J’ai testé pour vous : faire sa rentrée citoyenne avec Samedi bien

J’ai testé pour vous : faire sa rentrée citoyenne avec Samedi bien

Aurore est notre crash testeuse d’actions bonnes pour les autres et pour la planète. Aujourd’hui, elle a testé Samedi bien à Marseille. Récit à la première personne avec des gants de boxe.
10 October 2024
par Aurore Le Bihan
5 minutes de lecture

Après un début d’été bien occupé avec la mobilisation pour les élections législatives, et des vacances à tenter de rester au maximum dans le déni, j’ai décidé que la rentrée, voire l’année, serait engagée. Un week-end de septembre, j’ai décidé de tester Samedi bien. 

L’épisode législatif a été une grande claque. Avec mes potes islamo-gauchistes et nos œillères dernier cri, nous avons partagé le même constat : pour éviter que la France glisse vers l’extrême droite plus vite qu’un bout de beurre sur une poêle brûlante, il va falloir se retrousser les manches.

Et l’une des clés pour y parvenir semble être de sortir de sa bulle, dialoguer, s’entraider, s’engager, et marcher ensemble, afin d’éviter au maximum que la société ne se fragmente ou ne se polarise davantage (à ce sujet, je vous recommande le super podcast Grand Écart). 

Dans mon cartable, j’ai donc décidé de mettre un carnet et quelques outils, et je vous partagerai chaque mois, des initiatives, livres, podcasts, événements, qui ont structuré mes actions pour sauver le monde des idées d’extrême-droite, en toute humilité bien sûr. 

Et quoi de mieux que la rentrée pour commencer sur de bonnes bases ? Cette dernière ne sera donc pas seulement consacrée aux tests d’activités extrascolaires créatives ou sportives (que j’abandonnerai probablement au bout de trois car mon surnom est Persévérance), mais aussi à une rentrée citoyenne. 

Mais par où commencer ? Cela fait un an et demi que je suis à Marseille, et ce n’est pas facile de se repérer dans la jungle associative. Ça tombe bien, Samedi bien, événement organisé par l’association Bénénova (qui a des antennes partout en France), a lieu une fois par mois et propose plus de dix missions simultanées pour découvrir les associations locales. 

Du choix en veux-tu en voilà

Le premier samedi de septembre, le programme est vaste. Sur le site, on peut autant s’inscrire pour distribuer des kits alimentaires à des étudiants précaires que passer la matinée dans un Ehpad pour discuter et faire des activités avec des personnes âgées.

Je trouve ça génial, mais une petite voix critique me susurre : “ça ressemble quand même pas mal à la consommation d’une expérience de bonne conscience”. Cette même petite voix, adepte de la pureté militante, est aussi celle qui m’a confortablement installée dans ma molle inaction depuis un an et demi. Pour une fois, je lui demande gentiment de rester à sa place et clique sur le bouton “s’inscrire”. 

L’une des actions consiste à jouer à la pétanque et à s’initier à la boxe avec en prime l’idée de se mélanger entre personnes valides ou non, SDF ou non, dans la bonne humeur et un buffet à pizzas à la clé. J’avoue, ce sont deux sports que j’adore (surtout quand il y a de la pizza). 

Samedi matin - Quelque part sur terre - Plus précisément à Marseille 

9h45 : J’ai enfilé mes plus belles baskets de sport pour me rendre à l’épicentre marseillais, aka “La Plaine” (de son vrai nom, Place Jean-Jaurès, mais l’appeler ainsi, c’est se faire griller direct en tant que touriste. C’est cadeau). 

10h05 : Mathilde, responsable de l’action, arrive après avoir récupéré une flopée de gens égarés. C’est jour de marché, et c’est un peu le chaos car le terrain de pétanque est littéralement coincé entre les camionnettes et les stands vendant brassières et shampoings bon marché. Trouver le point de rendez-vous ressemble à s’y méprendre à jouer à un escape game à ciel ouvert.

Mathilde nous raconte le quiquoicomment des samedibien 

Une fois ses brebis égarées réunies, soit un groupe d’une quinzaine de personnes, Mathilde nous briefe avec une énergie communicative : “Les Samedi bien, qui ont lieu chaque mois à Marseille, rassemblent environ une dizaine d’actions simultanées avec plus de 100 bénévoles. Il y a des jeunes, des moins jeunes, des gens qui arrivent un peu par hasard, et d’autres qui viennent régulièrement. Cette action est co-organisée par les assos Comme les Autres, Entourage et Solidarisport. Leur point commun ? Ne pas stigmatiser les discriminations liées au handicap ou à la grande précarité, et organiser des espaces favorisant la mixité.”

