Faites le test : il semble que certaines personnes soufflent déjà, lasses, abattues, avant même que 2025 n’ait pu défendre son bout de gras. Et si c’était l’année où les choses se réveillent ? Et si les 10 grands événements de l’année tournaient à l’avantage de la cause écologique, démocratique ? Et si on finissait 2025 abasourdi·es par l’empilement des miracles de l’année ? Récit presque pas fictif. Préparons-nous.
6 janvier : et la lumière fut sur l’info en continu
Les fêtes du milliardaire Rodolphe Saadé ont été agitées. Vers 20h, Rodolphe s’installe à table pour le réveillon et se retrouve… seul. L’ensemble de sa famille a en effet décidé de passer la soirée devant l’écran “au cas où il se passe quelque chose”. Et comble du sort, c’est sa chaîne, BFM, celle qu’il a rachetée en juillet de l’année dernière, qu’ils regardent, fascinés. “C’est vraiment pratique les chaînes d’info en continu”, dira notamment sa nièce qui ne dort plus depuis 4 semaines tant les images de François Bayrou la nourrissent et l’aident à s’épanouir.
Seul face à son huître, Rodolphe est bouleversé. “Qu’ai-je fait ?” murmure-t-il au fond du col humide de sa chemise blanche ?
Et c’est ainsi que tout a basculé. Le 6 janvier dernier, BFM était supposé lancer son “grand journal de 20 heures”, avec Maxime Switek aux commandes. Rodolphe, au dernier moment, a tout changé. Et l’a rebaptisé “Le très court journal de 20 heures”. Et a décidé de remplacer les boucles d’informations et débat sensationnalistes de la chaîne par des vidéos d’oiseaux sautillant de branche en branche pendant des heures. Le succès colossal qui a suivi cette décision a poussé France Info, CNews et toutes les autres chaînes d’infos en continu à imiter BFM. L’ère de l’info en très discontinu est arrivée.
17 janvier : la Veil des “ptits gars”
La date n’est pas choisie au hasard. 50 ans plus tôt, le 17 janvier 1975, la loi légalisant l’IVG était adoptée. Les mots et combats de Simone Veil raisonnent encore partout, à l’heure où le droit des femmes est encore un “sujet de débat”, un point d’interrogation dans tant de pays dans le monde.
Ce 17 janvier 2025, 50 ans plus tard donc, un groupe de jeunes hommes, entre 15 et 25 ans, décident de veiller devant l’Assemblée Nationale et lancent leur mouvement “Les ptits gars” en réponse à la mode viriliste, masculiniste largement dopée par les Mark, Elon et autres sacrés biceps américains. Leur volonté ? Être un groupe de gars, de “ptits gars”, ouvertement fragiles, à plein d’égards, comme environ 100% des être humains et faire de cette fragilité une bannière imparfaite mais nouvelle. “Les ptits gars” savent aussi manipuler avec brio l’humour pour faire passer des messages d’égalité femmes-hommes, mais aussi des messages fermes sur les victoires du passé, comme celle arrachée par Simon en 1975.
À noter que la date du 29 avril aurait pu aussi être choisie par les Ptits Gars, date d’anniversaire des 80 ans du vote des femmes. “Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions de l’homme” disait l’ordonnance de notre ami de Gaulle le 21 avril 1944. Ça c’était pour votre culture personnelle.
20 janvier : Donald s’emmêle les pinceaux
En parlant d’homme qui adore la vulnérabilité.
C’est le 20 janvier que Donald Trump prête serment. Le 20 janvier, “Inauguration Day”, que le monde retrouve le milliardaire américain à la Maison Blanche. Où a lieu la cérémonie ? Comme d’habitude, en plein air, sur les marches du … Capitole.
