Vivre et vieillir ensemble, ces liens qui aident à traverser le temps

Vivre et vieillir ensemble, ces liens qui aident à traverser le temps

Depuis plus de 5 ans, makesense s’engage sur la question du bien vieillir. Retour sur les ingrédients d’une alchimie intergénérationnelle et ces liens qui font du bien.
14 October 2024
par Hélène Binet
6 minutes de lecture

Depuis plus de 5 ans, makesense s’engage sur la question du bien vieillir. De la mobilisation citoyenne à l’accompagnement des Ehpad, de nombreuses initiatives soutenues par la Fondation Autonomia ont pu voir le jour. Retour sur les ingrédients d’une alchimie intergénérationnelle et ces liens qui font du bien.

Manon avait 19 ans quand elle a envoyé sa première lettre à une personne âgée qu’elle ne connaissait pas. Quelques mots couchés sur le papier pour raconter sa vie et en insuffler dans les Ehpad où la solitude fait trop souvent partie du quotidien. « J’ai tellement aimé cet exercice que j’ai proposé cette activité aux jeunes scouts que j’encadrais le week-end, on a envoyé plein de lettres et autant de sourires via l’association du même nom,» témoigne la jeune femme engagée. Cette première action donne à Manon l’envie d’aller plus loin, de créer des ponts avec les anciens. Elle organise des après-midi jeux dans les maisons de retraite pour faire se rencontrer les générations. « Au début, je pensais faire du bien aux personnes âgées mais en réalité c’était bénéfique pour tout le monde. Les jeunes comme les vieux étaient friands de ces activités. » 

La rencontre, voilà l’une des réponses à l’épidémie de solitude qui touche toutes les générations de notre société. En France, 62 % des jeunes de 18-24 ans se sentent régulièrement seuls, selon une étude de l’Institut français d’opinion publique (IFOP) publiée en janvier 2024. Du côté des personnes âgées, les plus de 65 ans sont 37 % à être concernés. Pendant le covid, ces chiffres ont été décuplés. Les jeunes comme les vieux confinés dans leur chambre, qu’elle soit étudiante ou médicalisée, ont trinqué.

Pas d’âge pour le partage

C’est dans ce contexte de pandémie mondiale que makesense a créé des programmes de solidarité auxquels Manon comme des milliers de jeunes et moins jeunes ont participé : ré_action, 15 jours pour venir en aide aux personnes les plus fragilisées. Parmi celles-ci, les agriculteurs, les soignants, les sans-abri et les aînés. « La thématique du bien vieillir est née avec le confinement, se souvient Tom Van den Maegdenbergh, responsable de la mobilisation citoyenne chez makesense. On avait déjà quelques programmes sur ce sujet avec l’Assurance retraite mais tout s’est accéléré en 2020. D’un côté les associations comme la Cloche nous sollicitaient pour venir en renfort ; de l’autre, des membres de notre communauté nous pressaient pour monter un programme d’engagement sur le sujet. Il nous a fallu très peu de temps pour lancer un ré_action spécial aînés. » 

L’idée étant aussi bonne que salutaire, en quelques semaines, des centaines de bénévoles se portent volontaires pour rejoindre le programme et agir concrètement pour les personnes âgées. « Au début, il fallait répondre à l’urgence des masques, raconte Tom. Les participants ont sorti leur machine à coudre. Ils sont allés aussi voir leurs voisines et voisins âgés pour faire leurs courses et en prendre soin. Avec la protection civile, ils étaient mis à contribution pour appeler les seniors et connaître leurs besoins. Et puis, il y a eu plein d’initiatives réjouissantes comme ces chorales spontanées pour aller chanter sous les fenêtres des Ehpad et ces relations interpersonnelles qui se sont tissées. » Au total, 23 000 actions auprès des personnes âgées ont été réalisées.

D’aidant à aimant

Vincent, l’un de ces 5000 bénévoles engagés encadrés par 250 mobilisateurs et mobilisatrices makesense a gagné une amie. Il est devenu très proche de madame Ferrand, septuagénaire qui se définissait comme « au fond du trou » avant sa rencontre avec le trentenaire qui s’est mis à l’appeler régulièrement dans le cadre du programme.  « Avec Vincent, on abordait tous les sujets que ce soit les voyages, le sexe, l’immobilier même la cuisine parfois, raconte celle qui a retrouvé l’appétit de vivre. Il avait l’âge de mon fils avec qui je n’ai plus de relations mais ce n’était pas un substitut pour autant. Aujourd’hui, j'estime avoir des relations profondes avec Vincent. »

