10 façons de mettre les voiles pour changer de cap

10 façons de mettre les voiles pour changer de cap

Côté gaz à effet de serre, l’avion décroche la lanterne rouge haut la main. Mais côté bateau, la facture n’est pas rose non plus. Heureusement, des alternatives vertes affleurent sur l’horizon bleu.
20 May 2025
par Marie Hazan
5 minutes de lecture

Alors que le secteur du transport maritime mondial représente à lui seul 3% des émissions de gaz à effet de serre, la décarbonation de nos bateaux devient un enjeu majeur pour atteindre nos objectifs climatiques. Face à cette urgence, des initiatives respectueuses de l’environnement voient le jour. Pour elles, hors de question de nager entre deux eaux, le cap est clair : pour sauver la planète et réécrire l’histoire des routes maritimes, elles ne brasseront pas d’air. Découvrons celles qui, on l’espère, auront bientôt le vent en poupe. 

1- Sailcoop, pour changer d’air sans faire de vague...

Vous êtes tiraillés : d’un côté, vous rêvez de nouveaux horizons, de découvrir le monde et de profiter de tout ce que la nature a à vous offrir, et de l’autre... Votre conscience écologique vous rattrape. Eh bien, si on vous disait qu’il était désormais possible de concilier tout ça ? 

La coopérative Sailcoop offre un transport de passager, à la voile, sur plusieurs destinations depuis la France. Il est possible de rejoindre Calvi depuis St Raphael, d’embarquer à Concarneau pour les Glénans mais ce n’est pas tout : trois trajets transatlantiques sont également proposés ! Rejoindre Baltimore depuis St Nazaire sans passer par les airs, ce n’est plus la mer à boire ! Sailcoop is my new American dream (et la destitution de Trump aussi, mais je m’égare peut-être un peu ?). 


2 - ... Ou le cobaturage, pour être tous dans le même bateau 

Ici aussi, l’idée est de concilier votre besoin de prendre le large, à une démarche plus écologique. Vous connaissez le covoiturage ? Bah le cobaturage (ou « co-navigation ») c’est exactement pareil, mais en bateau. Que ce soit simplement pour faire un tour en mer, traverser d’île en île, partir à la pêche ou même faire une croisière : tout est possible. Pour trouver votre prochain « cobatureur », plusieurs sites et applications : Share my sea, Bourse aux équipiers, ou Vogavecmoi.


3 - La Pram’, un petit bateau pour l’homme, mais un grand pas pour la planète 

La Pram’, c’est l’embarcation ambassadrice de l’Odyssée, une fête nautique qui se tient tous les ans sur la Seine et les différents ports parisiens, pour fédérer les acteurs du fleuve, de la culture et du sport. Rien que ça. La spécificité de l’embarcation ? Elle est bâtie par des amateurs, en auto-construction, à l’occasion d’un chantier naval collectif et solidaire. Se mouiller pour son prochain et lever l’ancre tous ensemble, c’est la promesse de ce projet pas comme les autres. 

4 - Malizenn, turlututu chapeau éco-conçu 

Installée à Concarneau, en Bretagne, Malizenn est une boutique écoresponsable qui donne une seconde vie aux chutes textiles issues d’industries locales en les transformant en accessoires du quotidien : chapeaux, bananes, sacs à dos ou pochettes. Mais cet été, la marque voit plus grand ! De mi-juin à fin juillet, elle embarque pour une aventure : à bord du voilier LuMa, Malizenn devient un atelier-boutique flottant et itinérant, voguant de rivage breton en rivage breton, pour sensibiliser au gaspillage textile dans le secteur du nautisme et révéler le potentiel créatif de ces déchets souvent ignorés.

Au fil de l’eau : de nouvelles créations, des ateliers d’upcycling, et un documentaire pour embarquer aussi celles et ceux qui ne peuvent pas suivre l’expédition de près.


