Et si vos économies servaient à développer le solaire ou l’éolien, à acheter des terres agricoles ou à héberger des personnes fragilisées ? Voici 5 pistes pour faire fructifier votre argent ailleurs que sur un compte en banque.
Planter ses sous dans la terre
Les chiffres donnent le vertige : d’ici 2030, 55% de nos agriculteurs vont partir à la retraite. Dans les années 1980, ils représentaient un peu plus de 7% des travailleurs en France ; quarante plus tard, ils ne sont plus que 1,4%. Mais qui va nous nourrir ? Pour enrayer ce phénomène, Terre de liens a une solution : acheter collectivement des terres pour les louer à des paysans. L’idée est excellente au moins pour trois raisons : parce que le foncier coûte cher, parce qu’il n’est pas facile de se faire une place dans le paysage agricole quand on n’est pas du sérail, parce que chaque année entre 50 et 60 000 hectares de terres agricoles sont artificialisées.
Concrètement ça marche comment ? La Foncière Terre de Liens, labellisée Finansol achète des fermes grâce à l’épargne de citoyens et d’institutions privées qui ont choisi d’investir dans un projet à haute valeur sociale et environnementale. Ça peut donc être toi, moi et tous ceux qui sont seuls et prêts à acheter des actions (une action = 105 euros). Aujourd’hui ce sont plus de 38000 personnes et 70 collectivités qui ont permis d’acquérir 300 fermes et de sauver 7500 hectares de terres agricoles désormais cultivées en bio et de les sortir du schéma spéculatif.
Pssst, et puis allez zieuter régulièrement du côté d’Hectarea qui est en train de développer des solutions d’épargne autour de la terre qui nous nourrit.
Question thune
En 2016, l’action Terre de liens valait 100 euros, aujourd’hui elle est à 105, ce qui vous donne une idée de la plus-value que vous pourrez faire si vous investissez dans la foncière (mais pensez aussi à votre contribution si positive à la société). Vous bénéficiez également d’une réduction d’impôt de l’ordre de 25% sur vos souscriptions. Dans tous les cas, prenez le temps de poser toutes vos questions à la foncière qui a d’ailleurs une FAQ très bien faite.
Faire revivre les villages
Vous avez sans doute déjà traversé des villages aux volets fermés, sans vie et sans commerce avec quelques habitants errant jusqu’au supermarché. Ou, au contraire, croisé par hasard une petite épicerie joyeuse et colorée, une brasserie locale, une auberge conviviale, un atelier de réparation de vélos. Depuis 2018, pour redonner la pêche à nos campagnes, Villages Vivants, foncière rurale et solidaire fait appel à l’épargne citoyenne et a déjà mobilisé 8 millions d’euros (grâce à 500 personnes physiques et morales) pour acheter et rénover dans les territoires ruraux une vingtaine de lieux. Occupés par des coopératives et des associations, ce sont des cafés, épiceries, tiers-lieux, ateliers, recycleries, auberges, restaurants, relais Poste, librairies…
Les projets installés bénéficient d’un accompagnement, de locaux rénovés adaptés à l’activité et d’un loyer progressif facilitant leur démarrage ou leur développement. En 2023, 7 nouveaux lieux ont pu voir le jour grâce à la foncière qui entend poursuivre sur cette lancée avec l’objectif de lever environ 4 millions d’euros par an d’épargne solidaire auprès des citoyens. Baptiste, un client de l’auberge de Boffres en Ardèche financée par Villages vivants témoigne :“Depuis que ce lieu a ouvert, je le fréquente souvent, ça a changé la vie du village. (...) Avant il fallait faire 10 km dans un sens ou dans l’autre pour avoir du pain. Ça a créé un engouement dans le village. (...) Et ça a ramené du travail aussi, ça donne de l’emploi aux jeunes du coin. (...) Ça a été un point d’impulsion, un autre commerce a rouvert, de plus en plus d’artisans s’installent dans le village… Tout doucement, on est en train de devenir un village… vivant ! C’est vraiment bien !”
Question thune
Tout comme Terre de liens, vous ne percevrez pas de dividendes en investissant dans Villages vivants. Vous pouvez participer à partir de 100 €, bénéficier d’une réduction fiscale allant jusqu’à 25% du montant investi et prendre part aux grandes décisions et au développement de la coopérative.
Loger des personnes fragilisées
Investir dans la pierre, voilà une bonne idée. Surtout quand elle permet à des personnes sans toit d’en avoir un. Depuis près de 40 ans, Habitat et Humanisme lutte contre l’exclusion et l’isolement des personnes en difficulté en les logeant à petits prix tout en leur offrant un accompagnement et des liens sociaux. Objectif ? Qu’elles retrouvent une place dans la société.
