Il était une fois demain, le spectacle interactif où tout devient possible

Il était une fois demain, le spectacle interactif où tout devient possible

Le présent est triste à pleurer, et si l’avenir devenait une franche rigolade ? Le collectif d’impro “Il était une fois demain”a monté un spectacle interactif pour nous faire imaginer un 2050 réjouissant.
27 March 2025
par Hélène Binet
5 minutes de lecture

Quand l’avenir semble flou, pourquoi ne pas le réinventer ? Le collectif d’impro Il était une fois demain transforme l’incertitude en spectacle interactif, où le public co-écrit 2050. Une scène, des idées, et un futur à imaginer ensemble. Prêt·es à jouer le jeu ?

Tous et toutes portent une chemise verte sur fond de pantalon et de tee-shirt noirs, couleurs d’espérance et d’obscurité mélangées, comme un bi-goût de mars 2025 où la situation internationale s’assombrit en même temps que le printemps bourgeonne de partout. Ce soir, ils sont quatre sur la scène parisienne du Point Éphémère dans le 10e arrondissement parisien : Barthélémy, Luc, Yannick et Julie, plus de 50 ans d’improvisation cumulés à leur actif. 

Acte zéro. Yannick, genre de MC, ouvre le bal pour présenter aux 70 spectateurs et spectatrices le déroulé de la soirée. D’abord se plonger dans une utopie qui pourrait devenir demain réalité. Imaginer ensuite le chemin à parcourir pour y parvenir. Finir ensuite par lever les freins qui nous empêchent de dévaler la pente de ce futur joyeux. 

Lever de rideau sur demain

Acte 1, le voyage temporel commence. “Qu’est-ce qu’on veut pour 2050 ?”, lance Yannick à la cantonade d’un public déjà prêt à interagir. “De la paix”, “du bien être”, “de la convivialité”... Le public jette quelques généralités en l’air que Julie invite à faire atterrir avec la verve d’une entraîneuse de chevaux de course : “mais encore, mais plus loin, oui voilà, super, des détails…” Les propositions s’affinent. Ce soir, le public du Point Éphémère veut qu’à l’avenir, on passe tous et toutes à mi-temps, que l’on taxe les riches, 2000 guinguettes à Paname, que l’on se découvre pour mieux s’accepter, des grosses fêtes intergénérationnelles, que l’on arrête de regarder son téléphone…” Ça fuse, ça s’amuse. 2050, s’annonce fun.

Il faut désormais camper les personnages du futur. Luc devient Pablo. “Et il est comment Pablo ?”, demande Julie. “Il est surveillant du vivant”, “il chuchote à l’oreille des arbres”, “il parle un peu la langue des animaux”,“il est pour la revalorisation des métiers du care”,  “il fait du cerf-volant avec les oiseaux”, “il a une belle relation avec son chien Milou”,“il travaille 24h par semaine”... Pablo est paré à jouer, la troupe aussi. Les artistes se lancent.

Acte 2. Nous voilà plongés dans la forêt ardéchoise autour d’un feu de camp, Pablo est là tranquille avec son chien quand arrive un homme hurlant de douleur avec une belle épine dans le pied. Le gars à l’écharde - il s’agit  d’épicéa, Pablo s’y connaît - c’est l’aide-soignant, le nantis de 2050, celui que tout le monde admire et respecte. Il a mal, il a des trucs à dire, il finit les orteils dans la braise pour cautériser à l’ancienne. Changement de décor sans décor. Ici une grande yourte, là un cerf-volant qui s’est emmêlé dans le vol d’oies sauvages en migration. Le vent souffle fort dans le micro de Yannick, qui s’est mué en bruiteur de la soirée. On file ailleurs, dans la clairière cette fois.  Julie débarque en mode coach bien être et inclusivité et ponctue toutes ses phrases de “c’est OK” . Elle invite les deux gars siphonnés à l’alcool à 70° de la trousse à pharmacie de Barth à porter cette petite broche en laine pour que l’on prenne soin d’eux à la guinguette non alcoolisée. Leçons de vie sur la tolérance, l’inclusion, “vous êtes bourrés, c’est OK”. Milou revient par ici, Pablo n’est plus Pablo, Julie a aussi changé de personnage. On est au milieu de la forêt. On est demain. On est bien. Yannick pousse les watts, la musique prend le relais. Fin de l’impro.

En 2050, le temps est passé à toute vitesse. Pendant 20 minutes, une scénette en a chassé une autre pendant que les 4 improvisateurs et improvisatrices ont réussi à placer dans leur jeu un maximum de mots et de concepts évoqués précédemment par l’assistance. 20 minutes drôles, absurdes, émouvantes qui ont débouché sur une grosse teuf dans les bois. Franchement, on serait bien resté.

