« On voulait quelque chose de radical pour notre marque »

« On voulait quelque chose de radical pour notre marque »

Quand on parle d’une entreprise engagée, on pense à Loom : leurs communications ont le goût de la sincérité et de la transparence. Rencontre avec la co-fondatrice, Julia Faure.
19 January 2023
par Hélène Binet
3 minutes de lecture

Quand on parle d’une entreprise qui a su imposer son style éditorial, on pense forcément à Loom. Toutes leurs communications ont le goût de la sincérité et de la transparence. Rencontre avec la co-fondatrice Julia Faure qui prend autant la plume que le micro.

« Moins mais mieux. » Lorsque Julia Faure , co-fondatrice de Loom , explique le mantra de sa marque de vêtements durables Loom, on comprend d'emblée que ce n'est pas une simple formule marketing. Ces trois mots résument la philosophie du projet qui s'applique aussi bien en interne qu'en externe et font réfléchir sur le sens de l'impact.

« Quand j'ai rejoint Loom en 2016, la jeune marque appartenait encore à My Little Paris. Avec Guillaume Declair, on était des intrapreneurs, on testait plein de choses, on faisait plein d'erreurs, on avait un salaire tous les mois, c'était vraiment confortable. Mais quand My Little Paris a été rachetée par TF1, on a eu envie de récupérer le projet et de lui donner notre couleur et notre sensibilité.

Avec Guillaume, on a commencé par prendre le temps de lister ce dont on ne voulait pas pour notre entreprise : le mal-être au travail, la pression des actionnaires, la course à la croissance. On a imaginé ce que devait être notre marque et notre vie au sein d'une entreprise, on voulait quelque chose de radical, on est arrivés à 'moins mais mieux'. C'est un truc auquel on croit vraiment, ça a structuré notre pensée, la façon dont on allait se développer. Moins de fringues, moins de travail, moins de pression. »

Pour faire vivre cette idée, le duo s'attaque d'abord au nerf de la guerre : les financements. « Quand tu as des stocks, il te faut de la trésorerie et les banques ne prêtent pas pour ce genre de choses. » Alors que Loom est incubé à Station F, Julia et Guillaume publient sur leur blog un long papier sur le thème « pourquoi nous ne serons jamais une start-up ». Un genre de pavé dans la mare.

« En levant des fonds auprès de fonds d'investissements classiques, une startup ne peut pas rester une entreprise indépendante, elle doit grossir le plus vite possible pour se revendre le plus cher possible. C'est la course à la croissance. » Julia et Guillaume expérimentent alors l'investissement de particuliers via la récente plateforme Lita.co. « On a levé 700.000 euros en 48 heures auprès de notre communauté et d'amis. Les gens avaient envie de soutenir notre marque éthique même si on leur promettait moins de rentabilité qu'ailleurs. »

Le site internet de Loom : https://www.loom.fr

La suite de Loom s'écrira sur les mêmes principes du « moins mais mieux ». Les salariés sont invités à gagner du temps pour travailler moins, Guillaume part quasiment tous les jours à 17 h 30 pour aller chercher sa fille à l'école et les salaires maximaux sont capés. « Ils ne peuvent pas excéder cinq fois le SMIC portugais, le principal pays dans lequel on produit nos vêtements. Par ailleurs, les bonus sont objectivés en fonction de la note des clients parce que c'est ce qui fait notre différence. » Mais parce qu'une goutte de Loom dans un océan de H&M ne changera pas vraiment la donne, l'équipe se bat pour que le « moins mais mieux » s'applique à l'ensemble du secteur de la mode.

« Notre objectif c'est de caper la croissance de l'industrie textile, c'est pourquoi, avec d'autres entreprises du secteur, nous avons monté la coalition 'En mode climat' qui demande à l'Etat de réguler l'industrie textile. C'est ce qui aura le plus d'impact. Parce qu'aujourd'hui, plus l'industrie est dégueulasse, plus ça fait grimper notre marque, par contraste… mais ça ne change rien au système. »


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