Et c’est là que l’impensable arrive. En pleine prise de parole, main sur la Bible, Donald perçoit d’abord quelques cris et mouvements étouffés. Qui prennent de l’ampleur. Puis rapidement la rumeur devient clameur : des militants sont en train d’envahir le capitole, pour protester contre Trump et son nouveau gouvernement. Que s’est-il donc passé dans le cerveau du nouveau président à ce moment précis ? S’est-il cru le 6 janvier 2021, lorsque des centaines de ses partisans prenaient d'assaut ce lieu emblématique ? C’est l’hypothèse la plus probable. Hypothèse qui expliquerait que Donald Trump se soit levé en criant “Dehors le président”, un mégaphone en mains. Accompagné d’une foule galvanisée par son énergie, il faudra quelques heures pour que son combat devienne victoire : Donald réussit ainsi à virer Donald. Le président a envahi le capitole, protesté, argumenté, et obtenu gain de cause. Il rentrera chez lui le soir-même, soulagé d’avoir réussi le test ultime pour un homme, un vrai : être plus viril que lui-même.
14 février : quand youtube célèbre la baleine des gens heureux
Le 14 février souffle sa vingtième bougie. Créée en février 2005 par trois anciens salariés de Paypal et rachetée par Google en octobre 2006 (pour la modique somme de 1,65 milliard de dollars), la plateforme connaît en cette Saint Valentin 2025, un tsunami. Une baleine a décidé de poster une vidéo. Une baleine, l’animal, ce n’est pas un pseudo. Pas bien grande, pas petite non plus, la baleine s’exprime dans un français impeccable pendant quelques minutes avec comme intitulée de sa vidéo “Ras le cul de vos conneries”. Elle s’adresse aux êtres humains. Et à leur oubli total d’un détail qui n’en est pas un : les océans. “La civilisation thermo-industrielle rend mes journées insupportables bande d’enflures. Soit vous arrêtez fissa, soit je vais réveiller les monstres dinosauriens des abysses et je leur demande de régler votre sort”. La vidéo comptera rapidement des milliards de vues. Devant Despacito et les anecdotes de Macron et McFly & Carlito. Résultat : les humains se calmeront. Comme ça. Comme un lundi. Sauf que le 14 février n’est pas un lundi. Et alors ?
23 février : toujours plus jaloux de nos voisins les Allemands
Au départ, tout le monde s’en fichait en France. Certes l’effondrement de la coalition du chancelier socio-démocrate Olaf Scholzet et son revers lors d’un vote de confiance le 16 décembre 2024 ouvrait un boulevard aux forces de droite, voire un peu plus, certes l’impact de cette élection pèserait sur nous et pourtant… personne n’en parlait à la cour de récré.
Nous sommes donc le 23 février, jour d’élections législatives anticipées. Et à la surprise générale, ce n’est ni la droite conservatrice, ni personne qui l’emporte. Mais bien Angela. Vous la connaissez. Nous la connaissons tous et toutes. Angela revient. Et Angela, c’est à la fois complètement Angela et complètement une autre. Chancelière fédérale d'Allemagne de 2005 à 2021, cette dame a eu 4 ans pour méditer. Et devenir sage. Et devenir ce personnage qu’on ne trouve que dans les films, celui qui ne dit que des choses philosophiques, intelligentes et apaisantes. Angela revient donc, gagne l’élection et décide d’instaurer en Europe “Les années sages”, années où les guerres cesseront, années où les vers de terre ne seront plus pesticidées, années où les voitures allemandes seront remplacées par des petits géraniums.
24 mars : Et bonne fin de journée à toi
Non nous ne gaspillerons pas de jus de cerveau à parler de Gérard Depardieu et au 24 mars, jour de l’ouverture de son procès reporté jusqu’alors. Sachez juste que cela s’est mal passé pour Gérard. Et qu’à l’heure qu’il est, il recopie consciencieusement sur un cahier petits carreaux des lignes de : “je dois être gentil avec mes camarades”.