5 - Les gardien·nes de la Seine, pour que la voie (navigable) ait une voix (juridique)

Ce collectif militant se mouille pour la reconnaissance juridique du fleuve, en tant qu’entité vivante. L’action part d’un constant simple : sans personnalité juridique, la Seine est difficile à défendre. Il faut donc repenser nos liens avec ces écosystèmes pour les protéger en leur rendant toute leur place. Ils revendiquent notamment son droit à ne pas être polluée ; son droit à la conservation de sa biodiversité indigène et de ses paysages naturels ou encore, son droit à la régénération et à la restauration. Pour signer la pétition et aider le collectif à faire des vagues, c’est par ici


6 - Grain de sail, à contre-courant du commerce de masse

Une nouvelle fois, c’est de la Bretagne que vient cette belle initiative ! L’entreprise a conçu un cargo à voile pour transporter chocolat et café, entre la France et les Amériques. Aujourd’hui, le voilier Grain de Sail II effectue 5 traversées transatlantique par an, pendant que le Grain de Sail I s’occupe du cabotage - transport de courte distance - en Europe. Du café, du chocolat et des alternatives écologiques respectueuses de nos océans : est-ce qu’on ne tiendrait pas la recette du bonheur ? 

7 - Windcoop, dans le sillage de Grain de Sail

Quand Grain de Sail sauve notre petit dej’ en s’occupant du chocolat et du café, Windcoop réfléchit à comment inscrire le reste du transport international dans un avenir bien plus vert. 

Ils sont alors en train de développer des cargos porte-conteneurs à voile, propulsés majoritairement par l’énergie du vent. Alors que la construction du premier navire, qui devait relier Marseille à Madagascar, vient d’être lancée, la coopérative ambitionne de développer toute une flotte de bateaux bas-carbone pour redessiner des routes plus responsables. Affaire à suivre. On a plus qu’à leur souhaiter « Bon vent » ! 


8 - Expédition 7eme continent, contre les bouteilles à la mer 

Sur le Marama, son voilier d’expédition, l’association E7C -Expédition 7eme continent- veut comprendre, analyser et faire connaitre au plus grand nombre la pollution par les déchets plastiques. Pour ce faire, ils y vont toutes voiles dehors et mènent des expéditions scientifiques pendant lesquelles ils collectent les déchets marins. Les collectes de plastiques sont réalisées en eau douce comme en eau salée, entre la surface et 100 mètres de profondeur. Pendant ces navigations scientifiques, l’équipage fait des escales pédagogiques à l’occasion desquelles il sensibilise le public à cette pollution. À vos agendas :  la tournée pédagogique de mai-juin 2025 se fera en région PACA.


9. Beyond the sea, pour donner des ailes aux bateaux 

... ou plutôt, leur donner un kite. Oui oui, une grande voile, comme un cerf-volant, à l’image de celles qu’utilisent les kites-surfer, dans un beau spectacle de fin de journée d’été. La seule différence, c’est que celles conçues par Beyond the Sea mesurent de 10 à 80m², et sont pensées pour tracter... Des bateaux. Normal. Le but ? Utiliser la force du vent en complément des moteurs, sur des bateaux déjà existants. La promesse ? Réduire l’émission de gaz à effet de serre des bateaux l’utilisant de 20% environ. La cerise sur le gateau ? Une sécurité supplémentaire pour les marins, la voile pouvant être utilisée en propulsions de secours. Près à surfer sur cette vague ? 


10. Wisamo, la solution des non-dégonflés

Face à l’urgence climatique, Wisamo ne se dégonfle pas, et... Gonfle les voiles. Depuis les usines Michelin, Wisamo, contraction de « Wing Sail Mobility » (« voilure mobile », en gros) développe une voile pneumatique, rétractable et automatisée. Elle est adaptable pour les navires citernes, les cargos de transports de marchandises ou encore, les bateaux de passagers. Encore en phase de test, la voile se voudra adaptable à des constructions neuves 100 % véliques, comme sur des bateaux déjà existants pour une hybridation des propulsions, à l’image de Beyond the See. La mer déploie ses ailes, et c’est beau à voir.

 

Allez, tous et toutes sur le pont, marins d’eau douce ! Il est temps de tenir le cap pour ne plus naviguer à vue sur les flots d’un futur responsable.