Si on vous dit qu’il existe un monde dans lequel on peut aller en brocante, repartir avec l’assiette ou le vase dont on avait besoin, le tout pour 0€, y croyez-vous ? Eh bien, nous allons rapidement interrompre votre questionnement : OUI ça existe, et ça s’appelle des « gratiferias ».
Gratifé-quoi ?
« Gratiféria ». C’est en fait un néologisme espagnol, créé à partir des mots « gratis » ( qui signifie « gratuit ») et « féria » qui pourrait se traduire par « foire ». Étymologiquement, on peut donc définir ce terme par « foire gratuite » ou « marché gratuit ».
Le concept est assez simple : il s’agit de brocantes éphémères, dans lesquelles chacune et chacun est libre de donner ce qu’il veut. Le système de la gratiféria ne repose pas sur l'échange monétaire. Chacun peut s'approprier ce qu'il souhaite sans réciprocité systématique : il n’est pas question de troc ou d’échange, simplement de don. Bien qu’il existe quelques exceptions, les personnes qui se servent ne sont donc pas obligées de donner en retour. Bref, pas de contrepartie ou de rétrocession, uniquement du 100% gratuit.
Évidemment, chacun est invité à prendre uniquement ce dont il a besoin, et rien de plus. L’idée n’étant pas de posséder pour posséder, et encore moins de revendre par la suite.
L’objectif ? Se débarrasser de ses possessions matérielles superflues, tout en permettant à d’autres d’en profiter gracieusement. L’idée principale est de favoriser le réemploi tout en venant en aide à son prochain. On est sur une forme d’économie circulaire, dans laquelle on promeut le recyclage, on réduit le gaspillage et on encourage à une consommation plus responsable. What else ?
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On donne quoi ?
À peu près tout ce qu’on veut. Décoration, vêtements, vaisselle, jeux, jouets, multimédia, linge de maison, ustensiles de cuisine, meubles, vélos, CD,... Il y a de la place pour toutes les catégories d’objets, à la seule condition que les produits soient en bon état.
Les grafiterias ne se limitent d’ailleurs pas aux objets : on peut également y offrir des services, une passion ou un savoir-faire, tels que des concerts, des ateliers de toute sorte, des séances de sports, des projections... Et toutes autres activités bonnes à partager !
D’où ça vient ?
C’est Ariel Bosio, un Argentin originaire de Buenos Aires, qui, lassé de trimballer toutes ses affaires de déménagement en déménagement, décide d’organiser la toute première grafiteria en 2010. Il offre d’abord les objets dont il ne se sert plus à ses amis, puis organise un marché pour écouler tout le reste de son « stock ».
Le concept rencontre un franc succès localement, avant de traverser les frontières pour se répandre un peu partout à l’étranger. Ce genre d’initiative ouvre de nouveaux horizons commerciaux, différents de ceux des uniques rapports marchands.
Que fait-on de ce qui n’a pas trouvé acquéreur ?
Une fois que tout le monde a pu récupérer ce dont il avait besoin, il reste toujours des produits mal aimés, délaissés sur les stands. Pas d’inquiétude, ils ne finiront pas à la benne mais seront donnés à des associations comme Emmaüs, La Croix Rouge, ou des ressourceries locales. Comme chantait Queen à quelque chose près, The don must go on.
Gratiféria sur une place de Buenos Aires
Comment organiser une gratiferia ?
Le concept vous a conquis·e au point de vouloir en organiser une près de chez vous ? Ne bougez pas, on vous dresse la liste des différentes étapes pour y parvenir. En réalité, c’est assez accessible, puisque n’importe qui peut organiser un marché gratuit ! Quelques conditions restent à respecter : il faut que le lieu soit public, ouvert à tous, et que l’entrée soit évidemment gratuite. Attention, certains emplacements nécessitent une autorisation municipale.
Une fois que vous vous êtes rapproché de votre mairie, d’une MJC ou encore d’un centre social pour trouver un endroit où organiser votre grafiteria, et que votre date est arrêtée, place à la communication.
Les marchés gratuits arrivant progressivement dans nos communes, il vous faudra faire preuve de pédagogie et vous assurer de bien vulgariser le concept pour qu’il soit compris du plus grand nombre.
C’est également à ce moment-là que vous pourrez inciter les gens à venir déposer les objets qu’ils veulent donner, soit en amont, soit le jour J. Une collecte de don pour le don.
Enfin, il faut penser à prévoir une solution de ramassage pour les objets qui ne seront pas récupérés pendant l’évènement, soit directement auprès d’associations, soit avec les services de la ville.
Si le projet vous semble trop difficile à organiser seul·e, vous pouvez également vous rapprocher des associations solidaires ou environnementales de votre quartier ou de votre commune. Certains se feront assurément un plaisir d’organiser l’événement avec vous.
Où en trouver proche de chez vous ?
Pour pouvoir donner ou profiter des dons dans une gratiferia proche de chez vous, il n’y pas vraiment de secrets : il faut surveiller le programme des évènements de votre ville, ou consulter régulièrement les pages Google. Comme on est sympa, on vous a déjà dressé une petite liste des prochains évènements un peu partout en France !
- 14 septembre 2024 à Bressuire (79)
- 14 et 15 septembre 2024 à St Victor de Malcap (30)
- 21 septembre 2024 à Ville la Grand (74)
- 12 octobre à Aix-en-Provence (13)
- 20 octobre à Piolenc (84)
Évidemment, cette liste est non exhaustive, donc n’hésitez pas à nous dire en commentaire si un marché gratuit est organisé vers chez vous dans les semaines à venir. Vous pouvez également suivre la page Facebook des « Gratiferias des Régions de France » dans laquelle chacun peut recenser les marchés gratuits de sa région.
Plaisir d’offrir, joie de recevoir.