Le 24 janvier, c’est la journée internationale du sport féminin. Au-delà de la célébration des sportives, c’est aussi l’occasion d’encourager davantage de mixité, d’égalité, et de lutter contre le sexisme dans ce domaine. De notre côté, on a décidé d’allier tout ça, en célébrant les femmes qui ont mis un bon gros coup de pied dans la fourmilière sportive ces dernières années, les Annette Kellerman, Kathrine Switzer ou Alice Milliat d’aujourd’hui.
Sarah Abitbol, symbole de résilience et de lutte contre les violences sexuelles dans le sport
En 2020, l’ancienne championne de patinage artistique publie le livre « Un si long silence » dans lequel elle dénonce les viols et abus sexuels qu’elle a subis de la part de son entraîneur, Gilles Beyer, alors qu’elle était adolescente.
Son témoignage provoque un vrai séisme dans le sport français : la couverture médiatique est énorme, et sa parole libère celle d’autres victimes. Les témoignages se multiplient, quelques années après le début du mouvement #MeToo.
Suite à ces révélations, le Ministère des Sports met en place une cellule de crise, dédiée à la lutte contre les violences sexuelles. Depuis la création de la cellule, plus de 1 500 enquêtes administratives ont été lancées. Sur la seule année 2024, 392 affaires ont été recensées et près de 400 personnes ont été mises en cause. (Source)
De son côté, Sarah Abitbol a monté son association La Voix de Sarah pour accompagner, soutenir et poursuivre le combat des autres victimes de harcèlement et de violences sexuelles dans le sport.
Crédit: Getty Images
Simone Biles, la championne de gymnastique aux multiples combats
Deux années avant Sarah Abitbol, la multi médaillée américaine Simone Biles, brisait l’omerta en déclarant publiquement avoir été agressée sexuellement par le médecin de l’équipe nationale américaine, Larry Nassar. Son témoignage rejoint et soutient celui de centaines d’autres sportives. Au total, plus de 250 gymnastes, majoritairement mineures au moment des faits, accusent le médecin de les avoir abusées sexuellement.
Elle dénonce en même temps l’inaction de la Fédération américaine de gymnastique face aux précédentes plaintes, et celle de la police fédérale qui referme rapidement la première enquête en 2015. Larry Nassar purge désormais une peine de prison, qui peut aller jusqu’à 175 ans.
Depuis, Simone Biles soutient publiquement des organisations qui luttent contre les abus sexuels, et soutient les femmes qui en sont victimes. Elle a aussi ouvert la parole sur les questions de santé mentale dans le sport, en se retirant des Jeux Olympiques de Tokyo pour préserver la sienne. Elle a ouvertement évoqué les séquelles psychologiques et émotionnelles liées à son précédent entraîneur, ou le poids de la pression du sport de haut niveau.
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Ada Hegerberg, footballeuse engagée contre les inégalités salariales
Premier ballon d’or féminin de l’histoire en 2018, le palmarès de la joueuse internationale norvégienne a de quoi rendre jaloux les plus grands. Mais Ada ne se contente pas de shooter dans les ballons, elle s’applique aussi à mettre de grands coups de pieds dans les inégalités.
En 2017, alors qu’elle évolue depuis 6 ans dans l’équipe norvégienne, elle décide de mettre fin à sa carrière et se retire de l’équipe afin de dénoncer les écarts de rémunération entre ligues féminines et masculines. En 2019, et pour les mêmes raisons, elle boycotte la Coupe du monde féminine.
Ses sacrifices ne sont pas vains : la fédération norvégienne devient la première au monde à aligner les salaires des footballeuses sur ceux des footballeurs.
Ibtihaj Muhammad, fleuret brandit pour la diversité
En 2016, l’escrimeuse américaine de confession musulmane est la première femme à représenter les États-Unis aux JO en portant son hijab. Symbole de lutte pour l’inclusion dans le sport, elle impose sa voix contre les discriminations, l’islamophobie, et les préjugés.
Au bout du fleuret, un colosse à combattre : celui de la double discrimination, sexiste et religieuse, à laquelle sont confrontées grand nombre de femmes musulmanes, dans toutes les disciplines sportives.
Classée parmi les 100 personnalités les plus influentes par le Time en 2016, Mattel décide de créer une Barbie à son effigie. C’est la première Barbie de l’histoire à porter un hijab. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour la représentation des femmes musulmanes dans la culture populaire et dans le sport, c’est un pas en avant qui veut dire beaucoup.
Marie Portolano, la libération de la parole pour les femmes dans le journalisme sportif
En 2021, Marie Portolano, journaliste sportive, réalise un documentaire choc : « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste ». En donnant la parole à plusieurs consœurs et en livrant son propre témoignage, elle met en lumière les discriminations, abus et sexisme dont sont victimes les femmes dans le journalisme sportif en France.
Ce documentaire provoque un vrai cataclysme dans le monde du journalisme sportif, et libère la parole de plusieurs collègues victimes de harcèlement ou d’agissements sexistes, au sein de différents grands groupes. Il signe aussi le départ de Pierre Ménès de Canal +, et permet l’ouverture d’une enquête à son encontre pour « harcèlemenat sexuel » et « agressions sexuelles ».
Le documentaire va vite être en partie censuré, puis retiré des plateformes. Qu’à cela ne tienne, Marie persiste et singe avec la sortie du livre « Je suis la femme du plateau » dans lequel elle dénonce de nouveau les délits et actes sexistes subis dans ce milieu.
Une pour toutes, et toutes pour une ! Merci, mesdames.