Leur périple a duré 6 semaines et les voilà de retour pour échanger sur leur voyage intérieur. Le 18 février 2020, Emma, Pauline, Lorenzo, Céline, Katharina et la vingtaine de participant.es aux dernières expéditions makesense* se retrouvent au point de départ de leur aventure. Rencontre au 49e parallèle nord.
Il fait nuit, les fulltimers (les salarié.es) sont rentrés chez eux. Comme tous les soirs, le 11 rue Biscornet enfile ses habits de scène pour accueillir ici un atelier d’intelligence collective, là un apéro, à l’étage une session express pour entrepreneur.ses. Les voyageur.ses sont accueilli.es côté cuisine, là où l’on échange les meilleures recettes car c’est bien là l’enjeu de ce rendez-vous de baroudeur.ses : partager ses trouvailles et choisir sa prochaine destination.
S’il y en a qui ne savent pas quoi faire, ils peuvent éplucher des carottes? lance l’une des participantes derrière le bar qui trouve illico des volontaires pour saisir l’économe. Entre deux pluches, les invité.es se présentent pendant que Solène Aymon, experte des programmes communauté chez makesense finit d’installer la salle. Je mets les chaises en cercle, ça peut paraître formel mais ça permet de mieux distribuer la parole et que personne ne reste dans son coin. L’air de rien, la jeune femme crée le décor et les conditions pour que chacun.e se sente à l’aise et en confiance. Dans ce même esprit, tout au long de la soirée, elle ponctuera les différentes interventions de rituels maison ou empruntés à la gestuelle des mouvements citoyens (Occupy, Nuit debout…) : l’arc-en-ciel avec les bras quand on aborde un nouveau sujet, la salade de fruits pour que tout le monde change de place, la main en l’air pour demander le silence, l’applaudissement en langage des signes pour dire que l’on est d’accord… Au début ça paraît un peu étrange mais rapidement on laisse ses a priori à la consigne et, tout naturellement, on se met à scintiller des mains.
Voyage au bout de la rue
Nous voilà donc réuni.es pour la soirée de clôture des expéditions, un programme de 6 semaines proposé aux citoyen.nes pour découvrir des initiatives qui font du bien à la planète et à ses habitants, un voyage vers un monde qui ouvre de nouveaux horizons. Daisy et Estelle étaient les capitaines bénévoles des expés 20 et 21 qui ont mis les voiles début janvier. Le voyage a commencé par un apéro collectif pour que les membres de l’équipage se rencontrent et discutent des sujets sociaux et environnementaux qui font tanguer leur embarcation. La semaine suivante, l’aventure s’est poursuivie par tour de quartier collectif pour découvrir les initiatives positives près de chez soi. C’était une vraie chasse au trésor, témoigne Katherina qui a trimballé son équipe dans le 19e arrondissement. Nous avons découvert la Bagagerie solidaire, ce lieu qui permet aux sans-abri de déposer leurs affaires dans un endroit sûr, d’avoir accès à des prises, à des ordinateurs et de profiter d’un moment de partage. Nous avons aussi pris le temps d’échanger avec les fondateurs d’une boutique zéro déchet. Ce tour de quartier nous a fait prendre conscience qu’il y a tout un tas de gens autour de nous qui prennent soin des autres et de la planète.
« J’ai participé à l’expédition makesense parce que j’avais envie d’accompagner des gens et de mettre la main à la pâte. » Lorenzo.
Trouver des lieux ou des idées pour arrimer l’ancre de son engagement fait partie de la feuille de route des expéditions. Et pour cela, rien de mieux que de donner un coup de main à un projet à impact. Troisième semaine, les mousses viennent donc en aide à Céline qui a imaginé Mamie Boom, un site qui met en relation des personnes âgées avec des étudiant.es pour ensoleiller le quotidien de chacun.e. Cette expédition m’a forcé à organiser quelque chose, témoigne Céline. J’étais tout au début de mon process, ça m’a donné de la force. L’équipe passe une journée dans un Ehpad pour recueillir les besoins des seniors et aider Céline à affiner son idée. Je suis tombée sur Nelly 99 ans qui avait une vie incroyable, raconte Emma. Une de ses filles était Claudette. On a parlé de ses rêves, de ce qui lui manquait dans sa vie d’avant. Je n’ai jamais eu une discussion comme ça avec ma grand mère. J’aurais pu rester deux heures de plus.
