand on est un jeune garçon racisé, on a 20 fois plus de chances d’être arrêté par la police que quand on est non-racisé (Source).
"Moi ? Je ne vois pas les couleurs ?"
Réponse punchline : Qui me parle ? Je ne vois pas les gens qui ne voient pas les couleurs.
Réponse patiente : Ne pas voir les couleurs c’est nier qu’il existe tout un système de discriminations que subissent certains groupes raciaux. Évidemment il n’y a rien à voir entre le vécu de Beyoncé et un pêcheur sénégalais, et l’idée n’est pas de réduire les gens à leur couleur de peau mais de prendre en compte qu’il y a des discriminations communes quand on appartient à une race.
"J’adore les personnes noires, les asiatiques, les femmes, etc."
Réponse punchline : Moi ? J’adore les blancs.
Réponse patiente : Affirmer une préférence pour une ethnicité particulière ou affirmer qu’une race est meilleure qu’une autre pour une activité (le sport par exemple) c’est réduire l’identité des personnes à une seule de leurs facettes, et tomber dans le fétichisme. D’autant que sous-entendre de manière plus ou moins consciente que si elles sont “bonnes” dans une discipline (comme le sport ou la danse), c’est qu’elles sont moins “bonnes” dans d’autres…
"Tu viens d’où ?"
Réponse punchline : Une planète où les gens ne posent plus cette question.
Réponse patiente : Poser cette question c’est réduire encore une fois la personne à son identité raciale et lui renvoyer le miroir qu’il ou elle n’est pas d’ici. Question qui peut être intéressante dans l’absolu mais peut devenir désagréable à recevoir quand on se met dans les bottes de l’autre à qui cette question est posée plusieurs fois par jour.
"Je peux toucher tes cheveux ?"
Réponse punchline : Je peux toucher ton coude ?
Pour aller plus loin : les podcasts Kiffe Ta Race par Rokhaya Diallo et Grace Ly sur Binge Audio