13 avril : Une décroissance très décroissante à Osaka
13 avril 2025 : Jour J, Jour Japon, jour du lancement de l’Exposition universelle 2025 ouvre au Japon, dans la grande ville d’Osaka (Japon). La ville n’en est pas à son coup d’essai (c’est la troisième fois qu’elle organise cet événement) et pourtant cette fois le monde entier est ébahi devant la décision qui est prise.
Le thème de base était classique, avec des petites teintes d’ennui sur les bords : “Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain”. Et à l’intelligence artificielle, aux smart cities et autres sociétés hyper connectées ont été préférées l’intelligence artistique et les très low techs. Des stands de récup, de la musique de hippies, du kéfir à boire : pas de doute, Osaka ressemble à un événement makesense. Avec un tout petit peu plus de sous. Au départ prévue jusqu’au jusqu’au 13 octobre 2025 (pour 6 mois), l’Exposition universelle sera peu à peu transformée en Explosion universelle, puis sera prolongée en CDI par l’ensemble de la planète.
15 juin : un smic et un ballon rond
C’était annoncé partout comme la nouvelle compétition phare de foot : la toute nouvelle Coupe du monde des clubs de la FIFA est lancée en ce 15 juin 2025, et aura lieu jusqu’au 13 juillet 2024 aux États-Unis.
Entre-temps, un dirigeant de la plateforme DAZN, diffusant l’événement, serait tombé fou amoureux de Dominique Méda, la sociologue spécialiste de la question du travail, de la justice sociale, etc. Porté par son envie de la séduire, le brave homme s’est lancé dans une refonte totale d’un monde du foot aussi pourri qu’un morceau de roquefort. Et il s’est bien débrouillé. Et voilà que tous les footeux joueront désormais pour un smic. Un smic, rien de plus. Ah si, quelques tickets restaurant. Si les maillots de quelques stars sont recousus à la main, ne vous étonnez pas, ils sont devenus très débrouillards les gaillards.
Qu’en penses-tu Dominique ? Comme l’a crié partout Gianni Infantino, président de la FIFA, dirais-tu que “La nouvelle Coupe du monde des clubs de la Fifa est un tournoi inclusif (...) captivant l’imagination des joueurs et des fans du monde entier ?”
Si oui, offre lui un verre, au minimum.
4 juillet : Oasis en vue
Pas question de parler du retour de Superman prévu pour le 11 juillet. En revanche, comment passer sous silence le retour du groupe Oasis, miraculé, après des années de guerre froide entre les deux frères Noël et Liam Gallagher ?
Tout le monde a cru à un retour musical, ça l’a été. Mais personne ne pressentait que derrière “l’Oasis” se cachait une forêt de luttes. Et c’est ce qui est arrivé : “l’Oasis Live’25”, nom de la tournée est devenue une gigantesque machine de formation aux actions écologiques, par le biais de la musique.
Du Royaume-Uni à l’Amérique du Nord, en passant par l’Asie et l’Amérique du Sud, les 17 dates du groupe rabiboché réconcilient enfin la culture pop et la culture écolo, l’art à la politique, les jeunes et les vieux. Quel régal. Précisons que tous leurs déplacements se feront à dos de vaches. Forcément un peu plus lent, pour le coup. Mais on a le temps, nous sommes en 2025…
10 novembre : COP trentenaire et heureuse
Quelle meilleure place que Belém, nord du Brésil, mitoyenne à l’Amazonie pour lancer la 30ème COP ? Et que se passe-t-il donc finalement pour les 10 ans de l’accord de Paris sur le climat ?
La réponse est si belle qu’on ne préfère pas vous en parler. Enfin si un peu quand même. C’est le 10 novembre que nous dirons enfin “les choses bougent”. Que les accords passeront de la promesse à l’acte. Que les sommets s’abaisseront à venir changer nos quotidiens. Que les cravates des présidents seront recyclées pour bâillonner les derniers climato-sceptiques de ce monde.
Quelle belle année.
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