10h20 : Je commence par la boxe, en croisant fort les doigts pour ne pas perdre de dent. Le premier exercice consiste à attraper les pinces à linge accrochées sur les épaules des boxeur·ses. Non seulement je ne perds pas de dent, mais je me découvre étonnamment habile, même si je soupçonne l’entraîneur de me laisser gagner pour ne pas froisser mon ego en porcelaine.

Sisi, je croise fort les doigts, même si ça se voit pas


Aurore 1 - Entraîneur 0.

Je discute un peu avec Héléna (nom changé), comédienne et voisine, dont le jeu de jambes laisse à deviner qu’elle n’en est pas à son premier essai. Elle est venue grâce à une autre action de danse Afrovibe organisée avec Bénénova. Elle adore la boxe. C’était l’occasion parfaite, et puis elle avait aussi envie “de rencontrer des gens qui ne sont pas dans sa bulle habituelle”.

11h03 : Épuisée, car j’ai le cardio d’une moule fumeuse, je profite d’un exercice consistant à attraper le genou de son adversaire pour enfiler ma cape d’invisibilité et me diriger discrètement vers le terrain de pétanque (qui est, paraît-il, avant tout un sport de stratégie et de précision)

D’ailleurs, pour faire taire les mauvaises langues, sachez qu’en 2005, la pétanque, ce jeu traditionnel devenu sport, a été décrétée “sport de haut niveau” par le ministère des Sports. Cheh.

Photo exclusive d’un moment de grâce


Après un début prometteur, je me fais écraser par Venance. Bonne joueuse, j’engage quand même la conversation :

“Je suis venue par l’association Comme les Autres destinée aux personnes ayant subi un grave accident de la vie. Les membres essaient de redonner goût  à la vie via des sports dits à risque, comme le jet-ski ou la plongée, sur des formats de stages de cinq jours mélangeant valides et non-valides.” Frédéric Lopez a tourné un documentaire, dont vous trouverez le teaser ici. 

Photo exclusive de Venance qui casse mon moment de grâce et me met une raclée

“Et la pétanque à côté, c’est pas trop ennuyeux en comparaison ?”

“Non, ça va…Moi, j’ai eu un gros accident, ça m’a pas mal aidé, et surtout, j’y ai rencontré Kumba.”

Kumba, elle, son truc c’est le badminton. Elle y joue presque toutes les semaines. Elle a rencontré Venance lors d’un stage, où ils sont devenus amis. Depuis, ils participent ensemble à de nombreuses activités, et pas toujours extrêmes, notamment dans le cadre des Samedibien.

Pendant ce temps, Romain, Jonathan et Héléna débattent joyeusement des mérites comparés du pointage et du tirage. Personnellement, je considère déjà comme un exploit le fait de ne pas assommer quelqu’un en lançant ma boule.

12h15 : Tout ce sport, ça donne faim. Ça tombe bien, il est déjà l’heure de manger un bout de pizza au cinéma associatif La Baleine. On s’y retrouve avec les autres bénévoles pour discuter et on partage le même constat : ça fait du bien de se mettre en action, et le sport et les pizzas sont des bons ingrédients pour créer des moments joyeux où l’on parle à des personnes qui ne partagent ni notre vécu ni notre milieu social. 

Bilan : une rentrée toute en douceur, qui donne de l’énergie et de la joie pour passer la seconde.


Mode
Action
activé

Agir face à l’isolement et la précarité

On a bien besoin de se retrouver et de ne plus être seul•e en ce moment. Ça tombe bien, Entourage propose tout un tas de façon d’agir face à l’isolement et la précarité. Tu pourras retrouver les personnes qui vivent proches de chez toi et qui sont seules, et partager un chouette moment ensemble.

Faire du sport avec des personnes exilées

Quoi de mieux qu’un ballon de foot ou une session de danse pour se retrouver et créer des liens avec des personnes qui viennent de loin ? À Paris, Lyon ou Strasbourg, Kabubu favorise l’inclusion sociale et professionnelle des personnes exilées par le sport et grâce à son langage universel. 3,2,1, prêt·es ? Partez !

Devenir hébergeur·se solidaire

Le chemin vers le logement peut être tumultueux pour les personnes exilées. Si tu as de la place chez toi, tu peux t’inscrire auprès d’Utopia 56 pour accueillir des personnes exilées sous ton toit.