Les 8 arguments pour démonter les plus gros clichés sur l’immigration

Les 8 arguments pour démonter les plus gros clichés sur l’immigration

Il y en a des idées reçues sur l’immigration ! Une anti-sèche pour savoir rétablir la vérité point par point n’est jamais de trop. Allez hop, c’est pour vous, c’est cadeau.
05 February 2025
par Singa
7 minutes de lecture

S'il y a un sujet qui fait débat (et peut même vous donner envie de zapper le dîner de famille), c'est bien l'immigration ! Entre désinformation, stéréotypes et peurs, les idées reçues fusent. Alors pour y voir plus clair et répondre du tac au tac, voici 8 arguments pour démonter les plus gros clichés.

1 - L’immigration en France est massive 

La France est l’un des pays d’Europe de l’Ouest où l’immigration est la plus faible 

Vraiment ? Regardons les faits :

Moins de 1 % : En proportion, la France est l’un des pays d’Europe de l’Ouest où l’immigration est la plus faible (0,6 % des migrations mondiales contre 1 % au Royaume-Uni, 1,1 % en Allemagne et 1,6 % en Espagne) - source : Désinfox Migrations

Une faible augmentation de l’immigration : En moyenne, sur la période 2010 à 2019, la population de la France a augmenté chaque année de 3,7% dont 3,3% de naissances et 0,4% issus de l’immigration. 

L’Europe n’est pas la principale destination : Sur les 281 millions de personnes migrantes dans le monde en 2020, seulement 31 % ont choisi l’Europe.

Un impact limité sur la démographie : Contrairement à d’autres pays, en France, la croissance de la population entre 2010 et 2019 est avant tout due aux naissances, et non aux migrations. Le taux de migration est en légère hausse depuis 2010, passant de 8,5% à 10,7%. Cette évolution s’explique principalement par la persistance de conflits d’ampleur comme la guerre en Syrie (2016).

  • L’argument qui tue

Plutôt que de jouer sur des chiffres bruts qui font peur, invoquez les proportions. Loin du fantasme de l'invasion, la France est même sous la moyenne européenne en matière d’accueil. La France compte 10% d’immigrés au sein de l’ensemble de sa population et se situe seulement au 16ème rang des pays d’immigration dans l’Europe en 2019.

2 - Ce ne sont que des hommes qui arrivent !  

 Près de la moitié des personnes qui migrent sont des femmes !

Ce cliché vient probablement des images relayées par les médias : des embarcations surchargées en Méditerranée, où l’on aperçoit surtout des hommes.

Mais ces trajets, extrêmement dangereux, ne représentent qu’une infime partie des migrations. En France, 52 % des immigré·e·s sont des femmes (Insee, 2022)

  • L’argument qui tue

La migration féminine n’a rien de nouveau : en 1960, les femmes représentaient déjà 46,6 % des migrations internationales, un chiffre qui atteint 48 % en 2020.

3 - L'immigration augmente l'insécurité

Les immigrés sont surtout victimes de biais statistiques, de contrôles ciblés et de récits médiatiques trompeurs ! 

En 2020, 52 % des Français estimaient que l’immigration était la principale cause de l’insécurité (CNCDH). Pourtant, de nombreuses études montrent qu’il n’existe pas de lien direct entre immigration et délinquance. 

D’où vient alors cette idée reçue ? Les conditions socio-économiques jouent un rôle clé : les jeunes hommes et les personnes en situation de précarité sont statistiquement plus exposés à la délinquance, qu’ils soient immigrés ou non. Or, les immigrés sont en moyenne plus jeunes et plus précaires que le reste de la population.

Certains délits concernent spécifiquement les étrangers, comme l’entrée ou le séjour irrégulier. Ces infractions, immédiatement constatées, gonflent artificiellement les statistiques sans pour autant refléter une délinquance plus élevée. Aussi, à infraction égale, les étrangers ont plus de risques d’être arrêtés, condamnés à de la prison ferme et écopent de peines plus longues. 

L’autre facteur, largement étayé par les travaux de la recherche, est l’explosion des contrôles des personnes immigrées en plus du traitement discriminatoire dont elles sont victimes à commencer par les contrôles au faciès. D’après la Défenseur des droits, les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes ont 20 fois plus de chances de se faire contrôler. Plus on contrôle, plus on condamne ! 

Dans 99,2 % des condamnations de personnes de nationalité étrangère, les infractions sont des délits – dont plus de 55 % concernent la circulation routière et des vols – et dans seulement 0,4 % des crimes.

  • L’argument qui tue

Plutôt que d’alimenter des fantasmes, mieux vaut prendre le mal à la racine et travailler sur l’enjeu principal : la lutte contre la précarité et les inégalités ! 

4 - Les immigrés viennent profiter des aides sociales 

La France profite plus des personnes immigrées que l’inverse ! 

Personne ne quitte son pays, parfois en empruntant des chemins dangereux, juste pour toucher l'APL ou avoir accès à du doliprane. Les aides sociales sont liées à la situation administrative des personnes arrivant sur le territoire. 

Les personnes en situation irrégulière n'ont droit qu'à l'AME, qui couvre les soins de santé. Les demandeurs d'asile perçoivent environ 7 € par jour, et les APL ou autres allocations sont soumises à des conditions strictes de résidence et de revenus. 