Et si l’avenir se jouait maintenant ?

Acte 3. Il nous faut pourtant revenir en 2025 et choisir de creuser ce qui nous a vraiment fait vibrer pendant l’expérience. La bienveillance, le trouple, la vie en forêt, la semaine de 24h ? La bienveillance est choisie. “C’est très politique par les temps qui courent,” rappelle Julie. “Et on fait quoi pour faire advenir cette société bienveillante dans 25 ans ?”, demande Yannick. C’est reparti pour un brainstorming avec le public qui se prend au jeu. “On reconnaît et on respecte les émotions de chacun, “l’argent n’est plus une religion”, “on valorise l’intelligence émotionnelle”... “Et du côté des freins, qu’est-ce qui nous en empêche ?” interroge Julie. “Elon Musk”, “les réseaux sociaux, l’individualisme”, “les inégalités”, “la peur de l’autre”…

Une méditation improvisée autour des propositions permet à tous les participants et participantes de faire un bon dans le futur. Guidés par la voix de Julie, ils voyagent dans un 2050 gorgé de gentillesse. “Voilà, ça y est, la bienveillance est au cœur de toutes nos interactions, vous pouvez ré-ouvrir les yeux”. Deux par deux, les membres du public échangent sur ce qu’ils et elles ont ressenti : “c’était tout doux”, “il y avait de la joie et de la lumière”, “l’intérieur des maisons étaient végétalisés, on marchait pieds nus”...

Rêves à improviser

Acte 4. L’imagination étant définitivement en mode activé, il ne reste plus qu’à passer de l’utopie à la réalité. “Ce qui est intéressant ce n’est pas la dystopie, ni l’utopie, expliquait lors de l’une de ces conférences l’activiste Rob Hopkins, ceinture noire en imaginaire. Ce qui est intéressant c’est ce qu’on appelle la « throughtopia » c’est-à-dire la transition vers l’utopie. Alors comment est-ce qu’on commence aujourd’hui à se diriger vers ce futur ? Quelles sont les histoires que les gens racontent là-dessus ? Qu’est-ce qu’ils proposent pour y arriver ?”

C’est autour de cette dimension de throughtopia que se poursuit le spectacle. Sur une grande frise chronologique 2025/2050 les idées proposées par le public, des plus facilement applicables aux plus complexes sont consignées. “On se forme à la CNV”, “les cours d’empathie sont généralisés dès la maternelle”, “la pub pour les entreprises privées est interdite”, “on organise la fête des voisins tous les jours”, “on crève les pneus des Tesla”, “on crée des zones d’émotion dans l’espace public”, “on oublie la publicité sur les réseaux sociaux pour faire changer les algorithmes”, “on quitte Meta”...

Vient alors l’acte 5, celui des petits pas, des engagements de chacune et chacun pour faire advenir ce 2050 bienveillant. Les spectatrices et spectateurs sont invités à monter sur scène pour faire taire les “je n’y arriverai jamais”, “ça ne sert à rien” et autres poncifs de l’inaction. L’assistance les nourrit d’encouragements positifs et les booste à la bienveillance. Enfin, pour prouver que tout cela est possible, le dernier acte se termine par un florilège d’impros de toutes ces utopies devenues réalités. Ce soir, grâce à  Barthélémy, Luc, Yannick et Julie, le temps ne s’est pas arrêté, il s’est positivé. Désormais, vivre heureux et heureuses en 2050 non seulement on y croit, mais en plus ça va le faire. Allez, vivement demain !


Il était une fois l’histoire de Il était une fois demain

Le collectif est né autour d’une table de café, le Grand Bréguet. Au départ, Barth contacte Yannick qui nourrit l’envie de mettre l’impro au service de la transition écologique. Barth suggère à Yannick d’appeler Julie, elle aussi pro de l’impro mais aussi de l’intelligence collective. Julie embarque Mathilde dans la troupe et c’est parti mon kiki. Aujourd’hui, le collectif s’élargit encore et se produit aussi bien dans les petites associations que les grandes entreprises avec, à chaque fois, un cahier des charges du futur sur mesure. Telecoop, Zero waste France, Orange business, Enercoop, l’Académie du climat, la Climate house, la Gaîté lyrique font partie des structures qui ont voyagé dans le futur. Mais c’est Tech for climate qui détient le record du plus grand nombre de voyageuses et voyageurs avec une représentation devant 800 personnes. Qui fera mieux ?

Pour inviter le collectif dans votre organisation, c’est par ici.