« Si je suis venue chez makesense c’est parce que je me suis rendue compte qu’avec cette incroyable communauté je ne serai jamais seule et qu’il y a toujours une ressource quelque part. Aujourd’hui, c’est vous ma ressource. » Daisy.
Au cours de leur voyage initiatique, l’équipage a également dû participer à l’une des formules 100% makesense et se familiariser du même coup avec le langage-maison pas encore identifié sur reverso : un hold up (atelier d’intelligence collective pour résoudre une problématique rencontrée par un.e entrepreneur.se social.e), un sensedrink (un pot dans la vraie vie), un atelier paumé.es dans quelque chose (où chacun.e vient avec ses doutes et repart avec soutiens et réponses)… Tout au long du voyage, les participant.es reçoivent également plein de mots doux et de courriers dans leur boîte mail, explique Solène. On leur envoie des mini-défis, des contenus exclusifs sur des thématiques qui nous sont chères (communication non-violente, modèles de gouvernance, facilitation de communauté, entrepreunariat social…).
Lève toi et marche
Et maintenant qu’on a bien voyagé, on fait quoi ? Solène demande à l’assistance de se lever, signe qu’il faut se mettre en mouvement. L’idée désormais est que vous arriviez à mobiliser, à recruter autour de vous des personnes prêtes à retrousser leurs manches et à passer à l’action. Normalement ce n’est pas difficile car si l’on en croit les sondages, 66% des jeunes de 20 à 35 ans ont envie de s’engager, il faut juste lever les freins. Solène propose alors que chacun.e organise un apéro paumé.es. Aurore le Bihan, maîtresse en chef de la paumitude chez makesense a développé ce format d’atelier pour toute personne qui traverse une période de sa vie où elle se pose davantage de questions qu’elle n’a de réponses. Ce format décomplexé qui s’appuie sur un drôle jeu de cartes s’adresse aussi bien aux paumé.e.s (dans leur quête de sens au travail, dans leur job, dans leur chômage…) qu’aux personnes qui ont envie de se poser des questions sur leurs vies professionnelles.
Pour savoir qui est partant.e, Solène organise un tour de parole, qui est paumé.e dans quoi ? Ça fuse ! Engagement politique, lieux de vie (ville ou campagne mon cœur balande), reconversion, organisation (j’ai le temps de ne rien faire), écogestes (je commence par quoi), couple (peut-on aimer quelqu’un.e qui ne partage pas nos idées écolos), bouffe. Je n’arrive pas à trouver les mots, je suis trop paumée, témoigne une voyageuse. Dans quelques jours, les volontaires recevront un kit pour organiser leur premier événement assorti d’une formation en ligne.
L’envie d’apéro commence à se faire sentir. Il ne reste plus qu’à faire tourner une dernière parole dans le traditionnel cercle de clôture. La consigne ? Un mot pour dire ce avec quoi l’on repart et ce que l’on s’apprête à mettre en place. Enthousiasme, motivation, inspiration arrivent en tête. Pour Solène ce sera : magique, slack, mail et mise en relation. Pour la seule fois de la soirée, les 20 participant.es dérogent au langage des signes et applaudissent bruyamment. L’aventure ne fait que commencer.
*makesense a un double effet kisscool. Quand tu en parles autour de toi, tout le monde te dit : génial, trop bien, la chance, super projet. L’ovation est souvent suivie d’un blanc ou d’une question du genre : j’adore mais ils font quoi en vrai ? Alors pour répondre à mes ancien.nes collègues, mes ami.es et mes parents, j’ai décidé de raconter mes toutes premières fois chez makesense.