S’engager pour les autres et pour la planète c’est un peu comme la potion magique d’Astérix, ça donne des super pouvoirs et de l’énergie pour partir à la conquête d’un autre monde. Depuis le début de la pandémie, 15 000 personnes ont participé aux programmes ré_action de makesense et ne sont plus vraiment les mêmes. Rencontre avec ces nouveaux convertis.
« J’ai découvert le programme ré_action Nouveaux arrivants par les réseaux sociaux, témoigne Bangaly. Je voulais aider les personnes en situation de précarité, j’ai trouvé beaucoup plus que cela. J’ai participé à une activité de La Chorba, j’ai fait une distribution d’aide alimentaire, j’ai tissé des liens avec les bénéficiaires autant qu’avec les autres bénévoles. J’ai connu Francis avec qui on a partagé nos passions d’écriture. » Comme plus de 68% des personnes qui s’engagent dans le programme ré_action, Bangaly n’avait jamais agi pour la cause et comme 40% d’entre elles n’avait même jamais mis un orteil dans bénévolat… Pourtant, quelques mois plus tard, on le retrouve à la tête d’une association. « Après ré_action, je me suis lancé dans l’entrepreneuriat social, j’ai créé l’APAME - Association de Prévention et d’Aide aux Migrants par l’Éducation. On mène des actions pour aider les jeunes dans leur pays d’origine et prévenir des risques de l’immigration illégale sur le territoire. On veut éviter les risques sur la route et la désillusion à l’arrivée. »
Laura Aublanc a suivi peu ou prou le même chemin. En décembre 2020, elle participe au programme « Alimentons le changement ». Alors qu’elle est au chômage partiel, elle prend conscience que son boulot ne lui convient plus et se demande comment faire coïncider ses aspirations personnelles et professionnelles. « Au cours du programme, j'ai facilement identifié des axes d'amélioration de mes habitudes mais ça m’a surtout donné envie d'aller plus loin. Je me suis questionnée sur ce que je pourrais faire pour soutenir les solutions existantes ou développer une solution complémentaire à celles-ci. J'ai toujours eu envie d'entreprendre, mais jusqu'ici je ne savais pas vraiment dans quel domaine. » Après être passée par un sprint, une formule courte d’accompagnement des entrepreneurs sociaux de makesense, après avoir intégré le parcours entrepreneurial de Ticket for change, Laura travaille aujourd'hui à la création d'un jeu de sensibilisation à l'alimentation saine et responsable sur application mobile : L'assiette des affranchis. « Je suis désormais à temps plein sur le projet et je suis accompagnée par Innovact, l'incubateur de Reims. En parallèle, j'ai entrepris de préparer le BTS diététique, dans l'objectif de toujours mieux comprendre les enjeux et de pouvoir ensuite dupliquer le jeu auprès de différents publics par la suite. » Infatigable, Laura participe aussi aux collectes de la Banque alimentaire 51, à des ateliers de cuisine anti-gaspi avec l'association Les Bons Restes…
ré_action un jour, ré_action toujours ?
« 96% des personnes qui participent nous confient avoir envie de continuer d’agir après ré_action, explique Tom Van den Maegdenbergh en charge des programmes. C’est pour nous un vrai indicateur de réussite. » L’envie se traduit souvent par un changement de casquette en passant participant·e à mobilisateur·rice et en devenant un G.O des promotions ré_action. « Notre dispositif de mobilisation repose sur l’engagement des bénévoles, précise Tom. Les mobilisatrices et les mobilisateurs sont formés à l’encadrement et l’animation de petits groupes, sans eux rien ne serait possible. » Parmi les 636 qui ont fait partie de l’aventure depuis le début, LotfyGuermat appartient à la team « Aides aux personnes sans abri ». « Avec seulement 4 personnes, on a réussi à récolter plus de 1200 produits d'hygiène devant un magasin en une seule journée, se félicite-t-il. Cette expérience m’a permis de me rendre compte que beaucoup de personnes font leur part dans ce monde et que nous sommes le vaccin contre l’isolement… »
S’engager pour ne pas déprimer ? Et si c’était là le secret de la potion de l’engagement ? Quand le médecin urgentiste Matthieu Langlois parle des vertus de l’action, il la compare à un outil de déchocage psychologique et en fait la seule issue pour sortir de la sidération. « Renouer avec ma réflexion sur mes pratiques lorsque j’étais mobilisatrice sur le climat m'a fait du bien au moral, surtout en temps de confinement, raconte Marie. Je me suis sentie connectée à la communauté des éco-conscients et de ceux qui s'interrogent et essayent de bouger. J'ai aussi pu reprendre conscience de mon besoin de retrouver la nature, j'ai repris contact avec mes amis qui vivent en montagne. » Aujourd’hui, Marie a retrouvé les sommets de son enfance et donne un coup de main à l’association Montagne verte.
On pourrait aussi parler de Camille qui, depuis ré_action, anime des fresques pour le climat et a porté la création d’un groupe éco-responsabilité dans l’hôpital où elle exerce, de Pascal qui est devenu un des responsables de l’antenne du 10e arrondissement parisien de l’association Dans ma rue. Ou encore de Fatema qui a rejoint l’association les Petits frères des pauvres. « Je me sens enfin à ma place et j’espère bientôt me sentir utile. Par-dessus tout, j’espère que nous serons nombreux à modifier notre société, en donnant ce que nous avons de plus précieux : du temps. Du temps qui n’apporte rien de moins que de l’amour, des sourires et de l’espoir.» Quand on vous dit que ré_action a des pouvoirs magiques.+