  • L’argument qui tue

Les sans-papiers sont exclus de toutes les autres prestations sociales, même lorsqu'ils travaillent, ont un employeur, cotisent et paient des impôts comme tout le monde. Ainsi, plusieurs études ont montré que se sont d’abord l’existence d’une diaspora et d’opportunités professionnelles qui déterminent le choix des personnes immigrées.

5 - L’immigration pèse sur l’économie du pays 

Les personnes immigrées enrichissent les sociétés qu’elles rejoignent 

La contribution fiscale (impôts et cotisations sociales) des immigrés reste légèrement supérieure aux dépenses consacrées à leur protection sociale, santé et éducation. Selon l'OCDE, les programmes d’intégration sont même des investissements « très utiles, largement rentables en termes budgétaires ». 

En d'autres termes, les immigrés contribuent davantage aux finances publiques qu'ils ne les grèvent. Ils coûtent relativement peu en éducation, car ils arrivent souvent après avoir terminé leurs études, peu en retraite (parce qu’ils sont jeunes) et assez peu en santé, car ils sont généralement en bonne santé et ont tendance à moins recourir aux soins. 

  • L’argument qui tue

Au-delà de ça, doit-on vraiment regarder les personnes uniquement en fonction de ce qu’elles rapportent économiquement ? Est-ce que vous estimez que votre propre valeur, ou vos activités dans des associations et dans votre communauté, doivent être réduites à un simple calcul coût-bénéfice ? Chaque individu a une valeur bien au-delà de son apport financier. L’immigration enrichit la société sur de nombreux plans, et pas seulement économique.

6 - Les immigrés prennent le travail des français 

Les personnes immigrées consomment, contribuent, innovent et créent des emplois

Dans une économie de services, plus il y a de personnes, plus il y a de demandes pour des services et plus il y a d’activité économique. Les immigrés participent à cette dynamique en consommant des biens et des services, ce qui génère de la demande et stimule l'économie. 

De plus, en payant des impôts et des cotisations sociales, ils contribuent au financement des services publics. Ils sont essentiels dans certains secteurs où les Français sont moins nombreux à postuler, comme les services à la personne ou les soins dans les déserts médicaux. Ils jouent aussi un rôle essentiel dans les métiers hautement qualifiés. À l'hôpital, presque un médecin sur trois a été formé hors de France et pour la moitié d'entre eux, dans un pays extérieur à l’Union européenne. Dans de nombreux hôpitaux, ils sont devenus indispensables.

  • L’argument qui tue

Les immigrés créent aussi de l’emploi. En France, les étrangers représentent 7,8 % de la population, et chaque année, 15 % des créations d’entreprises sont réalisées par des immigrés. Ces chiffres montrent clairement leur rôle dans la création de richesses, l’innovation sociale et le dynamisme de notre économie.

7 - Il faut fermer les frontières pour régler tous les problèmes

Renforcer les frontières est inefficace. Les solutions : L’organisation de la migration et l’inclusion 

L’Union européenne n’a cessé de renforcer ses frontières extérieures : 2000 kilomètres de murs aujourd’hui, contre 300 en 2014. Mais ces murs n’empêchent pas les gens de chercher une vie meilleure. Ils les poussent juste à prendre des routes encore plus dangereuses. 

Par ailleurs, le budget de Frontex, l’agence mandatée au contrôle des frontières par l’Union Européenne a été multiplié par 140 en 14 ans. Pourtant, aucun élément clé ne permet d’évaluer la véritable efficacité de cette agence comme le soulignait la Cour des comptes de l’UE en 2021.

Le problème, ce n’est pas le nombre d’arrivées, qui reste faible par rapport à la population européenne. C’est le manque de gestion commune et responsable. 

Ces politiques ne dissuadent pas, elles tuent, elles mettent en danger des vies humaines et bafouent les droits fondamentaux. Et le chaos que ces politiques créent est précisément ce qui effraie les populations.

  • L’argument qui tue

Prenez le Brexit : soutenu en grande partie pour limiter l’immigration, il a vu ses arrivées presque doubler (Le Monde, mai 2023). En Italie, sous Giorgia Meloni, les arrivées ont baissé ces derniers mois, mais elles ont doublé en Espagne au même moment. Ces politiques ne font que déplacer les migrations d’un endroit à un autre, sans résoudre quoi que ce soit.


8 - C’est une menace à l’identité française

L'immigration fait partie intégrante de l'identité de la France, une identité dynamique en constante évolution

Depuis quand la France est-elle une terre d’immigration ?L’immigration fait partie intégrante de l’histoire française. Depuis le 19e siècle, la France a toujours été un terre d’immigration, avec des personnes venus de Belgique, d’Italie, de Pologne, d’Espagne, du Portugal, d’Algérie. Ces mouvements ont nourri et enrichi l’identité française, une identité qui, loin d’être figée, évolue au fil des siècles grâce à la rencontre et au mélange de différentes cultures.

Aujourd'hui encore, l'immigration continue de contribuer de manière significative à la richesse et à la diversité de la France. La France ne se résume pas à une vision rabougrie de son passé, mais bien à une vision dynamique et évolutive, où chaque génération enrichit le patrimoine collectif. 

  • L’argument qui tue

Les immigrés ont joué un rôle fondamental dans la construction de la France. Aurait-on pu se passer du génie de Marie Curie, Georges Wolinski, Gisèle Halimi, Françoise Giroud, Aimé Césaire… ?