Retrouver le lien pour retrouver la vie ? « L’isolement social est au cœur de la perte d’autonomie, alerte Valérie Levacher, administratrice de la Fondation Autonomia et  directrice du pôle accompagnement VYV3. Ce type d’initiative est d’utilité publique car la perte d’interactions avec les autres a des conséquences importantes sur la santé mentale, les liens cognitifs, la santé physique. Lorsque l’on perd l’habitude de communiquer avec les autres, on perd en confiance sociale, on s’isole et on n’a plus le réflexe de demander de l’aide autour de soi. C’est un cercle vicieux qui requiert toute notre vigilance. L’isolement a des impacts significatifs sur la santé et le maintien à domicile des personnes âgées. Or 90% des personnes veulent vivre chez elles le plus longtemps possible. »

Home sweet home

Vivre mieux, vivre vieux tout en restant chez soi, c’est autour de cet enjeu que makesense a développé les programmes Bien vieillir chez soi avec Bayard et Notre Temps. « Nous avons imaginé toute une programmation autour du bien vieillir à domicile afin d'identifier et d'amener au plus près des seniors les solutions permettant d'améliorer leur vie quotidienne,» explique Lola Virolle experte du sujet chez makesense. Pour leur faire connaître les meilleures solutions pour bien vieillir chez eux, l’équipe a écrit des articles, organisé des webinaires de sensibilisation. Au sein de son incubateur qui a fêté ses 10 ans cette année, la branche entrepreneurs de makesense a également identifié plus de 500 projets dans toute la France qui innovent sur le sujet et intensifié l’accompagnement de 80 d’entre eux. « Parmi les priorités, la thématique du mieux logement (maintien à domicile, nouveaux habitats, maintien en autonomie, maintien du lien) figure en haut de notre pile, » ajoute Lola.

« Pour maintenir le plus longtemps possible les personnes à domicile, il faut prévoir dans le logement de la personne âgée tout un dispositif d’accompagnement au-delà de la toilette et de la nourriture, soit un bouquet de services pour prendre en compte la personne dans sa globalité, » rappelle Valérie Levacher. Des solutions existent comme les habitats inclusifs avec des services mutualisés, des résidences services, des plateformes de répit pour soulager les aidants et proposer des activités collectives, à l’instar des relais d’assistantes maternelles. 

Décloisonner les générations

Du côté des Ehpad, ça bouge aussi pour maintenir les résidents dans la vie. C’est l’objet de tout l’accompagnement que propose makesense avec son programme de formation-action pour ouvrir ces établissements vers l'extérieur en s'appuyant sur la prise d'initiative des soignants, les envies des résidents et des gens du quartier.

« En 5 ans, on est passé d’une envie de nos bénévoles d’agir pour les aînés à une thématique prioritaire chez makesense qui infuse toutes nos activités, se réjouit Tom. Récemment, on a développé une offre intrapreneuriale pour les Petits frères des pauvres. On porte un programme sur la fin de vie avec le Kiif, un collectif d’incubateurs et on accompagne désormais certaines villes à évaluer et redéfinir leur politique publique du bien vieillir avec la méthodologie “Ville amie des Aînées” qui prône une approche transversale et participative.»

«  Si le bénévolat dans ses formes traditionnelles a toujours été un ciment de nos sociétés, l’engagement citoyen ne cesse de se transformer et de transformer celles et ceux qui font le pas de l’engagement, se réjouit Ingrid Antier-Perrot, Déléguée Générale de la Fondation Autonomia qui soutient le programme ré_action. Cette initiative  qui mobilise les jeunes et crée du lien avec des associations en est une très belle illustration. La créativité et l’intelligence collective sont le terreau sur lequel peuvent se développer des solutions nouvelles portées par des citoyens convaincus de leur pouvoir d’agir. Cela démontre que l’engagement de proximité des plus jeunes peut contribuer à ralentir la perte d’autonomie de nos aînés.»

La bonne nouvelle, c’est qu'une fois que l’on a goûté aux liens intergénérationnels, on ne peut plus s’en passer. Les 2/3 des participants au programme ré_action confient avoir maintenu le lien avec une personne âgée l’année suivant le programme et beaucoup ont prolongé leur engagement auprès des associations partenaires. Manon, quant à elle, a habité pendant quelques mois chez sa grand-mère pour comprendre son quotidien, resserrer les liens. « On était en coloc, c’était hyper bien. Je me suis rendue compte que la vieillesse, ça faisait partie de la vie. » 


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