La foncière Habitat et Humanisme permet aux citoyens et aux citoyennes d’apporter leur pierre à l’édifice et de financer de nouvelles formes d’habitat : des logements diffus plutôt que groupés au sein d’un immeuble pour éviter les « effets ghetto », une localisation dans des « quartiers équilibrés », proches des transports et services, des pensions de famille pour les personnes isolées et en grandes difficultés, des habitats intergénérationnels pour créer une dynamique de convivialité et de solidarité de voisinage, des prototypes de logements écologiques et modulables. Bref, de l’innovation sociale à tous les étages.
Grâce à la foncière HH (on dit comme ça dans le milieu), 1 euros investi permet de mobiliser 3 euros. Et à partir de 40 000 € investis, Habitat et Humanisme peut loger une famille. Depuis le début de l’aventure, plus de 5 000 logements ont pu être achetés avec le soutien de 10 400 actionnaires. Et ce n’est pas fini ! Grâce à vous ?
Question thune
Si l’action ne donne pas lieu au versement de dividendes, elle est réévaluée tous les ans et, depuis 2006, n’a jamais perdu de la valeur. Elle s’élève actuellement à 150 €. Les actions de la Foncière Habitat et Humanisme (labellisée Finansol) ne sont pas assujetties à l’IFI (impôt sur la fortune immobilière). Par ailleurs, là aussi des réductions d’impôts s’appliquent si les actions sont conservées 5 ans minimum.
Financer des énergies renouvelables
Elle est à qui cette éolienne ? Et ces panneaux photovoltaïques sur l’école du village ? Et ce méthaniseur dans les champs ? Ils appartiennent à des collectifs d’habitants qui ont décidé de financer leur propre source d’énergie 100% climat compatible. Tout ce dispositif est rendu possible par l’association Énergie partagée qui permet depuis 10 ans à tout un chacun et chacune de prendre des actions dans des projets citoyens de production d’énergies renouvelables et d’économie d’énergie.
Aujourd’hui, grâce à l’épargne citoyenne, Énergie partagée produit 232 026 000 kWh/an collectivement et durablement, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 200 000 habitants (genre Rennes). Les projets financés sont aussi divers que les sources d’énergie renouvelables. Il y en a pour tous les goûts et ce sont les régions Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie qui en accueillent le plus (le bonnet d’âne revient aux Hauts de France).
Si vous ne pouvez pas flécher votre investissement, sachez qu’il soutiendra des projets qui ont obtenu le label Énergie Partagée et répondent aux 5 axes-repères de la maison. En gros, ils doivent être locaux, démocratiques, écologiques, rentables et non spéculatifs. Vous contribuerez ainsi à financer la transition écologique sur les territoires. Joli programme non ?
Question thune
La valeur de l’action est de 100 euros et ne donne accès à aucune réduction fiscale (l’association se bat pour que ça change) mais est ré-évaluée chaque année. En 2022, la rentabilité était de 4,9% par exemple. Énergie partagée est labellisée par Finansol.
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Préserver et gérer les forêts
Moins connus que Terre de liens ou le réseau Fermes en vie, les groupements forestiers participatifs citoyens sont le pendant forestier de ces deux structures agricoles. En gros le principe est le même : ils permettent d’acquérir collectivement des terres forestières pour les amener vers une gestion plus respectueuse de la biodiversité.
Pour placer ses billes dans les billots, on fait comment ? On identifie un GFCE près de chez soi ou mieux encore - puisqu’il n’en existe pour le moment qu’une vingtaine -, on en monte un et on l’ouvre aux voisins, aux amis, aux amis des voisins pour que chacun puisse prendre une part dans ce projet forestier.
“Les GFCE étant, juridiquement, des sociétés civiles immobilières, tout acquéreur de part devient sociétaire du groupement, et bénéficie donc d’un droit de vote à l’assemblée générale annuelle du groupement, explique Paul Bresteaux, spécialiste du sujet. Cet investissement est assorti d’exonérations fiscales importantes, prévues par le droit français.”
Là aussi, la diversité du mouvement est importante et il vous faudra choisir votre groupement préféré. Le Groupement de sauvegarde des feuillus du Morvan, structure pionnière créée dès 2003 à Autun, bannit les coupes rases et remet de la diversité dans les forêts trop résineuses du Morvan. Lu Picatau, dans le Périgord se concentre sur les forêts localisées en bord de cours d’eau et cherche à collaborer de plus en plus avec les acteurs publics ou les agences de l’eau… À vous de choisir.
Question thune
Le montant des parts et les conditions d’engagement varient selon les GFCE. Pour en savoir plus, nous vous invitons donc à prendre contact avec eux. Pour les identifier, une carte interactive est disponible sur le site Info GFCE.